Au Chili on vendange et une femme est en passe d'accéder à la présidence de la République. Ici, on pélerine à Jarnac sous la pluie charentaise et une femme s'envole pour le Chili et dans les sondages. Hier, les hommes portaient le chapeau : palme du ridicule à Louis Mexandeau avec son galure provençal satiné, mention spéciale à Lolo pour son feutre très Bernard Blier dans les tontons flingueurs, par bonheur il y avait Mazarine et son châle : quelle allure mes amis !
L'allure des hommes, au sens des humains, c'est indéfinissable, voyez Cary Grant dans la mort aux trousses avec sa chemise immaculée et son impeccable costume gris perle tout au long de sa fuite, même après le champ de maïs, et Audrey Herburn habillée par Hubert de Givenchy, c'est inné. La simplicité, l'art de l'accessoire, l'appariement, font la différence. Que de futilité me direz-vous ! Non l'allure n'est pas un luxe, c'est une manière d'être en phase avec soi-même. Se vêtir c'est choisir sa seconde peau. Etre attentif aux évolutions de la manière de se revêtir c'est être en capacité d'anticiper sur les changements qui traversent nos sociétés surconsommatrices.
Ceux qui font le vin doivent en tenir compte, l'allure de nos flacons, sans forcément verser dans un jeunisme débridé, doit mieux sentir le temps, humer les grandes tendances, faire appel à de vrais créateurs, se frotter à eux, s'ouvrir à des mondes nouveaux. C'est bien plus que du marketing en bocal, c'est vivre avec son temps, avec ses valeurs bien sûr, mais aussi avec ce qu'il y a de meilleur dans la mondialisation. Afficher sa différence et non défendre derrière d'improbables lignes Maginot nos exceptions culturelles. Vendre nos vins, les chics, les canailles, les ramenards, les modestes, les teufeurs, les kifonriencomme lézotres, c'est diffuser notre manière de vivre, notre art de vivre et ce n'est pas en bougonnant, en tançant la terre entière que nous y arriveront. Comme les aristos dans la dèche et les créateurs sans un, ayons de l'allure !