Dans une lettre du 2 juillet 2007 adressée à Hubert Védrine le président de la République lui " a demandé de réfléchir aux changements de positionnement de la France et de l'Union Européenne dans le monde globalisé, d'examiner si la France et l'UE ne devraient pas aujourd'hui défendre autrement leurs intérêts, promouvoir autrement leurs valeurs, et de faire, à partir de cette analyse, des propositions. " Ce rapport, publié chez Fayard, court et facile à lire, devrait fonder et nourrir nos débats. J'en propose un bref extrait à votre réflexion. Le vin est un produit global nous ne pouvons rester inerte ou camper sur des positions d'un autre âge. Vous pouvez le lire sur le site de l'Elysée :
www.elysee.fr/.../2007/septembre/rapport_sur_la_france_et_la_mondialisation_par_m_hubert_vedrine.79348.html -
La France serait bien plus forte si les Français parvenaient à bâtir ensemble un concensus dynamique combinant étroitement adaptation, protection, régulation, solidarité et action européenne.Je sais que le terme de concensus va révulser les tenants du bloc contre bloc, les alters d'Attac et la gauche de la gauche, les souverainistes, pour ma part je ne l'apprécie guère lorsqu'il est mou, pure résultante d'un plus petit dénominateur commun inopérant, mais en l'espèce, ce que propose Védrine est un compromis au sens où nos voisins italiens, au temps de la DC et du PCI, le qualifiait de "compromis historique". Dans toute entreprise collective ce type d'accord permet d'avancer, de construire, de donner des perspectives à notre pays et à une UE à nouveau consciente de son rôle historique. Ce ne sont pas que des mots mais des principes d'actions clairs qui nous éviteraient de tempêter contre la mondialisation, les délocalisations, tout en emplissant nos caddies et nos armoires de produits chinois, indiens ou d'autres pays à coûts de production hors de notre atteinte et glisser imperturbablement dans une économie à la Wall Mart. Lisez Védrine et commentez ! Merci à vous.
Ce consensus souhaitable n'est atteignable que si cette policy mix est présentée et expliquée comme un ensemble cohérent et que chacun de ses volets est assumé comme indispensable et légitime, y compris les politiques de protection et de solidarité. Dans la pratique, c'est un peu ce qui se fait, mais dans le désordre et sans que cela soit revendiqué comme une stratégie d'ensemble. Tous les pays comparables au nôtre pratiquent en réalité sans complexe une telle combinaison, pourquoi pas nous ? Pourquoi ne pas le dire clairement ?
Il ne s'agit pas de geler artificiellement le débat droite/gauche, majorité/opposition, que rien n'empêchera de se poursuivre - et d'ailleurs le dosage exact "réforme/protection" varie partout en fonction du rapport de forces gauche/droite, mais de rassembler les Français sur une stratégie d'ensemble de longue haleine dans un domaine d'intérêt national. Regardons les Allemands : s'ils sont plus confiants que les Français en ce qui concerne leur position dans l'économie globale de marché, cela ne les empêche pas de débattre vivement de leur politique sociale : durée du travail, création ou non d'un smic, niveau de l'allocation chomage, etc., alors même qu'ils ont un accord de coalition ! Un concensus français ambitieux dans la mondialisation n'entraverait pas la poursuite du débat politique.
Résumé du concensus à atteindre :
A - les Français acceptent l'économie globale de marché comme un fait ;
B - la France mène des politiques combinées pour tirer le meilleur parti de cette mondialisation. Elle s'adapte, elle se réforme et crée des emplois nouveaux en montant en gamme technologique tout en s'inscrivant dans la mutation écologique de l'économie ;
C - elle préserve un coeur de compétences, de souveraineté et de responsabilités publiques ;
D - elle amortit les chocs brutaux ; elle n'abandonne personne, aucune catégorie socioprofessionnelle. Elle met en oeuvre des politiques de solidarité et de reconversion nouvelles et ciblées. Cela concerne l'Etat, les collectivités locales, les organisations professionnelles ;
E - elle mène et inspire au niveau européen une politique beaucoup plus offensive de protection, de solidarité et de régulation pour que l'Europe devienne la régulatrice du monde global.
Le but à atteindre est que les Français se convainquent que la France sait quoi faire et comment faire non plus face à la mondialisation, mais dans la mondialisation.