N’étant ni riche ni célèbre, donc pas justiciable des pinces-fesses exotiques pour gogos pleins d’euros, je suis allé faire le beau dans les Corbières à l’invitation d’une fidèle lectrice Nadine Franjus-Adenis. Voici 13 petites esquisses que m’a inspiré l’Université de la Vigne et du Vin de Ferrals-les- Corbières.
1- La géographie physique : « En aval d’Axat, la rive droite de l’Aude est accidentée par les Corbières, chaînes formées de terrains d’âge très divers, fortement plissés, depuis des schistes siluriens jusqu’à des grès éocènes. C’est « un fragment du Massif ancien de la France centrale, englobé plus tard dans la zone des plissement pyrénéens. »
Malgré ses faibles altitudes, les Corbières sont malaisées à franchir. Leurs pentes dénudées, leurs sommets brulés par le soleil, couverts de pierres blanchâtres, s’interposent entre le Bas-Languedoc et le Roussillon, et les communications sont rares entre ces deux pays ; elles se limitent presque exclusivement au littoral, où passent la route et le chemin de fer. »
Vidal de La Blache 1909
2- La géographie humaine : « L’expression de pays a cela de caractéristique qu’elle s’applique aux habitants presque autant qu’au sol. Quand nous avons cherché à pénétrer dans la signification de des termes, nous avons vu qu’ils expriment, non pas une simple particularité, mais un ensemble de caractères, tirés à la fois du sol, des eaux, des cultures, des modes d’habitation. Voilà donc, saisi sur le vif, cet enchaînement de rapports partant du sol et aboutissant jusqu’à l’homme.
3- Histoire de la vigne : dédié à Jacky Rigaux le Bourguignon découvrant les Corbières « C’est à l’époque classique que débute véritablement l’histoire du vignoble languedocien, à commencer par les Grecs qui s’installent et plantent la vigne à l’embouchure de l’Hérault, autour d’Agde, au Ve siècle avant JC (…) Les Romains prennent le relais des Grecs trois siècles plus tard, en y créant une province en 118 avant J.-C., axée autour du port de Narbonne. Dans cette province narbonnaise, la production viticole rencontre tellement de succès qu’elle fait vite concurrence aux vins de la péninsule italienne, au point qu’une bonne partie des vignes y sont arrachées sur l’ordre de l’empereur Domitien en 92 après J.-C.
Lorsque la viticulture est établie dans toute la Gaule par l’empereur Probus en l’an 276, le Languedoc reprend sa place privilégiée dans le paysage viticole français, qu’il ne cesse de conforter. Après l’introduction du chasselas, du muscat, et du carignan venu d’Espagne, ce sont les croisés qui enrichissent la gamme des cépages languedociens avec des variétés rapportées du Proche-Orient, que les monastères sont prompts à expérimenter et à exploiter.
A partir du VIIe siècle, bien avant les premières croisades, ce sont les moines qui ont pris le contrôle du vignoble. Leur implantation est principalement l’œuvre de Saint Benoît d’Aniane (750-821) qui développe et réforme l’ordre des bénédictins en Gaule, puis dans l’Europe entière, sous le règne de Charlemagne et de Louis le Pieux.
Spectaculaires sont l’ascension et l’œuvre de ce guerrier devenu moine, qui commence sa carrière comme œnologue en quelque sorte, puisqu’il est échanson à la cour de Charlemagne, chargé de goûter et de servir le vin, avant de se retirer dans les ordres pour servir Dieu. Il rentre à l’abbaye de Saint-Seine en Bourgogne où son ascétisme fait figure d’exemple. Cellérier – c’est-à-dire économe – de son établissement, il irrite plus d’un moine, car aux dires de son biographe Ardo : « comme il ne leur fournissait pas de vin à volonté, plusieurs le regardaient de travers. »
à suivre dans « Terre de Vignes » Charles Frankel au Seuil.
