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7 février 2006 2 07 /02 /février /2006 11:03

Il est bien loin le temps du petit vin blanc gaillard des guinguettes de Charonne, ce n'est qu'une page de l'histoire du vin que certains semblent oublier car elle ne cadre pas avec leur vision exclusivement vigneronne du produit. L'occasion fait aussi le vin, la demande n'a pas être jugée à l'aune de quelconques tables de la loi, elle émerge, elle surprend, et ceux qui la sentent, l'amplifient en proposant à ces êtres bizarres que sont les consommateurs un produit qui va avec leurs envies, leurs manières d'être, n'ont pas à être stigmatisés comme étant des barbares qui ne comprennent rien à notre haute civilisation du vin...

Les esthètes de la perfide Albion apprécient toujours et restent de fidèles consommateurs de nos vins de tradition qui vont bien au-delà de nos châteaux prestigieux, de nos grandes appellations, des vins de vignerons artisans. Les fameuses niches dont on se gargarise sont des lieux de rencontre entre un vin et son consommateur mais de grâce cessons de faire croire aux vignerons dans la difficulté que c'est l'unique voie à emprunter pour sortir de la crise.

Le fait nouveau, celui qui effarre nos "bassineurs patentés" de la défense de l'exception française, c'est que nous n'avons pas su ou pu avec nos vins "ni, ni ", ni terroir, ni identité,  défricher le terrain des nouveaux consommateurs, les ex-buveurs et buveuses de bière des pub de Londres, Birmingam ou Newcastle, les Chardonnay girls, des héritières de nos guinguettes que nous avons ignorées avec la suffisance des parisiens vis à vis des péquenots qui viennent au Salon de l'Agriculture, parlent fort dans le métro et vont au restaurant à 20 heures pétantes...

Pour ceux qui ont pris la peine de lire "Cap 2010" la trilogie d'une ressource vin : Aoc respectant leurs fondamentaux, vins provenant d'une région déterminée aux règles plus souples, plus adaptables et enfin vins assemblés dans un espace de liberté, en phase avec la demande des néo-consommateurs des marchés en développement, fondés sur une gestion transparente de la mixité, tant au niveau de l'exploitation que du bassin de production, ancrés dans nos vignobles par un partenariat d'entreprise négocié, gagnant-gagnant, où chaque partie fait son métier : faire le vin pour les uns, le marketer et le vendre pour les autres(on peut faire les 2 à condition de faire les arbitrages internes sur la valeur à répartir entre le producteur et le produit). Les Champenois ont su le faire, sans verser dans le modèle à suivre, pourrions-nous un instant nous arrêter de prendre nos désirs pour la réalité et avec notre génie propre construire ce nouvel espace où nous pourrions reprendre la conquête...

