15 mai 2014
Le Singe en hiver la réplique culte de Gabin « Il ne faut pas mélanger les grands-ducs et les bois-sans-soif. Oui monsieur, les princes de la cuite… » ICI
C’était au temps où le sieur Axelroud, encore non converti aux vins nus, opérait sur cet espace de liberté en tant que commentateur. Déjà Ciné Papy sommeillait en lui...
Moi, je notais :
Le Singe en hiver d’Antoine Blondin, cité comme favori pour le Goncourt 1959, se le vit souffler par un inconnu André Schwarz-Bart pour Le dernier des justes. En compensation il reçut le prix Interallié. Son collègue d’alcools de nuit Roger Bastide le charrie gentiment « Notre Blondin d’amour, sous son apparent détachement pour les distinctions officielles, rêva du Goncourt au moment d’un Singe en hiver. Cette légitime ambition, renforcée par les assurances de son éditeur, dut même le soutenir dans sa chambre d’hôtel à Mayenne quand « un grand engourdissement » le réduisait à l’impuissance devant la rame de papier blanc. »
Henri Verneuil, bien avant l’attribution de l’Interallié, s’empressa d’aller placer le roman sous le nez de Jean Gabin qui tournait aux studios d’Épinay avec Jean Delannoy. « Je viens de le terminer, lis ce roman, tu vas être ravi… sans être vraiment convaincu que ce conseil allait être suivi. Gabin ne lisait que France-Soir et l’Équipe précise Verneuil en ajoutant, c’était de la paresse. »
L’a-t-il lu ?
Nul ne le sait mais, à cette époque, dans les années 60, « la trilogie Verneuil-Audiard-Gabin formait une équipe soudée… par le succès. »
Aujourd’hui c’est « Un singe en hiver » 1953
Pourquoi ce film ?
Tout bêtement parce qu’il faut bien se remettre à l’ouvrage et parce que le 19 août 2022, une pleine page du Figaro (amené à la maison par mon épouse préférée) titrait : « L’ivresse des nuits blanches » long article consacré à Antoine Blondin écrivain que je cacherai au fond de mon cœur si j’en avais un.
Quelle est l’histoire ?
En juin 1944, Albert Quentin ancien fusilier marin en Chine, tient, avec sa femme Suzanne rencontrée à La Bourboule, l'hôtel Stella dans le village de Tigreville, sur la côte normande aux environs de Deauville.
Il se laisse souvent aller à trop boire, ce qui le porte à la nostalgie de sa jeunesse militaire vécue sur le Yang-Tsé-Kiang. Lors d'un bombardement en juin 1944, il promet à Suzanne de ne plus boire si l'hôtel échappe à la destruction ; promesse tenue.
Quinze ans plus tard, débarque un soir Gabriel Fouquet homme jeune et remuant, publicitaire de son état. Fouquet boit pour effacer l'échec de sa vie sentimentale avec Claire qui vit à Madrid, « voyager » en Espagne grâce à l'alcool, et rêver de tauromachie. Il vient voir sa fille Marie pensionnaire à Tigreville, dans une pension dont Mme Victoria, la directrice pourtant française, ne parle qu'anglais.
Les deux hommes, qui n'ont pas « le vin petit ni la cuite mesquine », vont connaître deux jours d'évasion grâce à l'ivresse, l'un en Espagne et l'autre en Chine. Ce sera l'occasion d'un duo a cappella sur la fameuse chanson Nuits de Chine. L'apothéose de cette soûlographie est atteinte avec un feu d'artifice « dantesque » sur la plage. Le lendemain, Gabriel part en train avec sa fille, qu'il a sortie de sa pension, alors qu'Albert se rend sur la tombe de son père. La vie sépare les deux hommes en gare de Lisieux. Avant ce changement de correspondance, ce dernier « a le temps de raconter à la petite Marie l'histoire de ces singes chinois qui, en hiver, se perdent dans les grandes villes et pour lesquels les habitants, sûrs qu'ils ont une âme, dépensent beaucoup d'argent pour les reconduire en train dans la jungle ». (Merci Wikipédia ! On ne saurait mieux dire)
Réalisation Henri Verneuil
En 1959, avec Fernandel, il tourne « La Vache et le Prisonnier », comédie se déroulant durant la Seconde Guerre mondiale. Ultime collaboration entre les deux hommes, le film obtient un succès mondial.
