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16 mai 2008 5 16 /05 /mai /2008 00:04

 

Est-ce mon passé de précoce buveur de la limonade du père Morisset de la Mothe-Achard - l'équivalent au physique du célèbre Nectar dessiné par Dransy pour Nicolas - les bulles m'ont toujours fasciné. Tout d'abord, le rituel de l'ouverture du flacon : nul besoin de tire-bouchon, sous le muselet le bouchon-champignon coiffé de sa capsule métallique, fardée ou non, attend sa libération. Selon l'humeur du moment celle-ci peut se jouer sur le mode discret : un simple pfutt ou se laisser-aller à claquer comme un chassepot ou encore, au comble de l'excitation, se sabrer à la méthode boyard. Ensuite, comme toujours dans notre beau pays, avant que la mousse ne s'épande, le choix du receptacle fait polémique : coupe ou flûte ? La coupe a le privilège de l'ancienneté mais la flûte a, dit-on, la préférence des connaisseurs. Pour ne pas me mouiller je me contenterai de citer Barbey d'Aurevilly : "Et il leva son verre de champagne, qui n'était pas la coupe bête et païenne par laquelle on l'a remplacé, mais le verre élancé et svelte, qui est le vrai verre de champagne - celui-là qu'on appelle une flûte, peut-être à cause des célestes mélodies qu'il nous verse souvent au coeur !" Comme vous l'avez sans doute immédiatement remarqué, pour ce cher dandy catholique, la bulle c'est le champagne ; toute autre bulle est roturière dans notre doulce France où les rois allaient en la cathédrale de Reims se faire sacrer.

 

Et pourtant ce matin, par pur esprit de contradiction, mon chemin m'amène chez un gars de la marine, pardon des Causses Marines, un drôle d'oiseau qui fait aussi des bulles du côté de Gaillac. Comme il a langue bien pendue je lui laisse la soin de se présenter : "Certaines mauvaises langues l’appellent domaine de Grosses Narines. D’autres prétendent que le nom viendrait de sa fille Marine. Que nenni ! Causse Marines fut baptisé ainsi lors de son rachat, en 1993, eut égard au nom du ruisseau, Marines, délimitant le bas de la propriété. L’ensemble du vignoble s’étendant sur un Causse calcaire fort maigre, l’ambiguïté du nom était toute trouvée.
Le Lescarret ne but que du Bordeaux jusqu’à l’âge de 16 ans. Ça n’aide pas. Et quand on sait que peu après, il passa par l’Institut d’oenologie de Bordeaux, on comprendra les préjugés et le manque d’objectivité du garçon. Heureusement, un accident salvateur le frappa d’amnésie. D’abord salarié comme brandouilleur de burette à Sancerre et ensuite régisseur en Provence, il fit naïvement ses classes avant de se jeter à l’eau inconsciemment en 1993 à Gaillac Au départ sur 8 ha, aujourd’hui sur 15, nous nous efforçons de mettre à l’honneur les cépages autochtones ancestralement cultivés sur la région. Les décrets d’appellation miteux et poussiéreux (tentant d’éviter le pire, mais assurément empêchant le meilleur) ont eu raison de notre pugnacité. La plupart des vins produits aujourd’hui par le domaine sont élevés au rang de vin de table."

 

  Ses bulles à lui le Lescarret se dénomment Préambulles, belle bouteille au beau cul, étiquette mauderne viaulette, c'est djeun avec de la gueule quoi ! Faut le servir très frappé le Préambulles car il est d'une nature éruptive le bougre : un petit côté geyser. La bête est en effet nature, pas dégorgée, elle pète le fruit : un nez de pomme surprenant. Le jour où j'ai laché le muselet de la première bouteille devant un jeune public ce fut la cataracte assurée, le tapis et la table basse furent aspergés mais par la suite nos palais et nos gôsiers furent enchantés. Good, très good, le Préambulles. Bien sûr, évitez de le servir le jour de la venue de votre belle-mère où lors du dîner chic où vous avez convié votre patron, car c'est vraiment un mauvais garçon, pas gêné pour deux sous, et même si le Lescarret affirme "qu'on on peut faire bio "sans avoir le cheveu long et fumer la moquette" ; on peut faire des vins natures qui ne sentent pas le pet de vache" son Préambulles à un petit fond de soixante-huitard, il est le fils naturel de Dany le Rouge et de Joan Baëz. À boire en ce temps de haute commémoration sans aucune espèce de modération rien que pour faire un bras d'honneur aux nouveaux censeurs...

