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23 janvier 2023 1 23 /01 /janvier /2023 22:13

Chers tous,

Comme l'indique ma messagerie Orange, je suis parti dans les vignes.

Je vous manque ? Vous aussi me manquez, ainsi que nos rendez-vous quotidiens. Grâce et avec vous, je ne me suis pas vu vieillir, ni j'ai vécu ce qu'on appelle la retraite comme, justement une retraite de la vraie vie, mais au contraire comme la continuité d'une vie, une boucle dans laquelle il y a un temps pour tout. Je suis bienheureux de ne pas avoir été condamné à circuler en camping-car, et d'avoir plutôt contribué à faire circuler les idées, à mettre en lien, dans le domaine qui nous réunit, et qui, avouons-le, fait société depuis que l'homme est homme. Merci à vous les amis de Face de Bouc, les pros de Vitisphere qui témoignez de la vitalité de la vigne et du vin, à vous aussi les Anglo-saxons de Wine Business International, insulaires fidèles à votre réputation de grands amoureux du vin.

Maintenant, n'en jetez plus, et jetons-nous en un dernier pour la route !

Le Taulier.

PAX

Ce n’est pas le moment de mettre de l’eau dans son vin.

Pourtant, en nous laissant en plan ce bon Taulier nous met durablement dans l’embarras. Au restaurant, plus moyen de consulter la carte des vins sans que me vienne une larme à l’œil. Qu’en penserait Jacques ?

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JEAN HÉRITIER 06/12

J'ai rencontré Jacques quand il travaillait auprès de Michel Rocard au ministère de l'agriculture. Je me souviens des discussions passionnantes au sujet de la viticulture Languedocienne avec Antoine Verdale. Cet été il m'avait demandé de lui donner quelques conseils et adresses pour passer quelques jours de vacances dans les Corbières. J'aurais aimé discuté avec lui pour connaitre ses impressions de vacances. 

Un jour j'avais demandé à Jacques comment il faisait pour rédiger, rédiger et rédiger tous les jours pour alimenter son blog. Il m'avait répondu " pendant toute ma vie professionnelle j'ai écrit pour les autres, discours, textes de loi, communiqués rapports ... alors maintenant, je le fais pour moi".

Jacques nous manque ... J'aurais aimé lire son commentaire sur les manifestations Bordelaises ... et j'aurais ajouté un petit commentaire " Jacques 115000 ha de vignes dans le Bordelais ... surproduction... mévente... arrachage... distillation..., cela ne te rappelle pas la situation du vignoble Audois avant les accords de Dublin".

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PHILIPPE DOUTREMEPUICH 28/11

Je souhaite rendre un très amical hommage à Jacques Berthomeau et à faire part à sa famille de mes très sincères condoléances de toute ma compassion. J'ai connu Jacques lorsque nous enseignions à l'université de Constantine dans les années 70 et je l'ai retrouvé avec grand plaisir lorsqu'il officiait dans les cabinets ministériels et que nous avons eu l'occasion de travailler ensemble, notamment sur les problèmes viticoles dont qui est devenu un spécialiste unanimement reconnu. J'ai même eu le plaisir de le recevoir dans un gîte communal à Causse de la Selle dans l'Hérault, village dont je suis le maire depuis 1983 et nous alternions les parties de tennis et les dégustations. Tout en respectant comme se devait de le faire en haut fonctionnaire, il nous a aidé dans la démarche de passage en AOC. Cette collaboration avec les ministères où il y avait d'importantes responsabilités a toujours été fructueuse et enrichissante car il avait à cœur de valoriser les territoires. Je garde le souvenir d'un homme passionné et constructif et je me rends compte à travers tous ces témoignages que je n'ai pas été le seul à éprouver un grand plaisir en le côtoyant.

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VINZ RENOU 20/11

Salut Jacques, déjà une semaine que tu t'es fait la malle et pourtant j'attends toujours de voir quel bon petit plat tu t'es préparé ce midi.

Je ne pensais pas que tu me manquerais autant et pourtant !

"Fidèle en amitié" c'est ce que tu me disais quand je te remerciais de ressusciter mon père dans tes articles.

Amusez-vous bien désormais et continuez de débattre comme vous l'avez toujours fait. 

Ce midi on mange une de tes recettes et dimanche prochain, et certainement les autres qui vont suivre mettront à l'honneur ton amour de la gastronomie, je n'ai trouvé que cela pour à mon tour te ressusciter et être fidèle à ton amitié. 

Merci à ce grand Monsieur.

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AMANCIO TENAGUILLO CORTAZAR 13/11 

Quand le regretté Jacques Berthomeau citait en source le site CEPDIVIN à propos des vins du Postillon.

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OLIVIER NASLES 14/11

Un esprit brillant s’en est allé, comme il a vécu, discrètement, sur la pointe des pieds... La nouvelle nous a pris de court, Jacques Berthomeau est décédé ! 