En 1961, la MGM passe une commande de trois films avec le trio Henri Verneuil (à la réalisation), Jean Gabin (acteur principal) et Michel Audiard (au scénario).
De cette collaboration naît d'abord,
- « Le Président » en 1961, drame politique inspiré d'un roman de Simenon.
- Suit, « Un singe en hiver » 1962, comédie dramatique adaptée d'un roman d'Antoine Blondin dont Gabin partage la vedette avec Jean-Paul Belmondo.
- Le contrat se termine avec « Mélodie en sous-sol », lancé en 1963, « film de casse » où, cette fois-ci, Gabin côtoie Alain Delon. Ce dernier film offre définitivement au cinéaste sa réputation à l'échelon international.
Dès lors, Henri Verneuil acquiert le statut de réalisateur de superproductions avec des stars internationales. Malgré les critiques de la Nouvelle Vague, qui voient en lui un représentant du « cinéma de papa », Verneuil continue de tourner, enchaînant avec « Cent mille dollars au soleil », film d'aventure se déroulant en Afrique et réunissant Jean-Paul Belmondo, Lino Ventura et Bernard Blier. Suit le drame de guerre « Week-end à Zuydcoote » 1964toujours avec Belmondo. Il part ensuite aux États-Unis tourner « La Vingt-cinquième heure » en 1967 et « La Bataille de San Sebastian » 1969, tous les deux avec Anthony Quinn.
De retour en France, avec l'appui de la 20th Century Fox, il met en scène « Le Clan des Siciliens ». 1969 Ce drame policier réunit trois grandes stars du cinéma français, Jean Gabin, Lino Ventura et Alain Delon, et sera un des grands succès commerciaux de la carrière de Verneuil.
(Extrait de l’article que lui consacre Wikipédia)
Qui fait quoi ?
Jean Gabin : Albert Quentin, patron de l'hôtel « Stella »
C’est sans doute à un caprice de star que l’on doit ce film.
Originellement, le producteur souhaitait tourner un film tiré du roman de Roger Vercel, « Au large de l'Eden », histoire d'une mutinerie menée par un capitaine de terre-neuvas. Le producteur Jacques Bar avait donc réservé un bateau chez un armateur de Saint-Malo. Gabin en montant sur le bateau trouve que « ça sent la morue », que ça lui donne mal au cœur, il ne veut pas faire le film.
Michel Audiard propose alors d'adapter un livre de Blondin, « Un singe en hiver ». Il y est formidable. étonnant de sobriété (hips ! pardon !) quand on connaît son gabarit et sa présence. Il est à l’unisson de Paul Frankeur, autre taulier de la ville et se parlent, en tant qu’acteur, d’égal à égal. Un peu moins de personnage à personnage car l’un n’a jamais essuyé que les crachins de Normandie alors que l’autre a vu le bout de la nuit.
