Comme vous le savez, je n’édite aucun guide avec des étoiles, des notes et des bonnets d’âne ; j’avoue sans fausse honte mon total amateurisme dans le domaine de la dégustation car, comme je l’ai déjà écrit, je suis un adepte de la diagonale du ouf. "Entre le vin et moi, rien de rationnel, comme pour ce qu'on dénomme amour entre adultes consentants c'est d'abord le corps, dans toutes ses composantes, qui exulte. Nul besoin de mots, même si bien sûr ils sont aussi de la fête, j'aime ou je n'aime pas. C'est la sublime simplicité de l'amour. Tous les jours, à n'importe quelle heure du jour et de la nuit, où que ce soit, je suis toujours prêt à tomber amoureux. Dire pour autant qu'elle soit belle, que je la classifie, l'épingle sûr un tableau de chasse, la compare en une verticale ou une horizontale, relèverait d'une forme vulgarité à laquelle je ne succombe pas. Seul compte l'échappée belle, la diagonale du ouf, où l'avant est toujours sublime, l'instant parfois céleste, l'après souvent dissous dans le flou des souvenirs. Qu'importe ! C'est l'insoutenable légèreté de l'être insoucieuse des docteurs de la loi, des pharisiens, des juges aux élégances ou autres docteurs ès-bouches cul-de-poulizées. Le plaisir, rien que le plaisir, et le plaisir si l'on se laisse aller dans le toboggan de la diagonale du ouf on peut le trouver partout. "
Alors, loin des chapelles de toutes obédiences, des modes du retour des bons produits d’autrefois, des petites polémiques sur les bio-cons ou les pétitions bio-chics de la Confpé contre le massacre à la tronçonneuse des vins de terroir, moi j’aime trainer mes grolles dans les salons dit Bio : Marjolaine au parc floral de Vincennes, où j’ai mangé au soleil des brochettes d’agneau sublissimes, grillées par une matrone limousine (l’éleveuse des moutons), avec des frites coupées gros (les services sanitaires n’auraient pas apprécié le côté bonne franquette, mais putain que c’était bon), où j’ai acheté de la Verveine et du Tilleul odoriférants, un Comté de 2 ans d’affinage d’un fruité extraordinaire, où j’ai bu un belle bière au chanvre, et bien sûr goûté et acheté des vins issus de l’agriculture biologique ou à celui de Montreuil la nouvelle verte : « Sous les pavés, la cave… » logé sous les tôles des anciens studios Pathé : j’ai bavassé avec l’ami guide du Pous et des lecteurs assidus de mon blog, picolé et empli mon cabas de boutanches exquises. Bref, en avisé commerçant que je suis devenu, j’ai décidé d’ouvrir une nouvelle crèmerie : « Nature&Découvertes : les bio-bons… »
J'inaugure cette nouvelle chronique avec le Clairet de Château Cajus www.chateau-cajus.com que j'ai découvert au salon Marjolaine sous un millésime médaillé d'or - j'ai oublié lequel - au concours de Bordeaux. Ma première sensation : de l'allégresse en bouteille, de suite on a envie de s'en envoyer quelques belles rasades, ça passe sans agresser, avec douceur et légèreté. C'est un rosé rouge qui vous chauffe le coeur et vous rend l'âme légère en toutes circonstances. Pour les puristes c'est 70% de Merlot, 30% de cabernet sauvignon et franc. Les propriétaires sont avenants, souriants, pour tout vous avouer : très loin de l'image type du producteur bio militant et chiant, y z'ont des gueules de vignerons tout simplement. Allez sur leur site découvrir la gamme de leurs produits. La bouteille en photo est un Clairet 2006, médaille d'or 2007 au concours bio d'Aquitaine.
" En 1435, des paroissiens d'Eysines, Miqueu de Caseras et Peyrona de Neolet, son épouse, versent au chapitre Saint-Seurin, leur seigneur, en guise de cens pour dix tenures en vignes, une demi-pipe de vin clar, bon, pur, noed e marchant ; une formulation assez commune en Bordelais. On y retrouve le fameux terme gason de vin clar, anglicisé en "claret" ou "clairet", qui caractérise, dans l'esprit des contemporains, la production vinicole locale. Les autres qualités exigées reflètent davantage des préocupations commerciales : il faut un vin bon, nouveau et marchand ; en clair, un vin destiné à la vente et à l'exportation." in Bordeaux Vignoble millénaire.
Pour conclure, et même si je vais m'attirer les foudres de mon "ami" l'éminent et pertinent directeur du CIVB, j'avoue que j'ai du mal à comprendre le retard à l'allumage des vins de Bordeaux sur le marché florissant des rosés : quand on a la chance de détenir une dénomination comme Claret - que je préfère à Clairet - et que ce sont les Californiens qui sont les leaders pour ce produit sur le marché anglais, on fonce dans la brèche, on met le paquet. Combien de cols ? Merci à mes lecteurs bordelais qui ont accès aux statistiques du CIVB de me les communiquer.