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19 septembre 2008 5 19 /09 /septembre /2008 00:06


Le concept vin de PDG a été lancé par Lavinia en juin dernier en accueillant
26 chefs d'entreprise propriétaires de vignobles qui ont présentés leurs vins dans le magasin du 3 Bd de la Madeleine à Paris. « Posséder un grand vin est un symbole de réussite », déclare Laurent Dassault, le petit-fils de Marcel Dassault et actuel gérant du château familial à Saint-Emilion. Rien de très nouveau, de tout temps on a vu des « gens qui ont réussi dans les affaires », comme on disait autrefois, s’offrir une propriété et plus particulièrement un  château à Bordeaux, mais au cours des dernières années la population des hommes d’affaires ou des capitaines d’industrie (appellations qui se déclinent aussi au féminin) investissant dans le vin s’est beaucoup diversifiée et le concept de vin de PDG recouvre des situations et des approches très éloignées les unes des autres car, comme le souligne Catherine Péré-Vergé, la fille de Jacques Durand, le fondateur d'Arc International (ex-Cristallerie d'Arques) : « Il faut faire une différence entre les investisseurs et ceux qui s'investissent »

Même si la frontière entre l’intérêt et la passion est toujours difficile à tracer, les sentiments humains sont ambivalents, il est possible de poser des gradients entre la stratégie d’image d’un Bernard Arnault ou d’un François Pinault, l’expression symbolique de la réussite des frères Bouygues ou d’un Laurent Dassault, le placement des institutionnels plus traditionnel comme celui de Claude Bébéar au travers d’Axa-millésime, de la GMF ou de CA Grands crus, l’affaire de famille comme  celles de Jean-Claude Béton, le créateur d'Orangina, où Françoise sa fille vient de prendre personnellement les rênes du Château Grand Ormeau, acheté par son père en 1988 à Lalande Pomerol. Chez les Bich, c'est aussi la fille, Pauline, et son mari Philippe Chandon-Moët qui gèrent aujourd'hui à temps plein le château de Ferrand (un Saint-Emilion grand cru) acheté en 1978 par le baron Bich, fondateur de la célèbre marque de stylos à bille et enfin, pour paraphraser madame Péré-Vergé, la passion des investis : elle-même avec le Château Montviel à Pomerol acheté en 1986, le Château La Gravière à Lalande-de-Pomerol, le Château Le Gay (acquis en 2002) ; le Château La Violette (septembre 2006), et aussi les vignobles argentins de Lindaflor et du Clos de Los Siete avec des familles propriétaires dans le vignoble bordelais, Renaud Momméja, héritier de la famille Hermès , gère le château Fourcas-Hosten (cru bourgeois supérieur de Listrac) qu'il a racheté avec son frère Laurent, les Cathiard (Go Sport) au Château Smith-Haut-Lafitte (Pessac-Léognan), Gérard Perse (hypermarchés Continent et Champion) en 1993 achat du Château Monbousquet (grand cru classé de Saint-Emilion depuis 2006)  puis acquisitions des châteaux de Pavie Decesse et de Pavie à Saint-Emilion en 1997 et 1998, Michel Reybier (Jambon d'Aoste et Justin Bridou) Château Cos d'Estournel (St Estèphe) et récemment Château Montelena dans la Nappa Valley, Olivier Decelle, (Picard Surgelés) Mas Amiel à Maury et Château Jean-Faure à Saint-Émilion, Jean-François Quenin (Darty) à château de Pressac, Alain-Dominique Perrin (Château Lagrézette à Cahors)…