De nombreux hommages par de fort belles plumes ont été rendus au « Taulier », comme il aimait à se surnommer et je ne suis pas forcément le plus à même d’en ajouter un supplémentaire mais je ne pouvais pas ne pas exprimer ma peine à cette disparition bien trop prématurée. La photo qui illustre ce post a très précisément 15 ans, j'avais alors eu le plaisir de l'introniser Echanson d'Honneur du Roy René. Jacques, l'homme de l’ombre, lui qui a murmuré à l'oreille de plusieurs Ministres n'aimait pas cette mise en lumière, mais par amitié, il avait accepté ! En 2010, sur son Blog que j'aimais lire, il avait publié un texte de Pierre Desproges qui résume tant ce moment de tristesse, je vous laisse le déguster. 

 « Je vais mourir ces jours-ci. Il y a des signes qui ne trompent pas : Sur le plan purement clinique, le signe irréfutable de ma fin prochaine m’est apparu hier à table : je n’ai pas eu envie de mon verre de vin. Rien qu’à la vue de la liqueur rouge sombre aux reflets métalliques, mon cœur s’est soulevé. C’était pourtant un grand Saint-Emilion, un château-Figeac 1971, c’est-à-dire l’une des plus importantes créations du génie humain depuis l’invention du cinéma par les frères Lumière en 1895. J’ai soulevé mon verre, j’ai pointé le nez dedans, et j’ai fait : « Beurk. » Pire, comme j’avais grand soif, je me suis servi un verre d’eau. Il s’agit de ce liquide transparent qui sort des robinets et dont on se sert pour se laver. Je n’en avais encore jamais vu dans un verre. On se demande ce qu’ils mettent dedans : ça sent l’oxygène et l’hydrogène. Mais enfin, bon, j’en ai bu. C’est donc la fin. »

A Dieu soit, mon cher Jacques en souvenir de tes années chez les curés de la Mothe-Achard ?

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JEAN-YVES BIZOT 13/11

https://www.vitisphere.com/actualite-97967-a-va-arracher-ou-crasher-dans-les-vignes-de-bordeaux-.html

Il y a encore 10 jours, j'aurais soumis cet article à ton analyse. Et puis je t'aurais appelé ou tu m'aurais appelé, nous en aurions discuté en refaisant un peu le monde à côté. Comme chaque fois. Ou tu m'aurais répondu par un laconique : " chronique en préparation."

D'ailleurs, ce matin, je t'ai envoyé ce lien via WhatsApp. Je ne crois toujours pas à ton silence même si je n'attends plus de réponse.

Alors voilà, il ne me reste plus aujourd'hui qu'à le soumettre à votre sagacité. Le blog de Jacques était un espace de liberté. Il aimait la discussion et les échanges d'idées. Nous devons continuer.

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AMANCIO TENAGUILLO CORTAZAR 11/11

Jacques Berthomeau n’est plus… Pendant des années j’ai lu ses délicieuses et impertinentes chroniques… je l’ai croisé une fois, une soirée, lors d’un dîner dans la cour du restaurant bar à vin L’Envers du Décor de notre ami commun François des Ligneris… alors, en hommage, cette lettre à l’ami François.

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PATRICK FORGEOT 10/11

Quelle tristesse le départ de Jacques Berthomeau qui nous régalait chaque jour et qui savait nous faire réfléchir sur la vie et les valeurs humanistes.

Sincères condoléances à tous ses proches .

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PACO MORA

L'ami Jacques s'en est allé,  Jacques,  celui  dont les billets réguliers étaient un régal pour l'esprit,  celui qui taquinait, celui qui n'avait pas son pareil pour manier l'humour,  l'autodérision et la réalité,  celui avec qui on était pas tout le temps d'accord,  mais qu'on quittait avec le sentiment d'avoir appris,  celui au parcours différent mais riche d'enseignements, celui qui avait loupé des révolutions, moi aussi j'ai le droit d'être taquin, en plus, je triche, tu ne peux répondre,  mais pas celle du vin en marche , celui avec qui on pouvait refaire le monde sans nous tromper d'adversaires,  celui qui partageait le vin ,  celui qui portait une belle idée de ce qu'il doit être,  celui qui aimait la vie , merci à elle d'avoir permis notre rencontre,  que la terre te soit légère ...

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CLAIRE DEVILLE 10/11

Notre petit Jacques s'est fait la malle...

On pense à toute notre famille du Lapin Blanc : Philippe, Florence, Mattia, Alexandra, Emilie, Mareva, Stéphane, Dominique, Christophe, Antonin, Anne, Judith, Idil, les Laurent et tous les copains...

C'était le parrain, l'irréductible, le fidèle, le père Noel, le bienfaiteur, l'emmerdeur, le client du midi, le client du comptoir, le cycliste du 14ème. 

On repense avec tendresse à tous ces moments partagés. On se repasse les images, tous vos visages. Et Jacques partout qui mange, qui boit, qui danse, qui nous instruit. Il va beaucoup nous manquer !

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AUDE LEGRAND 

Ses billets rythmaient nos semaines. 

A chaque invitation, Jacques répondait présent. Son vélo accroché au portillon du restaurant, "tiens, Jacques est arrivé"... j'espère qu'il n'y a pas besoin d'antivol au paradis. 

Tu dois déjà être en train de boire un verre de vin  avec St Pierre, et avoir un échange acéré !

Adieu Jacques Berthomeau et merci.

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RÉMY BOUSQUET 09/11

Une pensée pour Jacques Berthomeau.

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JEAN-LOUIS VALLET 09/11

Adieu Jacques !

