Avec me conflit ukrainien la presse a beaucoup glosé sur la pénurie d’huile de tournesol, moi ça ne me dérange pas je ne suis pas consommateur d’huile raffinée.
Mais lorsque je lis dans les Echos de Bernard Arnault que la future récolte d’olives françaises va tourner autour de 630 tonnes, je m’inquiète car notre production est déjà confidentielle, je déteste la notion de niche, nous friserons soit le rationnement, soit le vertige des hauts prix.
Si je lance cette bouteille d’huile d’olive à la mer en direction d’Olivier Nasles, c’est qu’il est le pape du Bio de l’INAO, l’homme qui tient dans ses mains l’huile et le vin dans son domaine de Camaïsette, devenu pour les bobos l’antre Olivier Bio, et que, dans mes souvenirs d’ancien Président de la SIDO convaincant Louis Le Pensec, ministre de l’agriculture, breton consommateur de ce nectar provençal, de se glisser entre les grands de l’huile d’olive, l’Italie et l’Espagne, pour obtenir un plan de relance de l’oliveraie française, et il y parvint.
Aucun rêve de gigantisme bien sûr, mais, sans ironie de ma part, je trouve que nous sommes au même niveau qu’au point de départ et que les congrès d’Olive France ont des allures de ceux du parti radical et des défuntes cabines téléphoniques.
(Richard DAMORET/REA)
Les oléiculteurs provençaux n'ont pas vu la pluie depuis plusieurs mois. Ils s'attendent à une baisse de production de près de 50 % et cherchent des solutions pour s'adapter au changement climatique.
Par Paul Molga
Publié le 2 août 2022
La récolte des olives n'est prévue qu'à l'automne mais à cause de la sécheresse persistante , les oléiculteurs savent déjà qu'elle sera mauvaise. « Je vais perdre cette année plus de 70 % de ma production », témoigne Jean-Benoît Hugues, propriétaire du Moulin Castelas qui cultive des olives centenaires sur 45 hectares de la Vallée des Baux-de-Provence, le terroir star des appellations d'origine qui fournissent 17 % de la production nationale et le quart des huiles haut de gamme. Ce domaine des Bouches-du-Rhône produit habituellement jusqu'à 90.000 litres d'huiles, souvent médaillées. « En mai, le coup de chaud précoce a grillé les premiers bourgeons printaniers et une bonne partie des olives qui ont survécu sèchent sur l'arbre à cause de la canicule. S'il ne pleut pas cet été, elles tomberont au sol », se désespère l'oléiculteur.
C'est une particularité de cette espère végétale : pour résister aux chaleurs intenses, elle privilégie sa survie et rejette ses fruits. « Après le manque d'eau persistant qui a crevassé les sols, la canicule assèche maintenant l'atmosphère. L'arbre se déshydrate et se protège en renfermant ses feuilles. Il fait le dos rond », explique Hélène Lasserre, directrice du pôle de conservation et de recherche chez France Olive.
Peu d'accès à l'eau
La vallée des Baux n'est pas une exception. La France compte 40.000 hectares de vergers d'olives, dont le quart est géré par des professionnels, mais moins de 20 % bénéficient d'un accès à l'eau. En Provence, la situation est particulièrement tendue : souvent éloignés des canaux d'irrigation, les oléiculteurs doivent puiser la ressource dans les profondeurs du sol pour entretenir leurs arbres. « Or la recharge hivernale des nappes phréatiques a été insuffisante cette année et les prélèvements très précoces », constate Julien Balajas, responsable du pôle agronomique auprès de l'association professionnelle. Lors de son dernier conseil d'administration qui s'est tenu le 22 juillet, France Olive a anticipé pour cette année « une très petite récolte » de 630 tonnes d'olive, de moitié inférieure à la moyenne de production.
Ce qui inquiète les producteurs, c'est que la situation se répète de plus en plus souvent et que toutes les variétés sont désormais impactées, même les plus résistantes. « Depuis 2014, nous avons subi quatre importantes canicules et deux épisodes de sécheresse », observe Philippe Carra, oléiculteur à La Londe-les-Maures dans le Var, qui estime ses pertes entre 20 % et 30 % sur ses 20 hectares de plantation. Dans ce département qui a vu sa production d'huile chuter de moitié en 2017 et 2019, la Société du Canal de Provence prévoit d'investir massivement pour irriguer 20.000 hectares de terres agricoles les plus éloignées de la ressource. Mais ailleurs ?
La solution pourrait venir d'Apt, dans les Alpes-de-Haute-Provence. Depuis 2017, l'Agence de l'Eau Rhône-Méditerranée-Corse et l'Irstea y testent un nouveau système d'irrigation à partir des eaux usées de la commune en utilisant l'autoépuration naturelle des plantes et des procédés physico-chimique pour éliminer les bactéries. S'appuyant sur ce programme baptisé « Readap't », les oléiculteurs de la vallée des Baux envisagent à leur tour d'utiliser ce principe. Ils ont fait leurs calculs : les 4.500 mètres cubes traités quotidiennement par la station d'épuration de la communauté de communes seraient suffisants pour les mettre à l'abri de la sécheresse. Reste à trouver les fonds nécessaires : 6 millions d'euros.
Paul Molga (Correspondant à Marseille)