Quand arrivait le mois de décembre, sous le préau de l'école Ste Marie, chaque année une grande question revenait : croire au père Noël ou pas, question complexe dans la mesure où certains croyaient au petit Jésus. Pour ma part, c'est mon côté chiant de briseur d'illusions, je ne pouvais m'imaginer que ce bébé joufflu en cire qu'on ressortait chaque année de son papier soie pour le déposer sur la paille de la crèche puisse être pour quelquechose dans le dépôt de cadeaux dans nos souliers; quand au vieux à la barbe blanche et son traineau à grelots, c'était vraiment nous prendre pour des pommes.
Alors, j'ai mené ma petite enquête. Ma mère, chaque année au début décembre, en compagnie du père Remaud le boulanger et de Madeleine sa femme, partait à Nantes dans leur C4 pour faire des courses aux grands magasins Decré. C'était cousu de fils blancs. Un matin en arrivant à l'école je rassemblai les trois frères Remaud pour leur déclarer : "je sais où sont vos cadeaux et les miens..." Et de les conduire le jeudi suivant dans le petit grenier. Bien sûr ils vendent la mèche le soir même chez eux. Ma mère me passe une avoinée sous le regard amusé de mon père.
Bien, chers amis, pourquoi vous compter mes exploits de détective en culottes courtes? Tout simplement pour vous rappeler qu'en ce temps où parfois on se creuse la tête pour trouver quel cadeau faire " à nos jeunes adultes ", comme le disent nos chers banquiers en ce moment, il serait sans doute utile que les gens du vin ne se contentent pas de vendre que du vin. Qu'ils imaginent des coffrets découverte, d'initiation ou de parcours accompagnés d'une brochure simple et ludique sur le vin. Que là où se vend le vin, au lieu de la muraille de Chine de la GD ou l'univers confiné des esthètes du vin que sont beaucoup de cavistes, le père ou la mère en quête d'originalité puissent trouver leur bonheur...