L’université de Bologne n’est pas seulement l’université la plus ancienne en Europe, elle se classe comme la première université en Europe et se place au Top 10 des meilleures et plus belles universités en Europe.
J’aurais pu, dans mon titre, écrire la bolognaise, puisque la belle Silvia, habite Bologne, mais, pour le grand amateur de pasta que je suis, ça sonnait trop, la trop galvaudée sauce bolognaise, suis plutôt Cacio e Pepe, alors comme ses racines et son cœur sont à Biella va pour la Piémontaise.
« Lovée entre les montagnes et les plaines verdoyantes, la ville de Biella entretient un lien fort avec ses montagnes. C’est grâce aux cours d’eau provenant des Alpes bielloises qu’a prospéré durant des siècles l’économie de la laine, qui est connue et appréciée dans le monde entier. Le territoire montagnard qui s’étend autour de la ville voit en Biella un point de repère. Qui offre aux Biellois l’opportunité de se promener dans la nature, de pratiquer du sport et des activités de plein air, sans oublier le tourisme religieux.
En effet, Biella est une terre de lieux sacrés : le Sanctuaire d’Oropa, qui se dresse au milieu des montagnes, a été déclaré Patrimoine de l’humanité par l’UNESCO en 2003. La cuvette d’Oropa, où la Région Piémont a créé une réserve naturelle spéciale en 2005, est au coeur d’un projet de relance du tourisme dans les montagnes bielloises, axé sur l’environnement et la durabilité. En outre, le territoire de Biella est traversé par deux grands chemins de randonnée très fréquentés : la Grande Traversée des Alpes (GTA) et la Grande Traversée de l’arrière-pays biellois. »
Son dernier opus, « Une amitié » je l’ai choisi comme le faisait l’une des héroïnes, Élisa, l’intello, introvertie, dans la librairie « au coin de la via Saragozza, où d’ailleurs le libraire n’est pas mal. Mais je ne lui jamais demandé de conseils, au contraire. Je choisis un roman à l’intuition […] j’aime tourner les pages, les caresser, sans me sentir snob pour autant. » Page 347, seul, baguenaudant, guidé par ma seule intuition, effleurant les couvertures, traquant les petits livres qui se glisseront dans ma poche, soupesant les gros, comme les melons (là je déconne) chez Compagnie, 58 rue des Ecoles, face à la Sorbonne, à deux pas de son éditrice Liana Lévi. ICI
Même si vous n’allez pas me croire, je ne l’ai pas choisi, envoûté que j’étais, par la photo de la rayonnante Silvia, sur le bandeau enserrant le livre.
Après lecture, je suis fasciné par la romancière, une révélation, « De sa plume à vif, avec un sens aigu de la narration et des dialogues percutants, Silvia Avallone dissèque le quotidien des deux amies : les virées en scooter, les premiers flirts, les selfies et la flamboyance pour l’une, les livres et le mal-être pour l’autre… Mais ce qui rend le roman aussi captivant, ce sont les personnages qui gravitent autour d’elles, chacun tressant les fils d’un canevas au centre duquel se dessinent Beatrice et Elisa… »
Mais pas que : « Avallone s’inscrit vraiment dans la modernité et aime à parler de l’envers du décor de carte postale de son pays. »
« C’est comme toujours avec Avallone extrêmement fin, les sentiments ambivalents des personnages sont très bien traités et cela nous pousse à nous questionner sur de nombreux domaines. Notamment celui du monde des réseaux sociaux… »
Le vieux blogueur que je suis, blanchi sous le harnois, a vécu la perversion du Net, d’espace de liberté à comme le réplique Béa, l’autre héroïne du livre « Tu n’as rien compris, toi. La seule information intéressante, sur mon blog, c’est moi. »
« Au fin fond d’une province italienne en retard technologique chronique, la Rossetti (Béa) a dessiné le futur d’Internet et s’est placé au centre de la toile. »
« Rossetti a anticipé, et d’une certaine façon inauguré cette perversion des réseaux sociaux devenue aujourd’hui dominante : la fermeture plutôt que l’ouverture, le narcissisme plutôt que la rencontre, le repli fœtal et malsain sur les (faux) moi. Enfin, ma formule préféré : « Béatrice Rossetti est l’algorithme létal. »
Une fois immergé dans « Une amitié » je suis resté sous la tension d’une écriture vive, juste, d’une construction intelligente, marque des grands narrateurs, narratrice ici, la découverte de Silvia Avallone est une révélation, elle est pour moi est l’une des meilleures de sa génération. Ce livre renforce mon opinion, que les femmes sont, dans la vieille Europe, les romancières les plus douées. En Espagne, Almuneda Grandes, malheureusement récemment disparue, et en Italie, Silvia Avallone. Et en France me direz-vous ? J’avoue qu’aucun nom ne me vient.