A la ville Frankeur et Gabin étaient plus que potes de vrais amis. Ce qui explique qu’on les voit souvent ensemble à l’écran
Jean-Paul Belmondo : Gabriel Fouquet
Tout aussi formidable. Déjà acteur confirmé Belmondo n’a pas encore atteint son statut de star et nous épargne ici ses guignolades de guignolo. Il affiche même, avec beaucoup de talent quand on connaît le bonhomme, une certaine timidité qui sied au personnage quand il est à jeun. De même, il ne dérape pas quand les scènes où il est imbibé pourraient l’y inviter. Au contraire, avec brio et avec Gabin, il esquisse de savoureux pas de deux ou chacun, tour à tour même la danse, avec des faux airs, mais je vous en prie, à vous de jouer. Le tout, toujours avec légèreté ce qui reste une prouesse pour ces deux acteurs, poids lourds de la profession. Leur complicité est totale et on les sent, sans qu’ils n’en laissent rien paraître, jubiler intérieurement
Suzanne Flon : Suzanne Quentin, la femme d'Albert
Nous l’avons déjà rencontré dans « Fauteuil d’Orchestre » 2006 (voir fiche)
Gabrielle Dorziat : Mme Victoria, la directrice de la pension Dillon
Elle se produit de nombreuses années au théâtre, son premier engagement est au théâtre du Parc de Bruxelles en 19001. Denys Amiel la fait revenir d'Égypte pour interpréter Trois et une. Elle joue ensuite, en 1936, dans Espoir d'Henri Bernstein au Théâtre du Gymnase2. Elle fut la partenaire de Lucien Guitry et de Louis Jouvet, interpréta avec autorité Paul Bourget, Henri Bernstein, Jean Giraudoux et Jean Cocteau.
À partir de 1936, elle commence une carrière au cinéma avec de nombreux rôles de femmes de caractère et joue dans plus de 70 films. Elle obtint, en 1949, le prix féminin du cinéma de la meilleure interprète.
Marcelle Arnold : l'infirmière de la pension
Elle tourne beaucoup dans les années 1950, souvent dans des films de consommation courante. Son physique un peu chevalin la prédispose à des rôles de vieille fille qu'elle tient avec talent. Pour mémoire, elle était la sœur de Bourvil dans « Le Passe-Muraille ». Pierre Dux l'engage comme pensionnaire de la Comédie-Française où elle passe plusieurs saisons dans les années 1970.
Charles Bouillaud : le chauffeur de taxi
De « Hôtel du Nord » 1938 de Marcel Carné à « Le Jour d'après » 1965 (Up from the beach) de Robert Parrish ce sont quelques cent quarante-quatre films que présente la carrière de cet acteur mort relativement jeune, à soixante et un an
Hélène Dieudonné : Joséphine, une habituée du café
Grâce à son père, elle côtoie enfant Sarah Bernhardt, Lucien Guitry et Charles Le Bargy.
À onze ans, elle monte sur les planches à Monte-Carlo pour jouer aux côtés de son père puis entre au Conservatoire dans la classe de Paul Mounet où elle se lie d'amitié avec une autre élève, Françoise Rosay.
Elle devient une actrice connue tant au théâtre qu'au cinéma muet. Célibataire, elle perd un fils, Jean Jacques âgé de 10 mois en 19233. Puis, elle se marie le 30 septembre 1927, à Châteauneuf de Grasse (Alpes-Maritimes) avec Antoine Marius Hugues et interrompt sa carrière, partant vivre dans le Midi de la France pendant dix-sept ans. Elle perd leur jeune enfant, puis son mari et décide, à cinquante-huit ans, de remonter à Paris.
Mais elle est oubliée et ne trouve pas de rôles, c'est grâce à son amie Françoise Rosay, qu'elle remonte sur les planches en 1953 dans une pièce Le Vivier d'Henri Troyat où elle joue également. Elle la retrouve au cinéma dans un film de Rinaldo Bassi, « Un merveilleux parfum d'oseille » 1969 aux côtés de Jean Carmet, Jacques Dufilho, Véronique Verlhac, Yves Rénier et Francis Blanche.
Elle participe à de nombreuses pièces, notamment « Les portes claquent » de Michel Fermaud, avec Jean-Claude Brialy où elle joue la grand-mère, rôle qu'elle reprit plus tard, dans la version filmée en 1960. Parmi les films auxquels elle a participé, notons « La Belle Américaine » 1961 et « Le Petit Baigneur » 1967, tous deux de Robert Dhéry et « Le cave se rebiffe » de Gilles Grangier en 1961.