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BERNARD DEVIC 09/11

Au revoir , l'Ami !

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JEAN HÉRITIER 09/11

Adissiatz Jacques comme on dit chez nous …. Ou tu étais cet été en plein cœur des Corbières entre Padern et Cucugnan.

Tu vas nous manquer !!!

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PHILIPPE GRUSSENMEYER 09/11

Triste décès d’un bon vivant : bonnes dégustations paradisiaques Jacques Berthomeau.

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OLIVIER GROSJEAN 09/11

Souvenir souvenir, une chronique croisée avec feu le Taulier, alias Jacques Berthomeau, qui a eu la bien mauvaise idée de nous quitter avant la fin programmée du monde.

C'était du temps où les blogs bloguaient (enfin, surtout le mien, le sien est toujours resté hyperactif...). Bye bye, Taulier, so long !

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FREDERIC TRUCHON 09/11

Tchao l'ami Jacques ! Quelle triste nouvelle.

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ERIC MORAIN 09/11

Tes billets de 6h du matin vont nous manquer mon pote.

Tout autant que nos verres qui s'entrechoquaient sur la terrasse d'Ici-Même (pas plus tard que l'été dernier), chez Passerina ou dans des salons interlopes de vins nus.

Cher Jacques, tu as rejoint la seule Appellation qui soit éternelle, sois heureux et nous trinquerons en souvenir de tes ronchonnades et de ton sourire malicieux.

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ISABELLE PERRAUD 09/11

Merci Jacques  de tous ces moments précieux que l’on a partagé ensemble. D’abord sur les réseaux sociaux puis sur les salons parisiens et lyonnais, ici avec Téo, nos RV parisiens où l’on partageait un resto, où tu me demandais de rappeler pour me raccompagner au train et en profiter pour boire un thé. 

Merci pour tes soutiens, d’avoir été là, de tous nos échanges où j’avais l’impression d’être une enfant et d’avoir tellement à apprendre.

Tu n’as pas dit aurevoir !

Je suis très triste ce matin d’apprendre la nouvelle de ton départ.

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ANTOINE GRUNER 09/11

C'est ainsi dont  je me souviendrai de l'Ami Jacques Berthomeau  au comptoir du grand Passerini lorsque nous nous croisions de très nombreux mercredi . Des discussions sans fin sur la gauche, la grande et la petite, celle à laquelle il avait participé, celle que j'ai aimé, celle qu'il a combattu.

Me restera aussi ces yeux curieux des Vins que nous lui faisions découvrir, ce plaisir non dissimulé  de la table, malgré son éducation de curé.

Allez, à la prochaine, peut-être !

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SYLVIE CADIO 09/11

Adissiatz Jacques Berthomeau. On s’était dit qu’un de ces jours on partagerait un poulet au vinaigre,  le poulet pour le verbe, le vinaigre pour l’esprit et les idées.  Ça ne se fera donc jamais, tant pis, dommage, encore un qui n’a pas tenu ses promesses.

Michel White. Michel Smith . Luc Charlier

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WINE BUSINESS INTERNATIONAL

France loses the creator of Vin de France and a formidable blogueur ;

In 2001, Jacques Berthomeau who died this month, shocked the French wine establishment by recommending the creation of a new classification called Vin de France that would enable producers to compete with varietal wines from the New World. Eight years later, his idea became reality. Today, it is a huge success - both for those exports, and - perhaps surprisingly for him - for many of the natural wine producers Berthomeau later wrote about in his blog.

Jacques Berthomeau, who died on November 6, at the age of 74 will be remembered by many wine-loving French-speakers as the author of a popular daily blog on food and wine, and by others as the author of an eponymous 2001 report that laid the foundations for the eventual modernization of the French wine industry. Few of the 15,000 people who loyally followed the 8,593 opinionated posts on food, wine and French culture Jacques Berthomeau published from 2005 until November 4th of this year will probably have read the Rapport Berthomeau – Berthomeau Report - that he delivered to the French minister of agriculture in 2001. Those who shared and applauded his enthusiasm for natural wine – he drank nothing else – may be surprised to learn that two decades ago, his focus was on persuading the government and wine industry to adopt something very like the model of  Vin de France we know today.

France Falls Behind

It was a very challenging period for French wine. In key export markets like the UK and US, Bordeaux and Muscadet were being supplanted by Californian, Australian and Chilean Cabernet Sauvignon and Chardonnay. France had limited means to compete. Regulations in AOC regions outlawed the mention of a grape variety – as did laws covering basic Vin de Table which also banned any reference to a vintage. The only major exception to this rule was Languedoc Roussillon where pioneers like the pasta magnate Robert Skalli were successfully producing varietal Vins de Pays.

At that time, Berthomeau had a very different image to his more recent one as the unshaven, 70-something year-old, t-shirted writer of discursive – some might say rambling - blogs that appeared at least once a day. Always on the left of the political scene, during the socialist François Mitterand’s time as president, he was a civil servant, acting as technical adviser first to the president of the National Assembly from 1981-1983, and then for the following three years to Michel Rocard, Minister of Agriculture, with responsibility for wine, fruit and vegetable production. He was also closely involved in the agricultural implications of Spanish and Portuguese membership of the EU.

