Né dans un pays de ventre à choux, les choux à vaches, et de piètres vignes, la première fois que j'ai découvert sur l'étiquette d'une bouteille d'un vin venu de Bourgogne acheté par mon père à un représentant qui me semblait pas très catholique (c'en était mais ça n'en portait pas le nom) la mention de négociant-éleveur, j'en fut surpris. On élevait donc le vin mais seuls les négociants le mentionnaient, les vignerons non. Fort bien me dis-je il existait donc des vins légitimes et des vins adoptés. Par la suite j'ai pu mesurer le poids de ces mots dans la perception du vin chez nos concitoyens.
Pourtant ce matin, le mot élevage me fait penser à ceux qui sans modération proclament que le salut de notre viticulture se situe dans les niches. Sans ironiser à outrance, c'est pas très vaste une niche, on y loge pas beaucoup de bouteilles, alors faut-il après les vins de garage parler des vins de chenil. Attention aux vins perdus sans collier, aux abandonnés sur les aires d'autoroute, à tous ceux à qui on a fait miroiter des lendemains heureux alors que nul n'a songé à leur construire un avenir...
Face à la mutation que nous sommes en train de vivre si l'on souhaite se mettre en situation d'élaborer une stratégie que l'on veut gagnante il faut situer son point d'observation du terrain ni trop haut, ni trop près. Sinon : trop haut les gratte-ciels semblent être des niches ; trop près les niches semblent être de beaux espaces.