Geneviève Fontanel : Marie-Jo, la serveuse de l'hôtel
Un de ses spectacles les plus populaires reste son interprétation, au début des années 1980, d'une adaptation théâtrale du roman Le Journal d'une femme de chambre d'Octave Mirbeau. Elle en enregistre également une très belle adaptation due à Jacques Destoop, en 1991, parue en CD audio, aux éditions Des Femmes (La Bibliothèque des voix / série Antoinette Fouque présente... / réalisation : Michelle Muller).
Le répertoire de Geneviève Fontanel doit beaucoup plus au théâtre et à la télévision (Annette dans Vidocq, par exemple) qu'au cinéma qui ne lui a offert que des rôles secondaires.
Gabriel Gobin : un habitué du café
Premier prix de comédie du conservatoire de Lille en 1928, il commence sa carrière sur les planches des théâtres de province et de Belgique puis monte à Paris en 1935. Il y intègre la troupe de Georges Pitoëff et interprète, entre autres, Jean Anouilh, Marcel Achard, Stève Passeur, Noël Coward.
Il débute au cinéma en 1947 dans le film Monsieur Vincent de Maurice Cloche. Dès lors, il s'avère un second ou troisième rôle indispensable dans plus de cent films des plus grands metteurs en scène parmi lesquels Yves Allégret, Georges Lampin, Jean-Paul Le Chanois, André Cayatte, Henri Verneuil, Gilles Grangier… où il donne la réplique à Pierre Fresnay, Bernard Blier, Louis de Funès, Jean Gabin...
À partir de 1956, il participe à de nombreux feuilletons ou dramatiques télévisés : Les Cinq Dernières Minutes, En votre âme et conscience, L'Homme du Picardie, La malle de Hambourg, Le Secret des Flamands…
Sylviane Margollé : Marie Fouquet, la fille de Gabriel
Découverte à quatre ans et demi par Julien Bertheau, alors qu'elle accompagnait sa sœur à un cours de danse à l'École de spectacle2, Sylvie Margollé débute sur scène et au cinéma à six ans. Dans les années 1950 et 1960, elle incarne la petite fille au visage triste du cinéma et de la télévision. Elle est notamment Cosette dans l'adaptation des Misérables pour le Théâtre de la jeunesse et Mimi dans la série à succès « Le Trésor des 13 maisons », aux côtés d'Achille Zavatta.
Lucien Raimbourg : le jardinier de la pension
Nous l’avons déjà rencontré dans « Avant le déluge » 1954 (voir fiche)
Paul Frankeur : Lucien Esnault, le patron du café
On se souviendra de lui dans « Marie Octobre » 1959 voir fiche et dans « Avant le déluge » 1954 ou encore dans « Le Deuxième Souffle » 1966 de Jean-Pierre Melville
À Saint-Germain-des-Prés, il côtoie Jacques Prévert et Maurice Baquet et se lie au groupe Octobre.
Il tournera dans plus de quatre-vingts films en France et en Italie.
Il partageait avec Jean Gabin et Lino Ventura la passion de la bonne chère. La solide amitié qui le liait à ces deux grands acteurs se traduisit par une présence commune dans de nombreux films, parmi lesquels plusieurs classiques. Paul Frankeur reste une figure attachante du cinéma, dans des seconds rôles où sa justesse d'interprétation lui valait d'être distingué. Par son timbre de voix, reconnaissable entre mille, il affirmait sa présence à l'écran.
Noël Roquevert : « Landru », le patron du « Chic Parisien »
Nous l’avons déjà rencontré dans « Marie Octobre » 1959 (voir fiche)
Camille Guérini : le maire du village (non crédité)
En 1935, il est engagé par Marcel Nancey au théâtre des Deux-Masques à Paris, où il connaîtra un premier vrai succès dans « Le Club des gangsters ». L’année suivante, il accepte un contrat de longue durée au théâtre du Palais-Royal où il restera jusqu’en 1945. Durant ces années, il débute au cinéma, et devient l’un des pionniers du doublage, prêtant sa voix notamment à l'acteur Keenan Wynn ainsi qu'à de nombreux personnages de dessins animés Disney. Sa personnalité joviale en fait un second rôle recherché dans le cinéma français de l’époque, aux côtés entre autres de Louis Jouvet et Jean Gabin.