Telling the Minister

After a two year move into the commercial world as director at the Pernod Ricard subsidiary, SVF – Societé des Vin de France -  he returned to government as director of the Cabinet of the Minister for Agriculture 1988-1992. Seven years later he went to see Jean Glavany, the Minister of Agriculture at the time, ”to tell him my doubts about the future of French wines. Without hesitating for a second he commissioned me [to answer the question: ‘How can French wines be better positioned for export?‘]. I had no idea that my writings would have such an impact.”

In his task, Berthomeau led a steering group made up of six personalities spanning French wine production and distribution. These included winegrowers Pierre Aguilas of Anjou and Jean-Louis Piton of Luberon; Pierre Mirc, head of the Sieur d’Arques cooperative in Limoux; Robert Skalli, Bordeaux negociant Jean-Marie Chadronnier and Jean-Louis Vallet of the Carrefour supermarket chain.

Into the Spotlight

While all seven shared the responsibility for their recommendations, the report itself was very much Berthomeau’s. The document was very much le Rapport Berthomeau - the Berthomeau Report. And it brought him a lot of fame.

Fighting Each Other

Berthomeau was critical of the fact that the wine producers’ “national game” was “to wage war on each other”. Bordeaux, for example, believed its biggest competitor was Côtes-du-Rhône ”The appellations d'origine contrôlée are fighting each other instead of working together to increase the market share of their products, in France and abroad.” He wrote, continuing that “The French wine industry is certainly fragmented, but building a common base and thus trying to stabilise the market share of wine is within its reach. The French wine industry will not be able to develop its sales or go into battle with the wines of the New World without this collective effort to win back the market.”

Even when they were focused on domestic sales, French communication campaigns were “aimed at an existing audience and not at potential new entrants.”. Ever the hedonist, Berthomeau bemoaned the French tendency to take wine too seriously and to underplay its role as an enjoyable beverage. Why, he wondered, did restaurants not offer more good wine by the glass? and why did they disapprove of diners taking unfinished bottles away with them at the end of a meal?

His report published in 2001, included a simple, but radical solution: create a new Vin de France designation that would allow wines from all wine regions to be sold with varietal designations and vintages.

Too Early

It was not welcomed by the industry which initially at least preferred to commission a succession of other reports, including one that proposed the creation of a ‘super AOC’ French equivalent of Italy’s DOCG.

This notion, championed by René Renou, head of the INAO went nowhere, while Vin de France quietly overcame resistance to be launched  as a category in 2009. A decade later, some 744 producers were selling 354m bottles a year, 16% of French still wine exports.

By then Jacques Berthomeau had long since left up his role in the civil service and, in 2005, focused on his Vin et Cie (Wine and Company) blog.

As he said, "There was a time when I used to joke with certain journalists that my dear mother had not named me "Rapport" but Jacques.”

Berthomeau’s contribution extended way beyond chairing the group and collating its conclusions.

“For almost a year, without anyone asking me to account for anything, I crisscrossed France, listened, read, discussed, and then one fine day in June, on my return from Vinexpo, I wrote this report… without any presupposed plan so that it would be read and understood, both by my client, the Minister, and his cabinet, as well as by as many people as possible.”

Becoming a Blogger

He described it as a “blog conceived as a space of freedom… Every day, with your breakfast… a free pen tries its hand at relevance and impertinence to create or recreate links between those who think that it is around the table where we share bread, wine and the rest for ‘a little sweetness, conviviality, shared pleasure, in this brutal world... ‘".

Writing about himself, he noted, "With wine, as with painting, I don't hoard, I don't buy the good stuff, I'm eclectic and after having a nice cellar when I had a lot of space, I now prefer to have instant pleasures. I hate official art and fixed hierarchies, so my blog is meant to be a defector, a storyteller, a transmitter of ideas, and a mood-setter, so that the world of wine can renew its links with the new generations, so that wine can return to people's lives..."

Ironically, and far from his expectations when proposing Vin de France as a means of competing with New World varietals in export markets, the category has been embraced by the innovative and often young natural winemakers of whom he became so fond. But these will not be the only French producers who will regret his passing.

A Personal Recollection

Magalie Dubois, Assistant Professor at the School of Wine and Spirits Business, Burgundy School of Business, knew Berthomeau well.

I contacted Jacques in 2010 to interview him about his report for my Master’s thesis.  He kindly accepted, we met at Le Select and ended up tasting wines with my friends in my little Parisian flat. He was 40 years older than me, but above all he was a free spirit, generation gaps were never a problem for him, as evidenced by all those who gathered around him on his birthdays, and on every occasion to enjoy honest food (I owe my taste for guinea fowl to him) and nice wines (natural, of course..

Over the years, thanks to his blog and his kindness, Jacques built up a network of friendships in the wine industry and beyond. Friendships that earned him a welcome everywhere, in Champagne at Olivier Horiot, Pascal Agrapart or Jacques Selosse, in Burgundy at Alice and Olivier De Moor, at Claude Chevalier when invited as honorary president of the Ladoix Serrigny march or even at Cantillon's in Brussels, to mention only the places where I had the pleasure of accompanying him. 

Recently I interviewed him again at length to write an article on natural wine, and he insisted on being introduced as a "retired, naked wine drinker". Visionary, generous, and facetious, he – and his daily dose of wit and wisdom will be sorely missed.

