Il est bien loin le temps du petit vin blanc gaillard des guinguettes de Charonne, ce n'est qu'une page de l'histoire du vin que certains semblent oublier car elle ne cadre pas avec leur vision exclusivement vigneronne du produit. L'occasion fait aussi le vin, la demande n'a pas être jugée à l'aune de quelconques tables de la loi, elle émerge, elle surprend, et ceux qui la sentent, l'amplifient en proposant à ces êtres bizarres que sont les consommateurs un produit qui va avec leurs envies, leurs manières d'être, n'ont pas à être stigmatisés comme étant des barbares qui ne comprennent rien à notre haute civilisation du vin...
Les esthètes de la perfide Albion apprécient toujours et restent de fidèles consommateurs de nos vins de tradition qui vont bien au-delà de nos châteaux prestigieux, de nos grandes appellations, des vins de vignerons artisans. Les fameuses niches dont on se gargarise sont des lieux de rencontre entre un vin et son consommateur mais de grâce cessons de faire croire aux vignerons dans la difficulté que c'est l'unique voie à emprunter pour sortir de la crise.
Le fait nouveau, celui qui effarre nos "bassineurs patentés" de la défense de l'exception française, c'est que nous n'avons pas su ou pu avec nos vins "ni, ni ", ni terroir, ni identité, défricher le terrain des nouveaux consommateurs, les ex-buveurs et buveuses de bière des pub de Londres, Birmingam ou Newcastle, les Chardonnay girls, des héritières de nos guinguettes que nous avons ignorées avec la suffisance des parisiens vis à vis des péquenots qui viennent au Salon de l'Agriculture, parlent fort dans le métro et vont au restaurant à 20 heures pétantes...
Pour ceux qui ont pris la peine de lire "Cap 2010" la trilogie d'une ressource vin : Aoc respectant leurs fondamentaux, vins provenant d'une région déterminée aux règles plus souples, plus adaptables et enfin vins assemblés dans un espace de liberté, en phase avec la demande des néo-consommateurs des marchés en développement, fondés sur une gestion transparente de la mixité, tant au niveau de l'exploitation que du bassin de production, ancrés dans nos vignobles par un partenariat d'entreprise négocié, gagnant-gagnant, où chaque partie fait son métier : faire le vin pour les uns, le marketer et le vendre pour les autres(on peut faire les 2 à condition de faire les arbitrages internes sur la valeur à répartir entre le producteur et le produit). Les Champenois ont su le faire, sans verser dans le modèle à suivre, pourrions-nous un instant nous arrêter de prendre nos désirs pour la réalité et avec notre génie propre construire ce nouvel espace où nous pourrions reprendre la conquête...