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18 mars 2008 2 18 /03 /mars /2008 00:05

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Comme certains le savent, au temps où le Cognac buvait le bouillon, j'ai traîné mes semelles de crêpe et mon mauvais esprit dans les vignes hautes et verdoyantes de la Charente profonde, les Borderies, la petite et la grande Champagne, les fins, les bons et les bois ordinaires, la double distillation, les bouilleurs de cru, la QNV, les vins vinés, l'Ugni blanc, les contrats, les coopératives associées et le BNIC n'ont aucun secret pour moi. Mon double handicap, être vendéen et rose, me valait, dans les réunions diurnes avec les producteurs, un accueil goguenard. Dans le vignoble, l'accès au Cognac, c'est-à-dire pouvoir distiller avec la certitude d'écouler ses eaux-de-vie au négoce, constituait la revendication principale. La QNV répartissait la pénurie mais ce n'était pas suffisant. Les plus intransigeants, charentais maritime et affiliés au MODEF, exigeaient une répartition étatisée ; les détenteurs de contrats faisaient le dos rond ; bonjour l'ambiance lorsque j'attaquais mes prêches par l'évolution du marché. Bref, oser affirmer que le salut viendrait, non de la résurrection de la Fine à l'eau versus Schweppes en notre douce France où le Cognac était un truc de vieux depuis le triomphe des Scotches Whiskies, mais des noirs américains, soulevait une houle réprobatrice. J'ai écrit sur le sujet, en août 2006, une chronique "consommation ethnique"link 
                                                                                                                                                                             
 Alors, me direz-vous, pourquoi y revenir ? Pour une raison qui colle bien au thème de la semaine : le Cognac, qui sert de trame au troisième bouquin de ma chouchoute : Hannelore Cayre, "Ground XO" link avec pour décor " Ces pieds de vigne partout, ces villages impeccablement tenus qui sentaient bon la droite décomplexée ", la Charente donc, plus précisément un "bled" de la Grande Champagne. "L'étron" Leibowitz, son héros récurrent comme on dit à la télé, hérite d'une propriété viticole qui fait du Cognac. La "robe grillée" se moule avec délice dans l'ambiance picto-charentaise, toujours aussi rosse et déjantée, bien documentée, j'ai lu l'opus d'un trait. C'est good. Selon une tradition bien établie sur Vin&Cie l'espace de liberté, pour vous mettre en bouche, je vous offre un pti coup de "Ground XO" pour la route, à consommer sans aucune modération vu qu'on ne lit pas en conduisant (on dit qu'y'a des routiers qui matent des DVD en conduisant...)
 
 
" - Yak ? Ca veut dire quoi, "Yak " ? Demandai-je tout en maniant le DVD avec curiosité.

- C'est comme ça que les Américains appellent le cognac ! précisa Valérie avec une moue de dégoût.

- On aurait pu intituler ce truc "L'épopée du cognac ou comment le hip-hop a sauvé la Charente de la ruine"... La moitié de ce qui est distillé dans la région part aux Etats-Unis, et là-bas, c'est les Afro-Américains qui en consomment plus de quatre-vingt-dix pour cent. Dans ce DVD, tu as au moins une cinquantaine de raps qui parlent de cognac : 50 Cent, Jay-Z et bien sûr Tupac Shakur. "Stupid bitch standing there while I'm drinking my hen", fredonna François. Tu verras, t'as même un rappeur qui s'appelle Remy Martin.

- C'est dans le disque qu'il y a le type avec ce nom ridicule, Pouf Daddy ? demanda Valérie.

- Pas Pouf Daddy, Puff Daddy, et d'ailleurs, depuis qu'il a été blanchi pour une histoire de complicité de meurtre en 2001, il veut qu'on l'appelle P.Diddy, corrigea François.

- Ah, il veut... c'est super ! J'ai déjà essayé de regarder ce DVD, j'ai tenu cinq minutes. Tu vois une bande d'abrutis avec des chaînes en or et des filles à moitié nues enduites d'huile qui boivent notre alcool* dans des flutes à champagne... Je me demande vraiment à qui ça peut plaire. Et puis, tu t'imagines pas ce qu'on leur vend : de l'Hpnotiq ou de l'Alizé. Des machins aux couleurs radioactives à base de cognac mélangé avec du jus de fruits.

- "The fruit is fresh, the spirit french, the résult is magnifique", scande François avec des intonations de pub radio."

Give me the Henny, you can give me the Cris
You can pass me the Remy, but pass the Couvoisier
Give me the ass, you could give me the dough.
You can give me` dro, but pass the Courvoisier
Yeah, yeah,yeah, just pass the Courvoisier. 

by Pouf non Puff Daddy recyclé en P.Diddy qui "égrenait debout sur un yacht qui valait le PIB d'un pays du tiers-monde les paroles de son refrain...

* chère maître - avec la féminisation pourquoi ne puis-je pas écrire maîtresse ça sonne tout de même mieux qu'auteure ou professeure - jamais au grand jamais un ou une viticultrice de la région délimitée de Cognac ne dirait alcool lorsqu'il parle de son eau-de-vie d'AOC, même si le concept d'AOC est aussi étranger au charentais que le socialisme l'était au petit François de Jarnac, la patrie de Courvoisier...


Busta Rhymes ft. P.Diddy & Pharrell - Pass The... par elmokozo

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commentaires

P
Merci pour la réponse que j'attendais un peu. Je suis bien d'accord sur la carence syndicale locale.<br /> Mais au vue des discours politiques nationaux et régionaux (de tous bords) il me semble que le monde politique pourrait participer , dynamiser et surtout être très présents au coté des syndicats.<br /> Il y a de très grosses productions de richesse dans cette région , il est du role du politique de se battre pour qu'elle ne s'échappe pas car à ce niveau il en va de l'intérêt général. <br /> L'hopital de Cognac a un problème de 1.7 million d'euros . La viticulture voit partir chaque année 100 à 125 million qu'elle pourrait légitimement garder.Bref , si on veut entreprendre on peut mais si tout le monde s'attend ça va durer encore longtemps et vu que ça fait déjà 40 ans que ça a commencé!
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P
SI TU ETAIS HOMME POLITIQUE LOCAL QUE FERAIS TU POUR SORTIR LE PRODUCTEUR DE RICHESSE QU'EST LE VITICULTEUR CHARENTAIS DE SON ALLEGENCE AU NEGOCE QUI PROFITE BIEN DE LA SITUATION COMME TOUT SAIGNEUR<br /> PARDON SEIGNEUR
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J
<br /> Comme je ne suis pas un homme politique local mais, qu'en son temps, je me suis adressé à eux ce que je puis vous répondre aujourd'hui c'est ce que j'ai toujours défendu : pour sortir d'une<br /> situation historique telle que celle de la Charente les producteurs doivent s'organiser sous la forme d'un vrai Syndicat des Producteurs sur le modèle de leurs homologues champenois. En appeler aux<br /> seuls politiques c'est se défausser de sa responsabilité.<br /> <br /> <br />
M
vas VOIR mon blog une video de moi<br /> explique ma demarche humaine<br /> peut tu demander a tous de la regarder afin de comprendre<br /> <br /> mon blog<br /> <br /> http://michaelconan.over-blog.com/
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