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1 octobre 2022 6 01 /10 /octobre /2022 06:00

Une page d’un journal iranien avec une photo de Mahsa Amini, dont le décès est à l’origine des révoltes en Iran.

Malgré la répression, le mouvement de protestation contre le régime en Iran ne faiblit pas. Sur Twitter, une jeune Iranienne est devenue ce week-end le symbole de la bataille pour le droit des femmes. Sa reprise en persan du chant révolutionnaire italien Bella Ciao a ému les internautes du monde entier. Si pour certains c’est une découverte, il ne faut pas oublier que la chanson nous vient du XXe siècle

 

ICI 

 

Voilà dix jours que la contestation grandit partout en Iran, pour dénoncer la mort de Masha Amini, détenue par la police des mœurs pour un foulard mal ajusté sur ses cheveux. Les mouvements de protestation ont éclaté dans les rues du pays le 16 septembre 2022, immédiatement après le décès à l’hôpital de la jeune femme de 22 ans, arrêtée trois jours plus tôt à Téhéran pour « port de vêtements inappropriés » et non-respect du très strict code vestimentaire pour les femmes en République islamique d’Iran. Depuis, la répression du régime est violente, condamnée par les organisations non-gouvernementales internationales, et la colère ne cesse de monter dans la rue, mais pas seulement. La protestation se poursuit aussi sur les réseaux sociaux.

 

 

Alors que le pays est progressivement débranché d’internet par le régime, une vidéo a ému les internautes du monde ces derniers jours, sur Twitter. La séquence, devenue virale, comptait ce lundi 26 septembre 2022 pas moins 51 000 « j’aime » et 27 000 retweets. Postée par le compte @Gandom_Sa007, et relayé en France par Farid Vahid, directeur de l’Observatoire de l’Afrique du Nord et du Moyen-Orient de la Fondation Jean-Jaurès, elle montre une jeune Iranienne, dont on ne connaît pas l’identité, reprenant Bella Ciao en persan. 

 

Cette nouvelle mise en lumière pour ce chant partisan italien n’est pas la première. Dans des circonstances moins dramatiques, cette chanson avait déjà été remise au goût du jour, devenant même un tube planétaire, grâce à sa reprise dans la série espagnole Casa de Papel, diffusée sur Netflix. Mais l’origine de Bella Ciao est bien plus ancienne, et sa création remonte à plus d’un siècle.

 

 

D’abord un chant ouvrier italien

 

Car au tout début, Bella Ciao est un chant ouvrier, dont la datation précise est difficile. Les « mondines », ces ouvrières saisonnières piémontaises qui travaillaient dans les rizières italiennes de la plaine du Pô à la fin du XIXe siècle en seraient à l’origine. À travers ce chant, ces femmes protestent contre leurs dures conditions de travail : courbées toute la journée, de l’eau jusqu’aux genoux, elles devaient désherber les rizières d’Italie du Nord et repiquer des plants de riz, le tout sous surveillance.

 

Les premières strophes de la version originale le racontent : Alla mattina appena alzata (Le matin, à peine levée) / In risaia mi tocca andar (À la rizière je dois aller) / E fra gli insetti e le zanzare (Et entre les insectes et les moustiques) / Un dur lavoro mi tocca far (Un dur labeur je dois faire).

 

Les dernières, sont un appel à leur libération : Ma verrà un giorno che tutte quante (Mais un jour viendra que toutes autant que nous sommes) / Lavoreremo in libertà (Nous travaillerons en liberté).

 

Puis un chant résistant antifasciste

 

À cette période, le chant, très populaire, se transmet à l’oral. Après la Première Guerre mondiale, la chanteuse italienne Giovanna Daffini, qui l’a appris en travaillant dans les rizières, le fait vivre à travers le pays lors de mariages, accompagnée par son mari au violon.

 

Pendant la Seconde Guerre mondiale, elle s’engage dans la Résistance. C’est d’ailleurs dans les rangs des résistants italiens qu’une nouvelle version du chant va naître.

 

L’air ne change pas, mais les paroles se font plus engagées contre le gouvernement fasciste de Benito Mussolini et les nazis installés en Italie pendant la guerre. Elles racontent l’adieu d’un partisan à sa belle : Una mattina mi sono alzato / E ho trovato l’invasor / O partigiano portami via / Ché mi sento di morir / E se io muoio da partigiano / Tu mi devi seppellir […].

 

Ce qui donne en français : « Un matin, je me suis levé / Et j’ai trouvé l’envahisseur / Hé ! Partisan, emmène-moi / Car je me sens mourir / Et si je meurs en partisan / Il faudra que tu m’enterres. […] »

 

Quelques années plus tard, pendant l’après-guerre, le chant traverse les frontières. En 1948, il est entonné à Berlin par des étudiants communistes italiens invités par le Kominform. Ses paroles sont dès lors traduites en plusieurs langues (une soixantaine aujourd’hui), les groupes communistes se l’approprient partout dans le monde… En France, c’est Yves Montand qui le rend populaire en l’interprétant après la crise des missiles de Cuba. Puis, il est souvent chanté par les mouvements de gauche, lors des manifestations.

 

 

Les reprises sont légion : Manu Chao l’interprète en 1999, en espagnol, pour rendre hommage à Adolfo Celdran, qui s’était vu censurer sa reprise en castillan par le régime franquiste en 1969 ; le groupe de punk breton Les Ramoneurs de Menhirs reprennent Bella Ciao en 2009, à grand renfort de binious et on ne compte plus les versions de groupes de punk madrilènes…

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