VITISPHERE

Disparition de Jacques Berthomeau, blogueur et rapporteur de la politique du vin
Ne mâchant pas ses mots, "le taulier" n’est plus, laissant une somme de pensées au service de la filière vitivinicole. Y compris une position ferme et caustique contre les nécrologies.

Par Alexandre Abellan. Le 10 novembre 2022

Disparition de Jacques Berthomeau, blogueur et rapporteur de la politique du vin
Fin bretteur et gourmet, Jacques Berthomeau se délectait à mettre les pieds dans le plat.

Connu pour son blog et son rapport éponyme, Jacques Berthomeau s’en est allé apprend-on sur le site des 5 du vin. Ayant remis en 2001 son rapport pour « Mieux positionner les vins français sur les marchés d'exportation » et lancé son site "Espace de liberté" Vin & Cie en 2005, ce docteur en droit public était un acteur éminent du débat sur la filière vin. « Le taulier » comme il se surnommait. N’hésitant pas à prendre la plume, souvent caustique et toujours acérée, le contrôleur général partageait ses positions et sa vision de la filière vin. Avec des milliers de pages disponibles, son blog regorge des sujets de débat de la filière : de la fin des droits de plantation aux récentes demandes d’arrachage.
« On partageait nos passions pour le vin et les bouquins. Il était drôle, inventif, vivant, d'une vaste culture et toujours très pertinent. Il était extrêmement difficile de le prendre en défaut » se souvient pour Vitisphere Patrick Axelroud, architecte catalan et ami de Jacques Berthomeau, commentant fréquemment son blog (sous les pseudonymes Pax et Mouche du coche). « Tes billets de 6h du matin vont nous manquer » salue sur Facebook l’avocat parisien Eric Morain, qui salue le « souvenir de tes ronchonnades et de ton sourire malicieux ». Sur les réseaux sociaux, les témoignages et hommages affluent.
Une civilisation, une manière d'être.
Mais comme le rappellent les 5 du vin, Jacques Berthomeau n’appréciait pas les nécrologies. Laissons-lui la conclusion de celle-ci avec sa défense du vin figurant dans son rapport : « Le goût du vin c’est bien plus qu’une banale affaire de papilles, même si bien évidemment l’art de la dégustation reste le bon chemin pour apprécier, mémoriser, développer sa culture des vins. Le vin on en parle, c’est une civilisation, une manière d’être. »

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Hommages à Jacques Berthomeau par ses fidèles, lecteurs et contradicteurs de la filière vin

Un vrai personnage, un grand intellectuel, un rapporteur turbulent, un fonctionnaire de gauche, un débatteur clivant. Maître dans la création de débats, Jacques Berthomeau laisse un souvenir fort à ceux l’ayant côtoyé lors de débats institutionnels ou de rencontres dans un bar à vin. Après sa disparition, ce 6 novembre à 74 ans, des personnalités de toute la filière vin partagent leurs souvenirs : du journaliste Jacques Dupont à la vigneronne Catherine Bernard, en passant par le fonctionnaire Éric Rosaz et la sommelière Pascaline Lepeltier.

Ce "provocateur, à la pensée libre, s’en est allé" pour Jean-Marie Fabre, président des Vignerons Indépendants de France.
Avec Jacques Berthomeau, c’est un provocateur, à la pensée libre, un casseur de codes qui s’en est allé ! Il se distingua par son rapport qui au début des années 2000, à partir d’une analyse factuelle des rapports de forces commerciaux avec nos concurrents, posait les bases d’une réflexion large des possibles pour notre filière, en défendant une stratégie commerciale offensive s’affranchissant de la codification AOP/IGP et en militant pour une stratégie marketing autour notamment de Vin de France ! Si on pouvait être en phase sur les nouveaux défis à relever et la nécessité de renforcer la performance des vins français, on a parfois été dans la confrontation d’idées et de solutions ! Mais cela il l’acceptait, je crois même qu’il le recherchait ! C’est avant tout un passionné du vin, au tempérament affirmé et un fervent défenseur du vin comme un produit d’exception, tout simplement défenseur d’un art de vivre !

Les souvenirs de la "gouaille", des "ronchonnades" et de la "culture littéraire" par maître Éric Morain (avocat à Paris)