4- « Un américain dans les vignes de Corbières » Des Ligneris n’en venait pas moins y acheter des terres sélectionnées : ce qui l’intéressait en particulier, c’était ce qu’il appelait son « terroir d’exception ». Il avait réussi à déniche les meilleurs terrains du plateau des Corbières. Les vignerons du Vieux Monde respectaient cette maxime « Terre pauvre, grand vin ». Si les terres riches de la plaine étaient bonnes à quelque chose, c’était à produire du raisin en quantité ; mais les vignes rares se trouvaient sur les terres hautes, sur ces coteaux et plateaux bien exposés où le cep plongeait profond ses racines pour puiser l’eau et ses minéraux. »
« - Voilà ! s’exclama Des Ligneris d’un ton catégorique. Parlez-moi de culture bio. Ici, les voisins ne déversent pas de produits chimiques sur leurs terres. Pour une bonne raison : des voisins, il n’y en pas. Ici, les voisins, c’est le ciel et la garrigue.
Robert Camuto au café du théâtre de Fabrezan dans « Un américain dans les vignes » chez Michel Lafond
5- Les « 4 discours » des élus : souvenir du dernier Congrès d’Antoine Verdale de la CNCV à Carcassonne où, l’inénarrable Jacques Blanc, alors président de la région, occupa longuement le temps de paroles, rien que pour m’emmerder, sauf que les impératifs horaires de mon avion m’empêchèrent de prononcer le discours attendu par les congressistes, d’où leur ire contre le dit Président…6- « Le Lion des Corbières » Jean Vialade « L’existence de Jean a souvent ressemblé à la crue de ces masses d’eau écumante capables de tout emporter sur leur passage pour accomplir leur destin ? Destin de rivière (l’Orbieu) ou d’homme : de la source à l’océan, c’est presque la même chose. Et le flot des passions de celui que l’on a surnommé le « Lion des Corbières » n’a-t-il pas menacé maintes fois de déborder, au temps du CAV ? L’hérédité veillait, avec le sens de la mesure des paysans aranais et catalans desquels il est issu.
Le bio (en 1985) nous a pris à une époque où tout le monde était dans l’agriculture à outrance. Ils préparaient la vache folle. Avec d’autres, nous anticipions sur le besoin de retour au naturel. Dans la Corbière (il nomme son pays au singulier), nous n’avions pas d’autre solution. »
« Guerriers du vin une saga occitane » JP Juge Loubatières
7- Michel White-Smith : seul anglicisme toléré à l’Université de la Vigne et du Vin par Nadine Franjus-Adenis. Normal, il est si Français !
8- Pascal Frissant : quand on est Coupe-Roses, et qu’on est en plus un château pas étonnant que le Rocard, qu’aimait pas trop le locataire de l’autre Château, coupât les vivres à une feuille révolutionnaire.
9- Accord Mets-Vins : peu très nettement mieux faire. J’aurais aimé qu’on me laissât la liberté d’aller me mêler au peuple des vignerons. Les tables officielles j’ai beaucoup donné.
10- « Volem dire al païs » : content de revoir sur la toile Philippe Vergne qui a tant aimé Cap 2010.
11- Face de Bouc : j’y suis mais Dieu que les consultants sont gonflants ! « D'accord!» slide suivant...
12- Table ronde : il y avait une très jolie femme au premier rang et j’ai beaucoup regretté de devoir quitter si tôt, et la table ronde, et Ferrals-les-Corbières pour rejoindre la gare de Narbonne… mais je reviendrai pour aller à la rencontre des vignerons chez eux…
13- Merci à vous Nadine Franjus-Adenis de m’avoir invité… ce fut une belle journée avec un public nombreux, chaleureux, il ne vous reste plus qu’à recommencer l’année prochaine. Je compte sur vous pour les annales de cette session de l’Université de la vigne et du vin de Ferrals-en-Corbières.