Georges Frêche, même s'il lui arrive parfois de déraper grave, est un grand communicateur. Ainsi, lors du dernier SIA, il s'était fendu d'une lettre ouverte au futur Président de la République en défense de l'avenir de la viticulture de sa région, le South of France ou la Septimanie chère à son coeur. Afin d'assurer la promotion de sa missive ouverte il s'était offert le luxe d'un affichage surplombant le périphérique à hauteur de la porte de Versailles. Ainsi les franciliens, les français tout court, les européens en transit pouvaient prendre bonne note - le lieu est très bouchonnant - de l'engagement du grand Georges. Fort bien, me direz-vous, mais pour un gus qui se pique d'être à la pointe de l'info, évoquer un courrier vieux de 6 mois c'est du réchauffé. Bon prince je vous le concède mais il y a un mais par la grâce d'une forme de pied de nez : en effet, samedi dernier, dans un Paris au bord d'une Nuit blanche la prose du héraut de la viticulture méridionale en danger, sous mes yeux ébahis, s'est vue soudain tirée de l'oubli. Explication...
Plantons le décor : the triangle d'or du boboland, aux lisières du Marais, rue Ferdinand Duval, une boutique de produits de beauté bio-bio, clean, fun, que des crèmes indemnes de la chimie ravageuse des corps et des âmes urbaines stressés, le top, le nirvana des belles et du sexe opposé, le must absolu de l'argile rose... A la veille du Grenelle de l'environnement - un peu naphta l'appellation - que vois-je en ce temple de l'extrême futilité ? * : des pochons, munis de deux anses, confectionnés à partir de vieux journaux. Beautiful le recyclé ! Vive la durabilité ! Comme j'exècre la vulgaire poche plastoche des hangars de la GD j'en suis tout bouleversifié - à noter que je suis férocement cabas d'osier. Cependant, je l'avoue, mon plaisir ici tend vers l'extase que de voir bobos et bobotes exhiber, pendu à leur bras, à l'insu de leur plein gré, une missive en défense d'une viticulture, dont une part dit-on - je vous laisse le soin de mettre des noms sous ce on - suprême indécence, servirait de terreau d'un vin contre-nature, élaboré dans d'étranges officines par des chimistes froids, un breuvage formaté, mondialisé, martyrisé, déshumanisé, boisé, naufragé, mais pas chaptalisé, l'abomination de la désolation, un truc à vous redonner envie de signer une pétition coco ou même à se faire une petite révolution, un mai 68 en plus soft, bien sûr, car d'abord y'a plus de pavés à Paris, ou presque, et puis dessous la plage ce n'est plus que Paris-plage, en août...
Bon, j'entends certains me rétorquer que mon histoire de pochons recyclés ils n'en ont rien à cirer. Y z'ont tort ! Ben oui, réfléchissez une seconde, surtout les gars et les filles des grands bousins qui se piquent de faire de la réclame pour le vin. Mes pochons y sont dans le sens du vent, le bon sens bien sûr, celui du respect de la nature, avec en prime un clin d'oeil qui peut se transformer en pied de nez. Imaginez un scénario en deux temps. D'abord, par l'opération de l'esprit saint, dans un esprit d'ouverture, le Wine of France s'offre des petits placards dans la presse gratuite (la lettre recyclée du grand Georges était publiée dans Métro). Ensuite, parce qu'on a tiré large, très large, on récupère les non-distribués et on s'offre un grand recyclage en petits pochons offerts aux commerçants soucieux de leur environnement et pourquoi pas aux génies de la GD. Premier effet : coefficient multiplicateur du message énorme avec pas beaucoup de ronds ; second effet : verts les visages pâles de l'ANPAA et consorts, piégés par notre contribution désintéressée au respect de l'environnement ; troisième effet : on me porte en triomphe place de la Comédie à Montpellier -:). Le pied, le même que celui que je prenais lorsque notre caravane ministérielle descendait à la Préfecture de Région pour y célébrer une de nos grands messes viticoles et que nous devions déployer des trésors de diplomatie pour que le protocole respectât l'épiderme des grands feudataires pro et pol, surtout ceux de Georges F et de Gérard S...