J’ai rencontré pour la première fois Jacques Berthomeau en juin 2016 lors du procès en diffamation injuste - et qui se révèlera infondé tant en première instance qu’en appel - qu’Hubert de Bouärd avait cru devoir intenter à la journaliste Isabelle Saporta à la suite de la publication de son livre Vino Business (Albin Michel). Il avait été cité comme témoin pour raconter l’INAO (Institut National de l’Origine et de la Qualité) et ses arcanes vus de l’intérieur, lui qui avait été directeur de cabinet ministériel au temps de Michel Rocard. On avait discuté dans la grande salle des pas perdus du Palais de justice de Paris alors qu’il attendait d’être appelé par le tribunal. Sa gouaille, ses connaissances, sa gourmandise aussi d’être appelé à témoigner, m’ont immédiatement plu. Il avait eu la gentillesse de me dire qu’il suivait avec attention mes actualités judicaires vinicoles de l’époque (Olivier Cousin, Alexandre Bain, etc …), puis nous nous sommes plusieurs fois retrouvés dans des salons de vins nature (sous les pavés la Vigne notamment) ou encore dans notre Triangle d’Or à nous dans le Far-East parisien, entre la cave Ici-Même (et la formidable Claire), le restaurant Passerini (merci Gio et Justine) et le marché d’Aligre, lieu vrai et vivant comme on n’en fait plus guère à Paris. C’était l’occasion de boire un verre (notamment les cuvées militantes de Fleur Godart), il me demandait où en était la procédure si longue dite du Classement de Saint-Émilion, il avait des marottes, des ronchonnades, des emportements, des jugements parfois à l’emporte-pièce, une pointe de désabusement mais aussi une culture littéraire, cinématographique immense et une connaissance si pointue de l’histoire du vin, de ses Appellations et de cette administration si française qui se complaît dans des millefeuilles de complexité et d’absurdie. À la réflexion, nos rencontres ont presque toujours été des rencontres de hasard, il est des gens comme ça, comme des ombres qui nous accompagnent et que l’on croise au coin des rues. Il me plaira de croire encore, envers et contre tout, que je pourrai encore le croiser.

"Nous avons perdu un grand penseur" pour Pascaline Lepeltier, sommelière (à New-York).

Je ne l'ai jamais rencontré et nous n'avons jamais échangé directement (je pensais que cela arriverait un jour et que j'avais le temps...), mais nous avons perdu un grand penseur, un poil à gratter intellectuel unique et brillant, du monde du vin, qui l'aimait, on pouvait le ressentir, viscéralement et humainement.

Re-lecture du rapport Berthomeau : "nul n’est prophète en son pays" par Catherine Bernard, vigneronne (Pic Saint-Loup, Hérault)

J'ai rencontré Jacques Berthomeau en 2001, lors de la publication de son rapport sur l'exportation des vins français. J'étais alors journaliste. Je me souviens avoir été frappée par sa méthode, sa liberté, son bon sens, toutes qualités devenues rarissimes, surtout et en particulier chez les experts en tout genre que l'on convoque dès qu'il y a grain de sable dans une machine, en l'espèce, à l'époque, celle du vin. C'est avec les fils de son bon sens et de son franc-parler que nous avons tissé une solide amitié et une grande connivence.

Pour dire l'homme qu'il a été et les actions qu'il a menées, nombreuses, je suis retournée à son fameux rapport. Je dis fameux car il a fait grand bruit, longtemps et au-delà des frontières hexagonales, jusqu'à oblitérer son prénom. Le rapport Berthomeau a été salué par les Américains, les Australiens, les Anglais, les Néerlandais, les Sud-Africains, perçus alors comme de dangereux concurrents, pour finir tout à fait enterré par les acteurs de la filière viticole française, ceux-là mêmes qui le lui avaient commandé. On ne s'étonnera pas que la page consacrée à Jacques Berthomeau dans Wikipedia, l'encyclopédie participative et numérique, soit écrite en Anglais.  Nul n'est prophète en son pays.

Enterré son rapport, oui, mais non tout à fait non advenu. Dans un de ces pieds de nez qu'elle réserve aux velléités des élites, la réalité s'est chargée, à sa façon, de redistribuer les cartes, je pense en particulier à l'éclosion, bien des années plus tard, sur les étiquettes, de la grande famille Vin de France, laquelle abrite autant des vins issus de l'agro-industrie que des vins en marge, désobéissant aux doctrines figées des appellations, souvent qualifiés de nature, et que Jacques Berthomeau, témoin agissant, aimait appeler vins nus dans Vin & Cie, son blog quotidien qu'il a tenu jusqu'à ses derniers jours, lu comme une référence et l'une des sources d'information du mondovino.

Ma re-lecture du rapport Berthomeau remet en lumière l'homme. Je ne me souvenais plus qu'il l'avait assumé et écrit à la première personne, « je ». Jacques était le survivant d'une race en voie de disparition, celle des commis de l'État, engagés, guidés stricto sensu par la res publica et la suprématie de l'intérêt général, l'un et l'autre nourris non par des connaissances formatées et validées par des diplômes, mais par leurs racines et l'expérience. Et l'on conviendra qu'aucun arbre, pas même celui de la connaissance, ne peut croître sans un enracinement profond. La canopée n'est jamais que l'expression de la sève montée des racines.  Jacques puisait son engagement dans ses origines paysannes. Je souligne :  son enracinement faisait de lui un homme engagé, et non pas un mercenaire réfugié derrière le « nous », ou le « on » indéfini. On ne pouvait pas la lui faire. Cet engagement l'autorisait à promener son regard loin et large, à pointer du doigt, à mettre les pieds dans le plat. Je le cite : « Je crois que nous sommes en train de récolter ce que nous avons semé. Nos échecs à l'exportation trouvent principalement leur source dans un manque de rigueur ». Fort de son engagement, il pouvait même avoir l'audace de souligner en gras « le manque de rigueur ». Détail linguistique que tout cela ? Non, essence de l'être.