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commentaires

B
trés sexy la chardonnay girl ... mais pour la satisfaire il faut non seulement penser au look .(ce que nous savons parfois faire ) mais ensuite trouver ou élaborer les vins de cet univers et c'est là que ça se complique.<br /> Entre les pratiques oenologiques à revoir (les avancées réglementaires  récentes mais pas encore sufisantes pour adapter nos raisins aux gouts des "girls") et les gardiens de musée qui ne veulent pas changer leurs  habitudes ni  date de récolte ni  vinification ni conservation ni labélisation ... il y a de gros efforts à réaliser .<br /> ne révons pas aux seules vertues du marketing ( bonnes vielles recettes mathématiques et financiéres) la grosse remise à plat du systéme c'est d'accepter que nous avons trop de vins non adaptés aux marchés mondiaux et pas assez parfait techniquement.<br /> ON VEUT EXPORTER , BIEN , mais tout se pognon qui part en fumée dans des projets fumeux serait bien plus efficace pour précher une formation oenologique moderne.<br /> car il va falloir beaucoup de formation pour diffuser la bonne parole d'une oenologie française de pointe (qui existe) qui se vend mieux à l'étranger que sur notre territoire .<br /> Les élites des french wine makers  préférent travailler là où on les écoute...les jeunes oenologues sont formatés pour garder les musés . vivant tout celà à grande échelle et au quotidien mon expertise vous le dit l'URGENCE EST LA plus que dans la maitrise du "mystére" du vin.<br /> Il faut arréter de dire que nous avons un vignoble d'une capacité de 60 millions d'hl pour élaborer uniquement des vins de niche .<br />  
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D
J'adoooore les débats via blog ! <br /> Je vous accorde, cher Jacques, qu'il faut faire attention aux mots que nous employions. Les termes éducation et culture sont toujours lourds de sens. Cependant je maintiens que les Australiens ont créé un marché en UK en amenant les consommateurs à, dans un premier temps, boire du vin et ensuite boire du vin "at any occasion". Alors éducation, évangélisation ou tout simple adhésion à un modèle... <br /> Et je maintiens que le vin est un produit culturel (dans le sens "ensemble de convictions partagées, de manière de voir, de faire" (type culture laïque pour rebondir sur un autre débat) . <br /> Quand à Britney Spear, piercing et ipod ce sont des images, des clichés qui ne se veulent pas exhaustifs mais démonstratifs d'une homogénéisation (globalisation) de certains modèles (y compris ceux de Bachelor et des Premix)... alors pourquoi pas le vin... en France.<br /> Pour conclure : Chardonnay girl est un segment représentant en 2004, 5% des conso anglais, composé de 68% de filles ayant entre 18 et 24 ans...<br /> Or dans nos provinces, et j'en connais certaines, ces demoiselles s'adonnent à la 16...<br /> Voilà sur ce, bonne journée à tous !
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O
C'est en effet bien français de croire que la cousine française de la Chardonnay Girl est une fan de Britney Spear, et qu'il suffit de l'éduquer à notre culture vin.Comme vous le précisez justement Monsieur Berhtomeau, il y a dans le monde des néo consommateurs c'est à dire des nouveaux consommateurs de vin, c'est tout.Ils veulent un plaisir immédiat, du fruit et une expression du cépage qu'ils peuvent aisément reconnaitre.On les appelle alors Chardonnay Girl et Merlot Man.
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D
et d'ajouter, cher Jacques, qu'il serait naïf... et suicidaire de penser que le phénomène des Chardonnays girls ne saurait traverser la Manche, tel naguère le nuage de Tchernobyl s'arrêtant à nos frontières de la ligne Maginot. <br /> Les néo-consommateurs (trices) existent potentiellement en France. Les Chardonnays girl ont leurs cousines dans nos villes. Elles écoutent aussi Britney Spear sur leur Ipod en secouant nonchalament leur visage poupin et piercé. Les nôtres boivent de la "16" mais elles pourraient tout aussi s'adonner aux joies bachiques. Question d'éducation et de culture ! <br /> On ne le répètera jamais assez le vin est un produit CULTUREL au même titre que la musique, le cinéma ou les voyages !<br /> Alors messieurs les producteurs/négociants Français on les éduque ces ptits jeunes ou on attend que les australiens ou autres chiliens le fassent à notre place ! <br /> Chiche... comme dirait Jacques !<br />  
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J
C'est ce que j'appelle l'effet retard de notre beau pays : nous importons des modèles que nous aurions pu générer mais attention au côté joie bacchique il n'est guère séduisant pour nos lolita ipodistes taille basse, ongles américains, émotion en bandoulière, elles ne boivent pas de la 16 mais du light ou du hard, ce sont des petits coeurs qui aiment le rose et les clônes de la Star Ac... Attention à l'abus du mot culture pour un petit monde acculturé, soyons fun, ne parlons pas d'éducation mais de plaisir soft avec bachelor incorporé : les bulles... les copines... et pourquoi pas une fraise dedans pour faire joli...  
S
Bonjour Monsieur Berhtomeau, Nouvelle abonnée et déjà lectrice assidue de vos articles tant savoureux que sérieux, je ne résiste pas à vous adresser ce petit commentaire. J'ai noté aujourd'hui des mots magiques, tels que :liberté, génie et conquête ! Mais c'est à "la transparente mixité" qu'ira ma préférence parce que j'y distingue déjà l'impact bénéfique d'une alliance intelligente entre professionnels prêts à conjuguer leurs expériences, intérêts et compétences pour sortir de l'ornière (oui, d'accord, je suis un peu rêveuse, mais j'aime aussi les expressions "pourquoi pas ?" et "impossible n'est pas français !"). A mes yeux, cette "transparente mixité" permettra à nos vins blanc, rouge et rosé de trouver leur espace et de porter haut et loin les couleurs de la FRANCE ! J'écris bien "nos" vins car nous, les consommateurs français, mais aussi de toutes nationalités, sommes aussi des ambassadeurs. Faire partager nos coups de coeur, quel plaisir ! "Plaisir", un autre petit mot magique ! Cordialement.
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