Je dois vous l'avouer, mes collègues bloggeurs qui à longueur de chroniques hument, mirent, lapent, gazouillent avant de régurgiter dans un crachoir en inox ou un vieux seau à champagne les divins nectars soumis à la dégustation, me fascinent. C'est beau comme la grand messe chantée : ça commence par l'introït et ça fini par l'ite missa est, le rituel est bien rodé. Bien évidemment, depuis le jugement de Paris, il est du plus grand chic de se faire une verticale ou une horizontale, comme ci-dessous celle du grand maître Poussier sur des Montrachet et celle d'un total inconnu sur l'incontournable Romanée Conti. J'en reste sans voix.
Grande descente de Montrachet ! Une dégustation verticale de Montrachet demeure un moment extraordinaire pour tout amateur de vin. Je dois au domaine Jacques Prieur d'avoir eu le bonheur d'en goûter récemment pas moins de onze millésimes, en compagnie de Nadine Gublin, l'œnologue du domaine. La maison Prieur possède deux parcelles sur ce terroir magique, situées sur la commune de Chassagne-Montrachet. La première de 37.73 hectares a été plantée en 1957 et en 1992. La seconde se situe sur la plus haute terrasse des " Dents de chiens ", 20.90 hectares replantés avec une densité de 13000 pieds / hectare. Equilibre Royal Ciselé comme à Chablis |
Auteur : N.Gemeline
Vin N° 1 : Domaine de la Romanée Conti- 2003
Vin N° 2 : Domaine de la Romanée Conti- 2003
Vin N° 3 :Domaine de la Romanée Conti- 2003
Vin N° 4 : Domaine de la Romanée Conti- 2003
Vin N° 5 : Domaine de la Romanée Conti- 2003
Vin N° 6 : Domaine de la Romanée Conti- 2003
Synthèse de la dégustation
J'ai longtemps hésité à la mettre celle-là ! Et puis zut ! Je me lance !
Tout d'abord, où déguster année après année les vins de ce domaine mythique quand on n'est ni journaliste, ni fortuné ? La réponse : chez [b]Grains Nobles à Paris[/b], (www.grainsnobles.fr) l'école de dégustation au pieds du Panthéon. Ne cherchez pas, il n'y a aucun autre endroit au monde où l'on peut le faire! Merci donc à grains Nobles pour ce rendez-vous formidable et la parfaite organisation de l'événement.
La dégustation en soi à présent.... Curieusement je n'ai pas grand chose à dire ! Les vins du domaine (il y en a d'autres, soyons honnête... Mais très peu...) échappent totalement à toute analyse sensorielle. C'est une expérience sensuelle absolue, une réunion presque animale entre nos sens et un produit d'exception qui se soustrait à la logique. Bref, après 6 millésimes goûtés, je reste absolument fasciné et totalement envoûté par ces vins de légende.
Mon envie à présent ? Pouvoir regoûter de nouveau une de ces bouteilles lorsqu'elle sera parvenue à maturité. Dans 15 ou 20 ans... À noter que tous les vins (sauf les Echezeaux) on été goûtés en magnum.
Comme je suis d'humeur légère et que je l'espère mes propos légers ne donneront pas de l'urticaire aux intéressés, je trouve que la cérémonie de la dégustation des primeurs à Bordeaux participe, dans une certaine mesure, du même tonneau, même si c'est avant tout du buiseness, avec le côté théâtre, un scénario sans surprise : ils sont venus, ils sont tous là, la terre est plate, rien que des élus, alignés, recueillis, verre à la main, tout au bord de la Sainte Table, prêts à communier à la grande transmutation du divin nectar en sacro-saints dollars - je plaisante bien sûr vu que ce putain de billet vert est un peu pâlichon face à notre euro apatride - On prend des notes, on note, on classe, en fait on participe à l'élaboration de la cote. Les journalistes et autres faiseurs de guide ça les amusent, ce qui en soi est normal, leur porte-monnaie n'est pas en cause, mais pour les futurs acheteurs je trouve qu'il y a une forme de masochisme que de les voir ainsi, dans la joie et la bonne humeur, attiser les braises de l'inflation des prix qu'ils paieront. Qu'importe le niveau du prix me rétorquera-t-on, nous ne sommes plus tout à fait ici dans l'univers du vin mais dans celui des produits de luxe où, ce qui prime, c'est la hauteur du chèque qui préserve l'acquisition des vélléités de la piétaille. La déconnexion est totale comme sur le marché des oeuvres d'art contemporain où les grands galeristes font la cote d'un peintre ou d'un sculpteur, seuls maîtres d'un jeu où règnent une majorité d'ignorants friqués. Rassurez-vous, ça m'amuse plutôt car, par tempérament, je ne suis pas envieux. Mon seul souci dans cette histoire c'est madame et monsieur tout le monde, ignare de chez ignare mais pour autant acheteur de vin, pour qui tout ce cinéma s'apparente à une cérémonie d'initiés dont il est exclu. Des évènements récents nous ont démontré que ce n'est pas bon pour le moral du bon peuple.
Pour eux, immense troupeau, je préconise une nouvelle méthode, sans queue ni tête, ludique : la diagonale du ouf mais, comme j'ai déjà, comme trop souvent, été un peu long ce matin, je vous l'expliquerai dans la chronique de demain consacrée au vin de pays des Coteaux de Coiffy. A bientôt chers lecteurs...