En 1988, au cabinet du Ministre, je pilotais le dossier des courses suivi par le Service des Haras Nationaux. Un dimanche soir de novembre, je crois, en écoutant les infos sur une radio périphérique j'entends qu'un incident cocasse s'était produit sur l'hippodrome de St Cloud lors du prix de Strasbourg support du tiercé dominical : les juges à l'arrivée s'étaient trompés dans la constatation de l'ordre des chevaux gagnants.
A priori pas de quoi empêcher un technocrate de dormir. Cependant, à la première heure le lendemain j'appelai François Clos le chef du service qui me confia qu'il se retrouvait dans un sac de noeuds dont il avait du mal à se dépétrer. Explication : sur un champ de courses lorsque les juges à l'arrivée considèrent que l'ordre des places est définitif le rouge est mis (un signal lumineux s'affiche) et c'est le résultat officiel de la course. Sauf qu'en l'occurence les juges en pré-sieste s'était trompé, que la photo affichée le démontrait et que l'on se retrouvait face à un résultat faux mais officiel et un vrai sans valeur.
La plaisanterie portait sur 30 millions de francs, les médias s'emparaient de l'affaire, Matignon me donnait comme consigne : démerde toi ! Un jour à la veillée je vous raconterai le dénouement de l'affaire mais si se matin j'aborde ce lointain souvenir c'est, qu'une fois la solution trouvée, je convoquai le bureau de la société gestionnaire de StCloud - que des vieux messieurs sympathiques et dépassés - pour leur remonter les bretelles. A mon grand étonnement je constatai que tout ce petit monde bien né tenait pour quantité négligeable les pauvres bougres qui les faisaient vivre : les parieurs.
Certes comparaison n'est pas raison mais le soi-disant "lobby" du vin mis au ban par les ligues de vertu se pose-t-il la question de l'efficacité de ses revendications ? Moi j'ai le sentiment qu'il cherche avant tout à faire plaisir à sa base et non à répondre aux attentes réelles des consommateurs et des néo-consommateurs. C'est ce que j'ai voulu dire en parlant de vision de rétroviseur dans mon papier sur le pinard...