Au théâtre, il passe du « boulevard » à un répertoire plus sérieux. Il crée notamment des pièces de Jacques Audiberti, Jean Anouilh, Paul Claudel et Marcel Aymé. Mais c’est la télévision qui le révèle véritablement au grand public, avec des rôles de premier plan, dans notamment le Théâtre de la Jeunesse. Sa mort prématurée en 1963 sera saluée par un hommage télévisé de Claude Santelli en ouverture d'une rediffusion exceptionnelle de Un pari de milliardaire.
Paul Mercey : le marchand de poissons
Paul Mercey a commencé comme chansonnier, à Genève, au « Caveau » (1942-1943) et à « La Boîte à Musique » (1944-1947).
Il a joué Henri, le barman du bowling des Tontons flingueurs, et est également présent aux côtés de Jean Yanne dans beaucoup de ses sketches (Les Routiers mélomanes, L'Accident de chars (à Rome)) et de ses films.
Il joue le rôle du moustachu du bain turc dans La Grande Vadrouille en 1966, aux côtés de Louis de Funès et de Bourvil, le voisin en colère du colonel Matthews dans Le Cerveau en 1969 mais aussi le curé à qui Louis de Funès fait des grimaces dans « Le Gendarme en balade » en 1970.
Henri Verneuil : un officier allemand du générique
Henri Verneuil est présent dans le film au moment où son nom apparait à l'écran au générique : il est l'officier allemand qui monte l'escalier. Il est également et comme souvent la « voix » du haut-parleur de la gare. Une façon de cameo à la Hitchcock.
Dont la définition selon Wikipédia est : « Un caméo, également appelé passage éclair1 ou vedette éclair2 (essentiellement au Québec), désigne, dans le monde de l'image, et plus particulièrement au théâtre et au cinéma, l'apparition fugace d'une personne membre de l'équipe de tournage ou autrement célèbre. Caméo est un terme emprunté à l'anglais qui l'a lui-même emprunté à l'italien cameo ou cammeo, signifiant camée ».
Gaston Meunier : un touriste attablé à l'auberge
Plus que jamais cédons la parole à Wikipédia : « On ne sait rien de cet acteur qui ne fit que de brèves apparitions, souvent muettes, dans des films et des séries télévisées entre 1961 et 1980. »
Et si pour une fois on parlait musique
Michel Magne
Compositeur de musiques de films français incontournable dans les années 1960 et 1970. De formation classique, mais d'un esprit musical très ouvert, il passe de la musique concrète à la variété (il accompagne avec son orchestre notamment Henri Salvador), puis à la musique de film avec 73 bandes sonores originales.
En 1962, il achète le château d'Hérouville dans le Val-d'Oise. En 1969, un incendie criminel dans l'aile nord détruit la totalité des bandes originales de ses œuvres, dont il ne possède aucune copie. Cet événement est terrible pour le compositeur. Il décide malgré tout de recréer les œuvres disparues.
Il lui faut pour cela un outil de travail. La même année, après de longs travaux d'aménagements, il installe donc un studio d'enregistrement professionnel dans les vastes combles de l'aile sud de sa demeure. Il invente ainsi le concept de studio résidentiel, très imité depuis, notamment dans les pays anglo-saxons (The Manor par exemple). Considérant l'investissement croissant auquel le mène son perfectionnisme, il décide d'en faire une structure commerciale. Après des débuts modestes, à la suite de T. Rex, de nombreux groupes et artistes viennent enregistrer chez lui, comme Pink Floyd (Obscured by Clouds), Grateful Dead, les Bee Gees, Jean-Christian Michel avec Kenny Clarke ; Michel Polnareff, David Bowie, Claude Nougaro, Jacques Higelin, Saint-Preux, Salvatore Adamo, Nicoletta, Elton John, Alan Stivell, Dan Ar Braz, Ange (Le Cimetière des Arlequins), Il était une fois, etc., et font du Studio d'enregistrement Michel Magne à Hérouville le lieu d'enregistrement à la mode pour les plus grands groupes de l'époque.
