Ha ! Le frou-frou de la soutane des frères de Saint-Gabriel (officiellement dénommé les Montfortains congrégation de saint Louis Grignon de Montfort), lorsqu’ils jouaient au foot avec nous dans la cour de récréation, certains, pour plus d’aise, la retroussaient.
Toute ma jeunesse fut bordée par les soutanes : à la maternelle, celles des petites sœurs de Mormaison, à l’école des garçons, celles des rabats bleus, les Montfortains, celle du curé-doyen Bailly, ex-curé de l’Ile d’Yeu, donc du banni Pétain, celles des enfants de chœur, dont j’étais, rouge en temps ordinaire, noire pour les enterrements, celles enfin des frères de l’école d’Agriculture ND de la forêt.
Anecdote, à côté de l’école d’Agriculture, côte à côte, il y avait un juvénat des Montfortains, des jeunes gens s’apprêtant à devenir frères. Le jour des épreuves du baccalauréat ils troquaient leur soutane pour des vêtements civils et, comme ceux-ci dataient de Mathusalem, les pauvres avaient l’air de figurants pour un film d’avant 14/18. Pour les besoins de la cause, pour ma première partie de bac, je fus inscrit avec eux qui, dans le car nous conduisant aux épreuves aux Sables d’Olonne, s’en donnaient à cœur joie, libérés pour un jour de leur foutue soutane.
Bref, pour ne pas surcharger Pax, le jour du seigneur, je vais me contenter pourquoi je sors la soutane de sa naphtaline ?
Les séminaristes peuvent-ils porter une soutane ?
Jeudi 2 juin, le nouvel archevêque de Toulouse, Mgr de Kérimel, a envoyé une lettre à ses séminaristes pour leur demander de ne plus porter la soutane.
Explications ICI
À Toulouse, les séminaristes privés de soutane ICI
Quand à ma référence à Mélenchon, notre futur autoproclamé Premier Ministre, elle est justifiée par son adulation pour les sans-culottes de la Révolution.
En 1962, le cardinal Maurice Feltin, archevêque de Paris, a rendu facultatif le port de la soutane dans la capitale. Agip/Leemage
PETITE HISTOIRE DE LA SOUTANE
La soutane s'est imposée au XVIe siècle, dans la foulée du Concile de Trente exigeant du clergé qu'il porte « un habit bienséant » le différenciant du commun des mortels. À partir du XVIIe siècle, elle devient, dans de nombreux diocèses, obligatoire sur « le lieu de résidence » du prêtre. Mais pendant la Révolution française, cet habit porté comme « vêtement ordinaire de dessus » est interdit en dehors des cérémonies religieuses.
Il ressuscite au XIXe siècle, même si certaines communes prennent, dans un climat anticlérical d'avant 1905, des arrêtés municipaux bannissant son port sur la voie publique. Il demeure obligatoire dans la plupart des diocèses jusqu'en 1962. Cette année-là, le cardinal Maurice Feltin, archevêque de Paris, décide, à quelques mois du début du concile Vatican II (qui marque l'ouverture de l'Église au monde moderne) de le rendre facultatif dans la capitale.
Un vêtement « différent des laïcs »
Il autorise la tenue du « clergyman », le costume sombre avec col romain. La très grande majorité des diocèses de l'Hexagone adoptent presque instantanément les mêmes règles. Il faut dire que la longue robe noire austère boutonnée sur le devant était de plus en plus contestée par les curés eux-mêmes appelant à plus de discrétion.
Aujourd'hui, le Vatican exige, à travers le Directoire pour le ministère et la vie des prêtres datant de 2013, que ceux-ci portent « la soutane ou un habit ecclésiastique digne ». « Lorsque l'habit n'est pas la soutane, il doit être différent de la manière de se vêtir des laïcs, et conforme à la dignité et à la sacralité du ministère », rappelle ce document de la Congrégation pour le clergé.