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8 août 2008 5 08 /08 /août /2008 00:07

Dessin daté de 1985 :

À Pékin ce jour on va faire dans le grandiose de la Chine impériale et immémoriale lors de la cérémonie d’ouverture. Mao était un grand admirateur de Qin Shi Huang le premier empereur, l’unificateur de la Chine en 221 avant JC. L’affront fait au XIXe par l’Occident avec ses « traités inégaux », ses enclaves : Hongkong, Macao, sa volonté d’imposer sa civilisation, va être en parti effacé par la venue du monde entier dans ce nouvel empire du capitalisme débridé sous férule d’un parti omniprésent.

La Chine est-elle dangereuse ? Loin du « péril jaune » cher à nos grand-père, nier que la déferlante des produits made in China ne constitue pas une menace pour les économies des pays développées ou même des autres pays émergeants, serait pratiquer la politique de l’autruche. S’en tenir aussi au raisonnement simpliste en vertu duquel, s’ils exportent beaucoup, les chinois sont aussi de bons clients pour nos pays, l’agro-alimentaire en particulier, relève de la méthode Coué. L’examen des évolutions chiffrées de ces quinze dernières années parlent mieux que tous les discours des docteurs « ne vous inquiétez pas, nous tenons la situation sous contrôle ». La crise dite des subprimes est là pour nous démontrer que leur accorder notre confiance équivaut à se placer sous la protection de pilotes bourrés. Venons-en aux chiffres.

 

   

Depuis 2002, les exportations chinoises croissent plus vite que le commerce mondial, preuve que la Chine gagne des parts de marché. En 2007, + 26 % contre + 8% pour le commerce mondial (en termes réels).

 

De 1994 à 2007 : la production industrielle chinoise x par 5,5, par 2,8 pour les PECO, par 2,2 pour les autres émergents d’Asie, par 1,5 aux USA, par 1,4 dans la zone euro, 1,2 au Japon. Ce montre sans contestation un déplacement des capacités de production industrielles mondiales vers la Chine et, dans une moindre mesure vers les PECO et les autres émergents asiatiques.

 

Ce n’est pas un phénomène nouveau, comme dans les années 60 le Japon, et les années 80 pour la Corée, c’est le couple exportations-investissements qui tire la croissance et non la consommation intérieure des ménages. C’est une stratégie qui risque de durée dans la mesure où le pouvoir d’achat est et restera trop faible pour que la consommation intérieure prenne le relais.

Pour l’heure ce sont les USA et le Japon qui subissent les plus fortes prises de part de marché par les produits chinois : en effet les premiers la part des produits chinois dans leurs importations est passée de 1994 à 2007 de 5 à 8 % au détriment du Japon et des autres émergents asiatiques ; de plus comme au Japon cette part est passée de 9 à 22% au détriment des USA et comme dans la zone euro cette part est passée de 2 à 6 % au détriment des USA.

 

Cette industrialisation à marche forcée fait gonfler les agglomérations urbaines : la population urbaine est passée de 350 millions en 1994 à 680 millions en 2006. Ce mouvement peut s’amplifier encore dans la mesure où la population rurale sous-employée est considérable : de l’ordre de 200 millions de personnes. Ces migrations contribuent à peser sur les coûts salariaux déjà très bas de la Chine, ce qui maintient son avantage compétitif.

 

En effet, même si l’Inde 0,3 $/heure, le Vietnam 0,47 $/heure sont dans la même zone de coût horaire moyen dans l’industrie que la Chine, le Brésil à des coûts 5 fois plus élevé, les PECO 10 fois plus, les USA et le Japon 35 fois plus et la zone euro 5à fois plus (l’Allemagne et la France avec 37,6 $ et 35 $/h se situent au-dessus de la moyenne de la zone euro). Compte-tenu des écarts de productivité et des coûts de transports les experts estiment qu’au total, le prix des produits chinois reste 5 fois plus faible que celui de produits de l’Europe de l’Ouest.

 

Oui la Chine casse des emplois industriels : en 10 ans l’emploi manufacturier a baissé de 20 % au Japon, de 15% aux USA, de 8 % dans la zone euro, mais aussi dans les autres pays d’Asie – 13% et le Mexique : - 12%.

 

Oui la Chine pèse sur les pays à salaires élevés : le coût salarial baisse au Japon et n’augmente que de 1% en moyenne en Europe et aux USA.

Bond des salaires chinois (Le Monde du 28 juillet 2008)

Les salaires dans les grandes villes chinoises ont progressé de 18 % en glissement annuel au 1er  semestre, pour atteindre près de 12 964 yuans (environ 1 212 euros) par personne. Ils ont davantage augmenté au sein des entreprises privées (+ 19,2 %) que publiques (+ 17 %), mais les revenus restent légèrement inférieurs dans le secteur privé (12 610 yuans, contre 13 800 yuans). Le Bureau national des statistiques précise que la progression après inflation est de 10,3 %.
Adidas, jugeant le niveau des salaires en Chine trop élevé, va transférer une partie de sa production vers  l'Inde,  le  Laos, le Cambodge, le Vietnam et l'Europe de l'Est. 

 

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commentaires

M
Cher Monsieur, <br /> <br /> D'accord sur cette analyse quantitative et sur les notions développées sur les couts salariaux. De même, OK sur le fait que c'est la notion d'exportations + investissements qui tire la croissance. Il y a cependant enore plusieurs points à aborder: <br /> - La capacité à innover de la Chine et son potentiel de compétences (Ils 'forment' à tour de bras et sont partie prenante dans les fondations des Universités Américaines). Bientôt, ils ne feront pas que de la sous-traitance. Ce point est inquiétant surtout lorsque l'on sait que nos jeunes se détournent des carrières scientifiques; je ne sais où l'on ira chercher de la valeur ajoutée. <br /> - Contrairement aux USA, il y a près d'un siècle, puis au Japon dans les années soixante, je ne vois pas encore quel modèle économique nouveau est proposé par la Chine. Ceci est un point non négatif (pour l'instant). <br /> - Enfin, pour nous adapter, nous réorganisons à tour de bras et les pertes d'emploi, en occident et dans ce cadre, sont deux fois plus élevées que celles dues aux simples délocalisations. Ceci est encore, pour l'instant, à notre avantage car il préserve notre compétitivité dans certains secteurs. <br /> <br /> Bien cordialement. Pierre
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