La séquence sur la région délimitée de Cognac se clôt ce matin par les réponses du président du BNIC, Jean-Pierre Lacarrière, à qui je pourrais donner du cher collègue puisque, très modeste président du BNICE - Bureau National du Calvados (BNICE)- transformé en IDAC je boxais dans la catégorie des eaux-de-vie d'appellation et militait avec lui pour que notre spécificité par rapport au vin soit reconnue dans un comité spécifique à l'INAO. Sur la photo, c'est l'homme à la cravate rouge, avec Philippe Boujut sans cravate, et les deux chefs de famille. Jean-Pierre Lacarrière a succédé à Bernard Guionnet au titre des maisons de Cognac. La sienne c'est Remy-Martin du groupe Remy-Cointreau dirigé par Dominique Hériard-Dubreuil. Dans mes années de missionnaire dans les Charentes l'appui discret et compréhensif de Dominique Hériard-Dubreuil m'a permis de dénouer bien des crispations et de faire avancer, avec ce qu'il faut de diplomatie charentaise, le dossier épineux du niveau de la QNV.
Réponse de JP Lacarrière :
Les professionnels ont voulu apporté des réponses à ce défit récurrent. La réorganisation de l'OCM viti-vinicole en a été le déclencheur. Leur réflexion a débouché sur des propositions réunies dans le "Plan d'avenir de la viticulture charentaise" adoptée en 2003 par l'Interprofession.
Ce dispositif envisage la création de filières cognac, vins de base, pineau s'appuyant sur une affectation parcellaire révisable tous les ans. Ce dispositif permettrait à chaque viticulteur de gérer son affaire en fonction de ses débouchés et de ses contrats. Ce système en dehors de l'intérêt de la flexibilité dans la gestion de production régionale permettrait de développer et consolider des filières en fonction de l'état des différents marchés cognacs / vins de table / pineau. Ce dispositif, qui doit être en vigueur au 1er août 2008 avec la nouvelle OCM, est toujours en attente d'une confirmation juridique de la part du Ministère de tutelle (Agriculture), malgré les demandes pressantes et réitérées des professionnels.
Réponse de JP Lacarrière :
Par son histoire car il se caractérise comme un produit de négociant qui dès l'origine il y a plusieurs siècles, a conquis et développé les marchés extérieurs. Ces qualités issues d'améliorations continuelles de process d'élaboration soutenues par des investissements publi-promotionnels très importants des marques en ont fait un produit éminemment désirable, ce qui se concrétise, ces dernières années, par le développement à deux chiffres des volumes de qualités supérieures et de qualités vieilles. Les marques les plus prestigieuses rivalisent dans des présentations luxueuses particulièrement recherchées. Cette tendance qui s'amplifie nous fait penser qu'il n'y a pas de surchauffe mais un vrai développement qui se poursuivra. Néanmoins, la prudence doit être maintenue car l'entrée de gamme VS représente toujoursun petit 50 % du volume.
Réponse de JP Lacarrière :
A l'évidence, les intérêts des deux familles Viticulture et Négoce ne sont pas entièrement juxtaposables. L'objectif est donc de trouver un consensus pour assurer un développement harmonieux de la filière, ce qui à mon sens, implique de "s'asseoir" sur les idéologies pour répondre d'une façon pragmatique aux défis du marché.
Cette dernière année, les professionnels ont mis en place des outils de gestion qui permettent de modéliser les réponses de la viticulture entermes de production aux besoins de commercialisation du négoce. Cet outil d'aide à la décision a été mis en place, testé, et fonctionne.
Les réformes récentes concernant la gestion des appellations (INAO) ou des zones viticoles (gestion par bassin) ont permis aux professionnels du cognac de démontrer qu'ils étaient capables de travailler paritairement et d'une façon raisonnable au sein de structures ad hoc.
A mon sens, les tensions sont apaisées même si parfois, il y a quelques montées d'adrénaline. On peut dire que depuis trois ans, le partage de la valeur a été amorcée.