(Sa triste fin dans l’article de Wikipédia le concernant )
Et pourquoi pas, pour une fois aussi du décorateur
Cette fois ci, ce sera la deuxième fois car nous avons déjà rencontré Robert Clavel comme assistant décorateur de Max Douy pour « Les dames du Bois de Boulogne » 1945
Les réalisateurs avec lesquels Robert Clavel collabore le plus durant sa carrière (comprenant près de quatre-vingts films français, parfois en coproduction) sont Henri Verneuil (douze films, et André Cayatte (dix films). Ce dernier réalise notamment les quatre derniers films du chef décorateur, « Verdict » 1974, avec Jean Gabin et Sophia Loren, « À chacun son enfer » 1977, avec Annie Girardot et Bernard Fresson, « La Raison d'État » 1978, avec Jean Yanne et Monica Vitti, et enfin « L’Amour en question » 1978, avec Annie Girardot et Bibi Andersson.
Le trio gagnant est Verneuil, Audiard et François Boyer.
On doit à ce dernier des scénarios de quelques grands classiques du cinéma français, tels que « Jeux interdits » 1952 (tiré de son roman Les Jeux inconnus), « La Guerre des boutons », 1962 et « Week-end à Zuydcoote. » 1964 Il intervient souvent à titre de dialoguiste et travaille maintes fois en collaboration avec Henri Verneuil ou Yves Robert. Il apparaît brièvement dans le rôle du prêtre dans « La Guerre des boutons » 1962
Quelques « mots » d’Antoine Blondin
L’une des raisons de la dérive de Fouquet/Belmondo c’est le départ définitif de Claire « partie avec la clé » écrit Blondin. Elle lui disait : « le seul obstacle entre nous, c’est la boisson. » Il répondait : « Je boirais l’obstacle ».
Parmi ses copains Jacques Laurent dira de lui : « Il buvait comme il respirait, pour vivre »
Mais le grand ami entre tous c’était Roger Nimier avec qui il faisait les quatre cents coups. Blondin était un habitué des commissariats. Une nuit raflé par les « hirondelles » car sans le sou pour payer sa note de bar il se retrouve au poste. Il a droit à un coup de fil pour réunir la somme. Il appel Nimier. Et attend. Juste avant le passage du panier à salade devant emmener tous ces oiseaux de nuit au Palais de Justice, une voiture de grande livrée barre la rue du commissariat. Un chauffeur en livrée et gants blancs entre et lui tend une enveloppe bourrée de billets : « Voici Monsieur » dit le chauffeur « Merci Etienne » répond Blondin qui sort et monte dans la voiture dont la portière lui a été ouverte devant les agents ébahis. C’était Nimier
Au « Hélas, pourquoi suis-je moi ? » de Stendhal il fait échos « Je ne suis pas un individu triste, je suis juste un triste individu »
Blondin revendique la noblesse de l’ivresse qui fait de vous les milords et n’a rien à voir avec les pochtrons. Ainsi la profession de foi de Quentin : « Des ivrognes vous ne connaissez que les malades, ceux qui vomissent et les brutes. Il y a aussi les princes incognito… sont entourés de ténèbres et d’éclairs poids, ce sont des funambules persuadés qu’ils continuent d'avancer sur le film alors qu'ils l'ont déjà quitté … »
Le roman a mis dix ans à être terminé *. L’éditeur de Blondin l’enfermait dans des chambres d’hôtels ce qui, sur les rapports des tauliers fait dire à cet éditeur avec les mots employé dans le film Blondin: « Une nuits sur deux, Quentin Albert descendait le Yang-Tseu-Kiang dans son lit bateau. »
* Blondin rendait des manuscrits avec, à pleine, quelques ratures mineures et ne nécessitant que très peu de corrections.
Pax
Prochainement « …*»
* Selon l’humeur du moment occupé comme il est par ses devoirs de vacances.