Une fois refermé « Une amitié » je me suis précipité chez mon libraire ouvert les jours fériés, L’écume des pages pour acquérir le premier roman d’Avallone, « D’Acier » (2011) qui la rendue célèbre en Italie comme en France (prix des lecteurs de l’Express), et, pour faire bon poids, « Marina Belleza » (2014) dans la collection piccolo (poche de Liana Levi).
Je suis plongé dans « D’Acier » et, si j’ai un conseil à vous donner, faites comme moi allez chez votre libraire préféré, acheter les 3 livres, lisez-les dans l’ordre que vous souhaitez ou, faites comme moi, commencez par le dernier.
Je vous livre 3 critiques d’ « Une amitié » et une interview de Silvia Avalonne dans Libé à la suite de la sortie de « D’Acier » en 2011.
1- « Une amitié », de Silvia Avallone : l’attirance des contraires ICI
Critique
Après son premier roman très remarqué D’acier, Silvia Avallone poursuit l’exploration de son thème favori, l’amitié passionnelle entre deux adolescentes que tout sépare.
- le 16/02/2022 à 17:34 Laurence Péan,
Cette histoire d’une amitié dévorante entre deux adolescentes rappelle inévitablement L’Amie prodigieuse, d’Elena Ferrante. Aussi brillante conteuse que sa consœur italienne, Silvia Avallone se glisse dans les méandres du même fleuve qui emporte dans ses flots agités Beatrice et Elisa. Et c’est à T., un important village de bord de mer « emprisonné dans son anonymat », que les deux adolescentes se rencontrent au tournant des années 2000.
2 « Une amitié », de Silvia Avallone : l’une lisait, l’autre pas ICI
L’écrivaine italienne explore avec vivacité le parcours de deux adolescentes des années 2000, l’une attirée par les livres, l’autre par les réseaux sociaux.
Par Florence Courriol-Seita(Collaboratrice du « Monde des livres »)
Publié le 08 avril 2022
« Une amitié » (Un’amicizia), de Silvia Avallone, traduit de l’italien par Françoise Brun, Liana Levi, 528 p., 23 €, numérique 18 €.
Plus de dix ans ont passé depuis le puissant premier roman, D’acier (Liana Levi, comme tous ses livres, 2011), qui fit connaître aux publics italien et français la fougueuse Piémontaise Silvia Avallone (née en 1984). Après trois autres romans (Le Lynx, Marina Bellezza et La Vie parfaite, 2012, 2014, 2018), l’écrivaine nous revient en grande forme avec ses thèmes de prédilection – adolescence, fractures sociales, vie de province, figures de la mère et de la parentalité –, mais adopte cette fois un point de vue d’adulte. Une amitié vient ainsi conclure une époque, dire adieu à cet entre-deux de l’adolescence qu’Avallone dépeint magistralement depuis ses débuts.
3- “Une amitié” de Silvia Avallone ICI
Un roman italien mais qui n’est pas signé Elena Ferrante. Car on le sait la romancière italienne avait fait un immense succès avec "l’amie prodigieuse", une histoire en 4 volumes qui raconte l’amitié de deux jeunes filles dans un quartier pauvre de Naples.
Le livre que je vous présente aujourd’hui à pourtant des similitudes car il nous parle de l’amitié de deux jeunes filles et il est écrit par une italienne très talentueuse mais la ressemblance s’arrête là. "Une amitié", c’est le titre de ce roman qui vient de sortir aux éditions Liana Lévi et c’est à Silvia Avallone qu’on le doit. Avallone est née dans les années 80 et vit aujourd’hui à Bologne. "D’acier", son premier livre, avait fait grand bruit en Italie et au-delà.