Pour le reste allez sur www.causse-marine.com

Francis Boulard est un sage. J'ai du respect et une grande affection pour les sages lorsque leur sagesse ébranle les idées reçues sans emboucher les trompettes de la renommée chères aux grands gourous qui encombrent les pages des magazines spécialisés. Discret et chaleureux, tranquille, Francis Boulard, dès notre première rencontre à Montreuil, m'a captivé. Pour faire simple, et sans vouloir le compromettre avec un affreux Jojo comme moi, il n'a pas eu besoin de traducteur pour comprendre Cap 2010. On ne réforme pas les sociétés par décret et ce n'est pas en stigmatisant les pratiques des autres que l'on fait avancer ses idées mais en les appliquant au quotidien tout simplement. 

Francis  Boulard c'est le champagne Raymond Boulard situé au coeur du vignoble, entre Reims et Epernay ; c'est une exploitation familiale de 10 ha 25 cultivé par les 2 frères Boulard et les 2 fils de Raymond ; c'est 7 Crus et 1 Grand Cru répartis sur 8 villages; c'est un savoir-faire qui s'appuie sur l'expérience de 5 générations ; c'est la mosaïque et la diversité des 21 terroirs : la vallée de la Marne et ses sols argilo-calcaires et silex, la Vallée de la Vesle et ses sols silico-calcaires, la Montagne de Reims et ses sols calcaires ; c'est les 3 cépages traditionnels cultivés à flanc de coteaux ; ce sont des méthodes culturales respectueuses de l'environnement et c'est depuis janvier 2001, sur 1 ha 20 en 2004 une conversion non certfiée du vignoble en bio-dynamie ; ce sont des vins élaborés en cuves de petits volumes, barriques et fûts de chêne qui permettent des assemblages respectant la diversité d'expression des différents terroirs ; c'est un champagne au plus près de la nature et des spécificités de l'année de sa production.

 

La cuvée dégustée : Les Rachais est un Blanc de Blancs Extra-Brut, Chardonnay des vendanges 2002 issu des raisins de la partie du vignoble cultivé en bio-dynamie. Pour moi ce champagne est, dans sa structure et son élégance dépouillée, le fils naturel d'une toile de Nicolas de Staël, il allie le trait pur, sous tension, la finesse, à l'allure de  ces hommes qui traversent leur époque avec hauteur et détachement. Je sais que certains vont me reprocher cette métaphore mais qui puis-je, bien plus que le vocabulaire coutumier de la dégustation, elle traduit la même émotion que celle ressentie face aux compositions du grand Nicolas peintes dans les années 50 dans son atelier de Montparnasse aux hauts murs blancs illuminés par une verrière verticale comme suspendue dans le vif argent du ciel. Dans son flacon de belle facture, cette superbe cuvée est de celle que l'on réserve à des moments dont on veut souligner l'intensité et la rareté. Pour moi, les Rachais sont la touche invisible, le raffinement extrême, la note des hommes élégants qui plaisent aux femmes éternelles : l'Ingrid Bergmann de Casablanca, l'Audrey Hepburn de Vacances Romaines, la Catherine Deneuve de Belle de Jour, la Eva Marie-Saint de Mort aux trousses, l'Alida Valli de Senso, la Carole Bouquet de Trop belle pour moi...Pour plus de précisions allez sur www.champagne-boulard.com



 

 

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