Je poursuis ma re-lecture du rapport Berthomeau, et je me surprends à sourire devant le surgissement de mots incarnés, comme « en rade », s'agissant d'un fonds d'investissement, « des tuiles qui nous tombent sur la tête », évoquant les scénarios d'une étude. Son expérience lui accordait la liberté de dire et d'agir. Homme libre parce qu’engagé, il avait aussi de l'esprit. Et cela a beaucoup aidé dans les missions impossibles qui lui furent confiées et qu'il conduisit avec une générosité don quichottesque. Jacques Berthomeau payait de sa personne. Cela aussi est devenu rare.

Balayant de son pragmatisme et de sa connaissance fine des enjeux agricoles « les pures réformes réglementaires », « les solutions miracles », il nous renvoyait, à « notre modèle historique » viticole, pour déterminer, selon les termes de la mission qui lui avait été confiée, quatre priorités stratégiques. Je citerai les deux premières, d'une actualité devenue brûlante : « a) devenir leader en matière de pratiques respectueuses de l'environnement, b) intégrer le vin dans la culture de nos principaux pays clients ». Puissent, lui disparu, ses qualités et ces valeurs qui l'animaient et qu'il n'a jamais cessé de porter, irriguer nos veines de vivants.

Christophe Bou, vice-président de l’Interprofession des Vins du Sud-Ouest (IVSO)

De Jacques Berthomeau, je garde d’abord le souvenir de son rapport éponyme. Il avait en son temps agité le landerneau viticole et initié des évolutions dans les mentalités. Tout n’a pas été réalisé, loin s’en faut, mais force est de constater que 25 ans plus tard, certaines réflexions et propositions sont des réalités.

Du plaisir de "ferrailler" avec Jacques Berthomeau par Éric Rosaz, directeur délégué agriculture et alimentation pour la région Sud à la Direction de l’Agriculture, de la Forêt et de l’Eau (DRAAF)

Apprendre la disparition prématurée de Jacques Berthomeau m’a très sincèrement attristé. Comme une madeleine de Proust, sa disparition me renvoie à mon passé professionnel où j’ai eu la chance de le croiser souvent et de « ferrailler » avec lui. J’ai encore mémoire tous ces moments passés ensemble à discuter et échanger sur la filière viticole française. Avec un homme de conviction comme lui, nos échanges étaient toujours passionnants et passionnés. J’aimais nos débats d’idées sur la filière viticole, confronter avec lui mes réflexions. Jacques était l’élégance même, un charmeur, un « dandy » de notre époque, un épicurien, gourmand de la vie et des plaisirs, une puissance d’écriture qui me fascine toujours, un maître des mots. De sa rubrique quotidienne, il laisse mine de rien une somme considérable d’écrits et de réflexions pertinentes sur la filière. La publication de son fameux « Rapport » l’a rendu célèbre dans le Landerneau viticole et pas seulement en France. À part lui, je ne suis pas certain qu’un haut fonctionnaire ait eu cette célébrité internationale en publiant un rapport. Mon dernier plaisir avec lui remonte il y a quelques années où nous étions sur une même tribune, ensemble, moi « avocat » de l’INAO expliquant combien cette belle et noble maison remplissait des missions importantes et utiles pour les AOC et IGP viticoles françaises et lui, véritable « poil à gratter » à venir expliquer devant un parterre de vignerons et consommateurs parisiens « nature » les contradictions de la filière viticole française et les dérives du tout AOC. On a bien ri et bien bu au final. C’était cela le plus important.

"Renais, Jacques" par Patrick Baudouin, vigneron (Layon, Anjou)

Jacques Berthomeau nous a quitté. Jacques rend son "rapport Berthomeau" en juillet 2001, dans lequel il écrit que « la notoriété de la grande ombrelle d’une appellation ne pourra pas éternellement couvrir des produits non conformes à leur définition ». René Renou, disparu en 2006, fait voter par le Comité National de l’INAO le 2 juin 2006 une nouvelle segmentation des aoc « la première (catégorie) répondant à des critères stricts de production relatifs à un lien fort au terroir, une notoriété établie alliés à des facteurs humains et naturels. Il s'agit des vins jouissant actuellement d'une forte valeur ajoutée. » Il décède le 18 juin.

Jacques, René : ils sont indissociables malgré leurs différences pour les vignerons qui, de « Vignerons dans nos aoc » en 1998, à « Sève » en 2005, et à tous ceux engagés aujourd’hui dans l’exigence « terroir », ont voulu rendre aux AOC l’éthique et le sens voulus par Joseph Capus en 1935 : « permettre au consommateur de distinguer facilement les appellations qui recouvrent des vins de qualité (vins fins) de celles qui ne s'appliquent qu'à des vins ordinaires ».

Aussi bien le rapport de Jacques que le vote de la segmentation de René sont restés lettres mortes, et pourtant, l’enjeu de la segmentation n’a jamais été aussi impératif pour l’avenir des vin français. La nouvelle présidence de l’INAO par Philippe Brisebarre y répondra-t-elle ? Aujourd’hui, nombreux sont les vignerons de « vins de lieux » qui se posent la question de l’AOC, de la segmentation, de la valorisation de leur marque privée, de la création d’autres collectifs, voire de la sortie des AOC.  Jacques Berthomeau n’a pas été écouté, respecté, mais il avait raison, comme René Renou. Comme les vignerons qui ouvrent et ouvriront d’autres voies pour les grands vins de terroir.