Interview
«La gauche de mon pays ne fait plus rêver les jeunes» ICI
Le cahier Livres de Libédossier
Rencontre à Paris avec Silvia Avallone
publié le 14 avril 2011
Silvia Avallone surprend ou séduit pour les mêmes raisons. Ses gros seins, son sourire, ses cheveux bouclés en cascade, son imposant tatouage tribal sur l'épaule gauche qui date de ses 15 ans, les 350 000 exemplaires de D'acier vendus en Italie, les 12 traductions en cours, le fait qu'elle a été finaliste de l'équivalent du Goncourt. Elle a beau citer une phrase de Don DeLillo sur «la peur» en exergue de son roman (1), on dirait qu'elle n'en ressent aucune. L'assurance est forcément un peu forcée. Son père était un petit commerçant napolitain établi à Piombino, sa mère enseignante en primaire originaire du Piémont, qui ont fini par divorcer. Enfant unique, Avallone est mariée à un libraire, et ils vivent à Bologne. Cette inlassable lectrice de Balzac, DeLillo, Capote, Nabokov, Dostoïevski ou Flaubert écrit aussi de la poésie, et récemment, un texte sur Anna Magnani. Alors que D'acier est en cours d'adaptation pour le cinéma, Silvia Avallone a commencé un deuxième livre (dont, par superstition ou prudence, elle ne dira rien).
Pourquoi Piombino ?
J’ai vécu là-bas par intermittence, avec mon père, entre 14 et 18 ans, et j’ai grandi avec des adolescents qui, dès 16 ans, sont allés travailler à la Lucchini. J’avais envie de raconter des histoires dont la presse ne se fait jamais l’écho. Ce qui m’a valu des procès publics. J’avais mis le doigt là où ça fait mal. On m’en a voulu d’évoquer les jeunes ouvriers, ceux qui ont remplacé les vieux militants. Parce qu’il est difficile pour beaucoup de monde d’entendre que la culture de gauche en Italie n’est plus à même de faire rêver les jeunes, que tout cela a été remplacé par le «rêve» berlusconien, que la province a été démantelée, que les gens y vivent, pour la plupart, dans une profonde résignation, et dans l’immédiateté tant tout espoir d’avenir est impossible.
Pourquoi 2001 ?
Mes personnages ont une défiance absolue envers la parole. Ils ne se sentent pas représentés par les mots. C’est à croire que beaucoup de gens sont devenus muets en Italie. Cela date de 2001. L’année n’est pas tant celle du 11 septembre, c’est aussi celle du G8 à Gênes, avec un mortsymbole dans les rues de la ville, et celle où Berlusconi revient au pouvoir. En ce sens, 2001 marque le début de l’effondrement de la culture en Italie. On accuse ma génération d’être une génération «silencieuse» ; mais qu’a fait la «génération des pères» pour endiguer Berlusconi? Rien. Ce fameux 11 septembre, comme les personnages du livre, j’étais à la terrasse d’un bistrot de province avec des amis ; j’ai perçu la distance abyssale entre la grande histoire qui se déroulait en direct, et cet îlot qu’était ma vie.
Pourquoi écrire ?
J'en ai toujours rêvé. J'ai commencé D'acier à 23 ans. Un an pour me documenter puis un an pour apprendre à tenir le rythme de l'écriture. J'ai envoyé mon manuscrit à une seule maison, l'une des plus importantes d'Italie [Rizzoli, ndlr, également propriétaire, en France, de Flammarion]. Je voulais que mon livre soit lu. L'écriture n'est pas une routine, ni quelque chose d'anodin. C'est un défi. Pour ma génération, Roberto Saviano, l'auteur de Gomorra, a tout changé. Il a rouvert le monde, il nous a libérés d'une autofiction omniprésente. Je pense qu'on ne peut pas raconter le destin de quiconque sans le relier au théâtre social. Et contrairement à ce que raconte la «culture» télévisée italienne, ce qui se passe à nos frontières, à nos bords, nous donne de l'énergie. La mentalité individualiste de la «génération des pères» a montré ses limites.
Pourquoi se révolter ?
En Italie, beaucoup de femmes sont encore réduites au modèle antique. S’occuper du foyer, des fils, de la destinée. Et quel message envoie-t-on aux jeunes filles ? Qu’il faut miser sur son corps pour s’en sortir. La société italienne n’en peut plus de cette vision du monde. C’est aussi cela qui s’est exprimé lors de l’immense manifestation contre Berlusconi, le 13 février. Malgré ce que croit ce monsieur, l’existence n’est pas une orgie. Moi, j’ai des soucis d’adulte, j’ai appris à ne pas faire la maligne, je suis une fille sérieuse. Et je dois beaucoup à mes grands-parents, qui sans trop se raconter d’histoires ont bâti quelque chose de solide. Ce devrait être ça, une vie. Travailler dur, écrire de beaux livres, fonder une famille.
(1) «Les meilleures choses sont illuminées par la peur» (Don DeLillo, «Libra», Actes Sud).