Lors de la constitution du comité de pilotage du groupe stratégique je cherchais l'oiseau rare, un vigneron représentatif, à la fois engagé dans les organisations professionnelles mais capable de garder sa liberté de parole. C'est Jean-Louis Piton qui m'a conseillé de prendre contact avec Pierre Aguilas, en me disant "ce n'est pas un facile, mais tu pourras compter sur lui..." Bonne pioche, Pierre Aguilas, discret et assidu, a joué le jeu et assumé par la suite ses responsabilités. Je suis donc très heureux de l'accueillir sur Vin&Cie avant l'ouverture du 22em Salon des Vins de Loire. Merci Pierre pour ton franc parler.
1er Question : Vinexpo à Bordeaux, Vinisud à Montpellier, et pour la 3ième région viticole française : le 22ième Salon des Vins de Loire à Angers. La dénomination annonce la couleur : ici on reste modeste, c’est un Salon, et on se bat sous le drapeau des vins de Loire. Pierre Aguilas, toi qui préside aux destinées de cette manifestation, dis-nous ce quelle apporte, ce quelle représente pour les vignerons et les metteurs en marché du Val de Loire ? A-t-elle un impact international fort ? Comment vois-tu son évolution dans les années à venir ?
Pierre Aguilas :
Effectivement la modestie est une des qualités des vignerons du Val de Loire. Mais trop de modestie appliquée à leurs productions a empêché un développement de leur renommée. Le Salon est, bien entendu, un lieu de rencontres et d’affaires. Et pour moi : d’affaires avant tout. Mais on y démontre aussi l’importance (souvent méconnu) et la diversité du Val de Loire C’est aussi une révélation envers les producteurs et les metteurs en marché eux-mêmes que cette diversité est, paradoxalement, un des signes de leur force commune. L’impact international est, toute proportion gardée, très important le nombre des visiteurs étrangers (ceux qui achètent) est en légère progression, mais ce qui compte c’est leur fidélité. D’autre part les organisateurs font tout ce qui est possible pour faire venir ces personnes indispensables à notre développement sur ces marchés incontournables. Le Val de Loire ayant une position encore trop faible à l’export. L’évolution du salon dans les années dépend avant tout de l’avenir de nos professions. Evolution de la consommation en France ou à l’étranger, évolution des règlementations, évolution de l’offre, évolution de la structure des entreprises .Cela pour le fond. Pour la forme le Salon sait qu’il doit bouger et le fera en temps utile.
Pierre Aguilas :
L’ONIVINS a disparu dans VINIFLHOR qui disparaît lui-même dans un vaste office tout nouveau. L’INAO vinicole depuis quelques années déjà a perdu de son importance mais n’est plus qu’une petite partie dans un organisme de la qualité dont le destin final n’est pas scellé. Des syndicats viticoles eux aussi sont bousculés avec la création des O D G et autre O I. Nous les vignerons avons perdu le pouvoir, mais nous l’avons bien cherché. Avant toute chose il nous fallait déjà appliquer les règlements et décrets existants. Il me semble que ceci nous a été dit souvent lors des travaux d’un certain groupe BERTHOMEAU. Mais mystérieusement cette constatation a disparu. Alors, allons-y, réformons. C’est la maladie du pays. Bien sur que cela était nécessaire, on trainait des boulets en fonte. Le modernisme étant de créer des boulets en inox. La seule et unique action importante et urgente c’est que la CNAOC, les VIF, la CNVDP, la CCVF deviennent (au moins pour leur partie politique) qu’un seul syndicat. Ainsi le ministre ne recevrait plus qu’une délégation ultra réduite, mais puissante qui ne risquerait plus d’être démentie dès le lendemain. Mais je rêve...