Un coup de projecteur sur "la partie sale" de la filière vin par Jacques Dupont, journaliste spécialiste du vin pour le Point

La nouvelle du décès de Jacques Berthomeau nous a tous surpris. Le gaillard semblait en pleine forme, la chronique quotidienne sur son blog montrait qu’il n’avait rien perdu de sa pugnacité. J’ai eu envie ou besoin de relire des passages de son fameux rapport sur l’état de la viticulture en France, une sorte de bilan et perspective, que nous avions largement cité dans le spécial vins paru en septembre 2001. A l’époque, il était enthousiaste. Nous avions auparavant déjeuné ensemble et prolongé la discussion fort tard dans l’après-midi. Il y croyait. Il disait des choses justes, il voyait clair. Je le cite : « Alors aujourd'hui faut-il que le vin fasse un effort, qu'il se plie à l'hégémonie du goût sucré, des saveurs fruitées, des arômes ? Pas si sûr - l'oenologie et la technologie ont déjà au cours de ces dernières années largement contribué à modifier considérablement le profil gustatif des vins - l'observation des grandes tendances de l'alimentation montre un retour aux valeurs sures, à l'authenticité, à l'origine car elles rassurent. » Nous étions alors en pleine euphorie "Parker" et un article en faveur de la bio dans le même spécial vins valut à l’auteur de ces lignes un courrier fourni et pas très obligeant. Jacques Berthomeau abordait aussi la partie « sale », ce dont on ne parlait guère entre gens du vin : le commerce, le marketing, la nécessité d’ajuster l’offre à la demande et non l’inverse, de recréer des marques fortes, des repères pour le consommateur. « Pour ma part, je pense que la marque est d’abord une porte d’entrée simple, rassurante pour le non initié habitué à ce type de confort dans ses autres actes d’achat alimentaire (…). Cette politique de marques, de gamme, pour la partie la plus volumique de nos vins n’a rien d’antinomique avec notre modèle vigneron. Elle le complète, elle le défend en lui donnant tout son sens. » Si l’on y réfléchit un tant soit peu, que manque-t-il aujourd’hui aux bordeaux et côtes du rhône qui réclament de l’arrachage ?

Évidemment, le sort du rapport Berthomeau fut celui de la plupart des rapports : les oubliettes. Il en fût assurément meurtri. Son blog s’ombrait parfois d’une sensation d’amertume. Ses partis pris et sa capacité à dégainer vivement la polémique révélaient peut-être aussi la blessure.      

Une rencontre marquante à vie par Magalie Dubois, enseignante à la Burgundy School of Business (Dijon).

Il est des rencontres qui marquent une vie, Jacques a été de celles-là. Un esprit affuté, un ami facétieux bienveillant et dissert, il va terriblement nous manquer.

"Jacques Berthomeau est passé de l’autre côté" par Michel Remondat, fondateur du site Vitisphere

Au début de ce siècle ? le monde du vin s’agite : la génération millénium (Les personnes qui ont eu 20 ans en 2000) porte un nouvel intérêt au vin.  Dans le même temps, les viticultures anglosaxonnes accélèrent : les Australiens lancent leur plan de développement « Stratégie 2025 », les vignerons californiens définissent leur « Wine vision ». Les vins australiens, américains, néo-zélandais, puis les vins sud-africains, chiliens partent à la conquête des marchés de l’Europe du Nord. Les ventes des vins français à l’export, tandis que la consommation de notre marché intérieur poursuit sa baisse.

La crise couve. Le ministère de l’Agriculture initie deux études (rapport Booz Allen 1993) puis en 1998 (Etude Ernst & Young). Les conclusions de ces deux études vont nourrir la réflexion de Jacques Berthomeau. Il fixe 4 ambitions à la viticulture française pour 2010 :

- Devenir leader en matière de pratiques respectueuses de l’environnement,
- Intégrer le vin dans la culture de nos principaux pays clients,
- Rester le pays fournisseur prééminent du marché mondial,
- Renforcer la communication entre les viticulteurs et les entreprises, et la communication auprès du grand public.

Ces propositions longuement détaillées dans la deuxième partie rapport Berthomeau provoqueront un vigoureux débat dans les organisations viticoles, mais il ne se passa rien au niveau national. Dans le meilleur des cas, des Syndicats de producteurs et/ou des Entreprises s’inspirèrent dans leur Région du rapport Berthomeau.

Le temps est passé. A partir de 2015, le comportement des consommateurs évoluent, les impacts du réchauffement climatique s’accentuent. Toutes les activités humaines, et en particulier les métiers de l’agriculture, sont concernées. Pour la viticulture française, plus que pour ses concurrents, l’anticipation et l’adaptation a un nouvel environnement mériteraient peut-être un nouveau rapport Berthomeau.

…/...

« Qu’elle belle miscellanée que voilà! »

Hem hem ! Il y a là comme un petit air de cette mouche du coche quand elle jouait au Cuistre dans les commentaires des Chroniques.

« Nihil obstat ! Imprimatur ! »

Et vas-y que je te remets ça ! Mais ce sera le chant du cygne de ce pédant de pax.

Fidèlement

Pax

 

 

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