Egon Schiele, Femme avec un homoncule, 1910
Ainsi fut qualifié, par un lecteur vigneron bourguignon, un petit texte d’un « comment vas-tu y’au poêle ? » officiant chez la vieille dame permanentée du vin, un garçon de coiffeuse pour être dans le vent du féminin.
Texticule = Texte + homoncule
HOMUNCULE, HOMONCULE, subst. masc. (CNRTL)
Être vivant de très petite taille, aux pouvoirs néfastes et surnaturels que les alchimistes du moyen âge prétendaient pouvoir créer :
« Il [le comte de Kueffstein] avait la science infuse et Joseph Kammerer, son valet de chambre, a relaté dans son Livre des comptes les aventures de son maître, certaines de ses expériences incroyables, parmi lesquelles la plus merveilleuse, celle de la génération spontanée ou « insolite », dit-il, la création artificielle des homuncules [it. ds le texte].
Cendrars, Bourlinguer, 1948, p. 141.
Expression caricaturale et amoindrie de l'homme.
« Le comble était qu'ils semblaient déjà résignés, tristes homoncules philosophes d'une philosophie dont le verre à vitre, qui n'empêche point de voir mais empêche de saisir, eût été le symbole et le principe »
Guéhenno, Journal homme 40 ans, 1934, p. 21
J’ai découvert les homoncules en lisant :
De la prolifération des homoncules sur le devenir de l'espèce d’Olivier Bardolle ICI
Paru le : 02/05/2008
Esprit des péninsules
Essai sur l'hypermodernité décrivant l'homoncule qui sommeille en chaque individu, "petit être doué d'un pouvoir surnaturel", selon Le Larousse ou "miniature d'homme créée par sorcellerie", pour Umberto Eco. Un être avide, égoïste et fasciné par les gadgets électroniques, selon l'auteur. Confirmant la pensée de Baudrillard, il évoque un homme bardé de prothèses "dans un monde qui l'expulse". ©Electre 2022
Quatrième de couverture
De la prolifération des homoncules sur le devenir de l'espèce
Après De l'Excès d'efficacité des systèmes paranoïaques et Des Ravages du manque de sincérité dans les relations humaines, Olivier Bardolle continue ici d'instruire le procès de l'hypermodernité. Sur un mode imprécatoire, mais non dénué d'humour, l'auteur débusque l'homoncule qui sommeille en chacun de nous et rêve de prendre les commandes - un être avide, obsessionnel, égoïste et surtout indifférent aux désastres qui s'accumulent autour de lui : dévastation écologique, enlaidissement du monde, effondrement du savoir vivre ensemble, guerre des clans, ressentiment général accentué par des nouvelles technologies toujours plus isolantes...
Entre rigueur d'analyse et souci de l'urgence, Olivier Bardolle sonne le réveil des consciences et entretient l'espoir : « II se pourrait cependant que nous n'ayons que l'homme comme solution. Une fois encore, lui seul, dans cet univers indifférent, peut infléchir le cours des choses. À condition qu'il ose enfin se fier à son désir. À son désir de vivre et pas seulement de survivre. »
« Qu’est-ce que l’on entend désormais par élite ? »
« La définition même de ce que l’on désigne par ce mot a considérablement évolué… » souligne-t-il.
Je vous laisse le soin découvrir l’élite d’autrefois selon Bardolle très « noblesse oblige » au comportement exemplaire où honnêteté, altruisme, éthique, droiture, honneur n’étaient pas des vains mots. Manquent que des noms, mais Bardolle est ainsi fait, comme tout bon sabreur il sait pratiquer l’esquive et ça fait partie de son charme irritant.
« Ni vieillard acariâtre, ni Alceste aigri, Olivier Bardolle est un grand gaillard baraqué, à la cinquantaine juvénile, droit dans ses jeans, qui endosse peu souvent une veste, ignore le port de la cravate, circule à moto et préfère écouter Johnny Cash plutôt que le De profundis de Michel-Richard de Lalande. » portrait de Valeurs Actuelles un hebdo bien comme il faut, réac comme un petit Vendéen crotté du bocage les aime « bonjour nôtre maître… » chapeau bas devant Antoine Morrison de la Bassetière dont mon père « battait » (effectuait les battages des céréales de ses métayers en tant que petit entrepreneur). La suite de la bio à la fin.
« (…) l’élite a changé ; elle se caractérise désormais par une certaine propension à s’exonérer du droit commun et à entretenir soigneusement une politique de réseaux, c’est une « élite des affaires », on s’entraide, on se décore mutuellement, on se rend plein de petits services, on pratique, comme Tony Soprano, le trafic d’influence et le commerce des relations. On n’hésite d’ailleurs nullement à s’embrasser à la manière des voyous, avec forte claque dans le dos, afin de vérifier que l’autre n’est pas exagérément armé (…)
Bardolle cite quelques exemples des pratiques de ce « milieu » comme le coup de fil qui va vous permettre d’ « accéder en vingt-quatre heures au bloc opératoire » là où le commun des mortels, c’est-à-dire ceux qui ne font pas partie de « l’élite », attendent plusieurs semaines, voire plusieurs mois.
Bref, Bardolle d’embrayer sec comme tout bon motard qui se respecte « avec de telles mœurs, comment voulez-vous que l’on puisse faire confiance à ces grands mâles blancs dépravés qui n’ont rien à offrir comme exemple que ces combines et ces sempiternels passe-droits ? »