25 janvier 2008
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Mais, comme j’ai mauvais esprit, je fais un rêve : moi qui ne suis qu’un plumitif besogneux, un ersatz de haut-fonctionnaire, un petit rapporteur non patenté, cette révision champenoise pourrait m’ouvrir de brillantes perspectives, m’engager sur la voie royale d’une fin de carrière vigneronne. Moi qui ai tâté de la vigne avec le frère Bécot, à l’Ecole d’Agriculture de la Mothe-Achard, complanter et faire pousser de la vigne dans un ancien potager semble à ma portée. Le problème pour moi c’est de mettre la main sur le potager. Alors, toujours en rêve bien sûr, je me dis qu’il me faut me mettre en chasse sur Meetic, traquer la veuve du facteur ou l’ex-femme du sacristain de Bouzy, tchatcher, la séduire, me renseigner discrètement sur l’existence du potager, la demander en mariage, l’épouser sous le régime de la communauté de biens et me réveiller un beau matin à la tête d’un lopin Aoicisé, plus précieux que le sable d’un bout de désert d’Abu Dhabi, où chaque motte de terroir sera plus coûteuse qu’un gramme de caviar, l’extase absolu du néo-propriétaire. Fermez le rêve ! Mais, après tout, je suppose qu’il va y en avoir des néo-vignerons après la révision et que le modèle champenois leur fera produire les kilos de raisins ad hoc. Bienheureux les vignobles pilotés par l’aval car ils font éclore des vignerons heureux. Je plaisante et je rêve, bien sûr, et les champenois m’absoudront de mes mauvaises pensées.
Dernière interrogation de mon esprit mal tourné : faut-il exclure la Champagne des intenses réflexions qui agitent ceux qu’on a coutume de dénommer les Professionnels de la filière ? Certes la réussite éloigne les ingénieurs es-concepteur d’usine à gaz qui, au dire de certains, officient au chevet de notre viticulture mutante mais, tout de même, mon bon Monsieur Champagne, avec votre manière récurrente d’opposer au consortium administrativo-professionnel qui veut des bassins et des bassines, des machins et des machines pour contrôler les uns qui contrôleront les autres, votre exception champenoise, ne risquez-vous pas de vous voir taxer de comportement sûr et dominateur. Je sais, je sais, vous en tamponnez le muselet mais, ne pourriez-vous pas, dans votre grande sagesse et votre inoxydable pragmatisme mettre votre grain de sel dans la Winerie France pour qu’elle chasse ses démons ? Je sais que c’est beaucoup vous demander car la tâche est ardue, semée de chausse-trappes, qu’il y aurait pour vous plus à perdre qu’à gagner, mais comme vous le savez je rêve debout et comme Vranken est chez Listel pour le dépoussiérer, d’autres pourraient eux-aussi se colleter à le recomposition de notre industrie du vin dont on déplore qu’elle ne comptât pas d’entreprises de taille mondiale alors qu’LVMH et Pernod-Ricard jouent depuis longtemps dans la cour des Grands du vin mondialisé. Je ferme le ban sans grand espoir que mon lamento soit entendu…
Published by JACQUES BERTHOMEAU
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