Rassurez-vous je ne vais ni dresser une liste exhaustive, ni évaluer le degré d’investissement personnel de tous ces investis dans leur vignoble mais, au passage, je tiens à saluer tous ceux, pas forcément très fortunés, qui ne sont pas des noms connus, qui s’endettent parfois, qui se retroussent les manches pour redonner de la notoriété à des domaines ou des châteaux moins prestigieux, parfois dans des régions de moindre notoriété. Comme le disait mon grand-père « il faut de tout pour faire un monde », l’important c’est l’émulation, les challenges qui tirent vers le haut, vers l’excellence et de toute façon mon propos n’est pas ici de décerner des brevets de « vignerons passionnés » aux uns ou aux unes ou aux autres. Je veux simplement profiter de l’occasion pour lancer un petit pavé dans la mare : en dehors des vins prestigieux et des châteaux ou domaines qui vont avec pourquoi diable le vin intéresse si peu les investisseurs de tout poil ? Oui je sais, rentabilité faible, les contraintes administratives, le coût du travail en notre beau pays, la balkanisation de la propriété, la multiplicité des organisations professionnelles et tout le saint frusquin qui fait qu’il vaut mieux aller investir au Chili, en Argentine, en Afrique du Sud que dans notre Languedoc.  Cette question qui dérange je la pose à ceux qui font de belles déclarations sur la nécessité de regrouper l’offre pour peser sur le marché mondial et qui ne semblent pas avoir compris que pour ce faire l’offre regroupée devra convaincre les grands investisseurs de s’intéresser à elle pour la piloter et la distribuer. Parmi ceux qui sont en capacité de peser sur le marché mondial du vin je me permets de citer le groupe Pernod-Ricard. Pourquoi ne pas se mettre en capacité de l’intéresser à une part de notre production conduite selon des normes et un process dit industriel ? Alors, le chantier est ouvert, concret, loin des batailles stériles d’appareil, des visions administratives du marché, pourquoi diable se priver de l’investir sauf à croire que, selon une longue tradition de politique de l’autruche, de je passe la patate chaude au voisin, de je temporise, de je n’aborde pas les sujets qui fâchent mes ouailles, de je laisse passer 2010, de tous les prétextes possibles et imaginables, nous allons galvauder les atouts d’une grande région viticole. C’est inexcusable ! Agir plutôt que réagir : face à la nouvelle donne de l’OCM vin soit nous en tirons les conséquences pour générer de vrais locomotives, soit nous subirons de plein fouet les conséquences de la mondialisation.

Les gens de Gallo font pour le marché américain Red Bicycle avec un vin de pays d’Oc que leur fournit Sieur d’Arques alors est-ce livrer le vignoble d’Oc au CAC 40 que d’oser envisager qu’un jour prochain Pernod-Ricard puisse faire élaborer un vin pour une marque qu’il commercialiserait en Chine ? Quel beau vin de PDG ça ferait vous ne trouvez pas !

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commentaires

M
Totalement OK avec Ramuntcho sur Castel : ne vient-il pas de racheter encore quelques uns des châteaux secondaires de Bernard Magrez qui souhaite se concentrer sur de grands crus ?<br /> On ne peut demander à ces "capitaines d'industrie" de ne pas prendre en compte la rentabilité de leurs capitaux par rapport à d'autres placements qu'ils pourraient faire.<br /> Et, point plus important, à tort ou à raison, ils ont le sentiment profond que la France d'aujourd'hui ne soutient aucunement ce secteur économique : la vigne. C'est une erreur à plusieurs points de vue : nous le savons. Environnement, soutien d'activités économiques dans de petites communautés, défense d'une culture et d'une histoire séculaires, et certainement bien d'autres aspects.<br /> Quand on lit le blog de Bizeul, on se rend compte à quel point il faut avoir la foi, l'abnégation, la passion pour dépasser toutes les mesquineries administratives qui sont fondamentalement des freins inutiles à plus d'élan. <br /> Il n'est pas certain qu'aujourd'hui, avec tous les investissements qu'il a fait, il puisse espérer, s'il vendait son domaine, d'en tirer un revenu net qui serait supérieur s'il s'était contenté de placements classiques. Grosso modo, même s'il se crée un petit capital, avant tout, il entretient quelques banques, non ?<br /> Chacun devine, Michel Smith, qu'un placement en Provence a bien plus de chances de dégager une plus-value, ne serait-ce que foncière, en cas de revente.<br /> Est-ce le cas du château Lagrezette ? j'en doute. <br /> Certes, on peut demander à unriche de dépenser, d'investir sans attendre de retour : a priori, que je sache, personne n'emporte avec lui, de l'autre côté, ses actifs… et ils en ont largement assez.<br /> Mais, quelque part, ces créateurs de biens qui ne se soucient guère de la rentabilité se comptent sur les doigts des deux mains. C'est un fait qu'il ne faut pas oublier.<br /> Par contre, que tous ces PDG usent et abusent de leur carnet d'adresses, de leur influence dans les cercles parisiens pour tenter d'inverser la néfaste tendance du moment, là oui : développons ensemble un véritable lobby positif du vin qui puisse contrer intelligemment ces lobbies actuels qui contiennent une dose de fanatisme assez singulière.
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R
Mauvais exemple que celui de Castel.<br /> ls sont un des plus gros proprietaires de vignoble en France avec de nombreuses proprietes en bordelais, val de loire et provence. Certes ils n'investissent pas dans les crus les plus renommés, mais ce sont de vrais producteurs, et leurs investissements dans le vignoble n'ont jamais été dans le but d'une reconnaissance...<br /> Quant à Ricard, ils ont déja affirmé à maintes reprises qu'ils n'investiraient plus dans la production en France. Qui peut affirmer que sur les plan industriel, économiques et sociaux ils ont tort?<br /> Enfin quant au Languedoc, région ô combien merveilleuse pour ses paysages, son climat, ses grands terroirs viticoles oubliés, elle est la grande oubliée de la mutation viticole que nous connaissons depuis 15 ans.
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M
Navré d'occuper de nouveau l'espace, mais je reçois ceci de Michel Chapoutier (voir plus bas). J'aimerai bien savoir ce que Jacques Berthomeau en pense. Je trouve pour ma part que ce n'est pas très correct de quitter le navire alors qu'il ne coule pas encore...<br /> <br /> Objet : TR: Action nationale pour soutenir la communication sur le vin<br /> <br /> Communication sur nos achats de vignes et la politique extrêmement anti-viticole de nos gouvernants en direction de l’équipe chapoutier et copie aux amis pour information<br /> <br /> Vu la politique anti vin de nos gouvernants (avec exemple de la pub sur internet) nous décidons de réorienter une partie importante de nos futurs investissements français vers l’étranger. C’est ainsi que nous stoppons notre recherche beaujolais pour orienter nos capitaux vers le Portugal, comme certaines volontés d’investissements ds le Languedoc Roussillon seront réorientées vers l’Australie et la Californie<br /> .<br /> Nos gouvernants montrent une attitude de censeur que l’on trouve que ds des pays autoritaires ou dictatures comme l’Iran, l’Arabie Saoudite, etc…<br /> Il est important que toutes les personnes de l’équipe Chapoutier se sentent concernées par ces dérives extrêmes et liberticides de ces nouvelles lois anti-vins.<br /> J’espère de tout le monde une implication dynamique pour faire connaître autour de nous l’attitude antiéconomique, provocante et partiale contre l’économie viticole française de nos gouvernants.<br /> <br /> Viniquement votre<br /> <br /> Michel Chapoutier<br /> P.D.G.<br /> Maison M. Chapoutier<br /> 18 Avenue du Docteur Paul Durand<br /> 26600 Tain l'Hermitage<br /> michel.chapoutier@chapoutier.com<br /> http://www.chapoutier.com
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C
On dit, sous le manteau, que les demandes d'arrachages pour le LR sont de 13 000 ha pour 2009. Si l'on ajoute à cela les emprises diverses de l'urbanisation dans la région,routes et rond points, LGV et ligne vers l'Espagne, doublement autoroute A9, expension des villes et villages, que restera-t-il du vignoble Sud de France ? Il y avait 430000 ha. de vigne en 1960, il en restait 280 000 ha. en 2005, nous serons sans doute à 200 000 ha. en 2010. Peut être que cette rareté future attirera les investisseurs par la valorisation des produits, dans une ambiance professionnelle entièrement renouvelée. Espérons!!!! Jean Clavel
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M
Quel sujet passionnant. Et ô combien brûlant. Pernod Ricard a préféré investir en masse en Australie où il est peut-être le plus gros producteur (il n'y a pas d'autre mot) d'Asie. Castel fait plus de fric avec son eau minérale et préfère exploiter (pas d'autre verbe non plus) au Maroc, en Tunisie, en Chine et je ne sais plus où ailleurs. Et comme le constate Jacques Berthomeau, les exemples ne manquent pas. Hélas, comme le souligne Jacques, hormis un gros investisseur du métier (Michel Laroche) implanté depuis longtemps au large de Béziers dans une winery à la californienne, en dehors de deux ou trois autres exemples bizarrement assez discrets, comme si le Languedoc était pestiféré, les exemples de grosses entreprises qui acceptent de prendre un pari sur l'avenir dans ce beau Midi ne sont pas légion. Et ce malgré les coûteuses campagnes de la région Languedoc Roussillon destinées à rassembler à l'export sous une même bannière "South of France" les vins de Nîmes à Perpignan aux identités multiples. Il est indéniable que nos fortunes s'intéressent beaucoup plus pour les châteaux Bordelais et les fermes viticoles du Chili ou d'Argentine, mais il faut aussi rappeler qu'ils s'amourachent aussi facilement des bastides, mas ou autres châteaux crus classés ou non de Provence. C'est bien connu, les riches sont attirés par les riches et la proximité de St Tropez ou de Cannes ajoute une sorte de plus value au vignoble où les rosés dépassent allègrement les 10 € le flacon pour mieux flirter avec la barre des 20 €. Enfin, une remarque toute personnelle : le plus plus impliqué des capitaines d'industrie souvent retraités actifs cités par Jacques me semble être Olivier Decelle. Lui, au moins, a démarré en s'installant dans le trou du c.. de la France (Maury) avant d'aller s'offrir des domaines de taille humaine à Fronsac, St Émilion et dans le Médoc. Ses vins sont à son image : francs, sincères, droits, vibrants et enthousiastes. La plupart du temps on les trouve à des prix très raisonnables.
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