La moutarde peut parfois être utilisée pour assaisonner la galette saucisse, spécialité rennaise. | MARC OLLIVIER / OUEST-FRANCE
Maintenant que Rebsamen et Le Drian sont ENSEMBLE dans le même bateau, cette histoire de moutarde devrait pouvoir s’arranger.
En effet, après avoir fait la danse du ventre, auprès de notre prince Macron 1, pour transférer le siège de l’OIV (un machin du vin comme disait de Gaulle « Le machin qu'on appelle ONU. » Le 10 septembre 1960, à Nantes) à Dijon, et l’obtenir, François Rebsamen a jeté sa carte du parti aux orties pour rejoindre le prince Macron à la recherche de son second sceptre.
Résultat : nada, pas le plus petit maroquin – la place Beauvau, son rêve sous François le roi du pédalo – et, pire, plus ou presque de moutarde de Dijon sur les rayons des temples de la consommation.
Du côté de Le Drian, qui avait jeté sa carte bien avant, le voilà débarqué du Quai d’Orsay, donc Jean-Yves – j’en connais aussi un en Bourgogne – et François vont pouvoir être utiles à leurs pays.
Pierre Grandgirard, patron du restaurant "La Régate" à Douarnenez Finistère-sud, n'arrivant plus se procurer suffisamment de moutarde, le patron du restaurant "La Régate" à Douarnenez (Finistère), a été obligé de parcourir sa ville pour tenter d'en trouver. « J'ai compris que j'allais aller à la chasse à la moutarde et effectivement, j'ai fait les différents commerces de Douarnenez. J'ai eu un commerçant qui a bien voulu me dépanner de deux pots parce que normalement, c'est limité pour une personne. Tous les autres n'en avaient plus ».
Résultat, sans cet "outil de travail" essentiel, alors que la saison estivale commence, il risque d'être difficile de satisfaire les clients. Il faut dire que son restaurant est spécialisé dans les plateaux de fruits de mer, et cet ingrédient est indispensable. « On en a besoin aussi bien pour les mayonnaises que les vinaigrettes, et je ne suis pas sûr que tout le monde ait envie de se passer de la mayonnaise sur les plateaux de fruits de mer ! »
« C'est un coup de gueule nécessaire, surtout pour informer, juste informer les gens, de dire : 'attention, la moutarde, ce n'est pas un truc qu'on n'a qu'une fois par an et qu'on n'aura pas avant l'année prochaine'. Non, en septembre, il y en aura partout. Une fois que le savez, régulez la consommation et tout va bien se passer. Tout le monde aura de la moutarde », lâche Pierre Grandgirard un restaurateur de Douarnenez dans le Finistère-Sud.
Pourquoi y a-t-il des ruptures de moutarde en France ? ICI
Dérèglement climatique, difficulté d’approvisionnement, développement de la filière agricole en berne... Les fabricants de moutarde doivent baisser leur offre, alors même que la demande augmente.
La pénurie de moutarde dans les magasins français est en partie liée à la guerre en Ukraine, mais surtout à de mauvaises récoltes au Canada et en France, les deux principaux producteurs de graines de moutarde.
par Marie Thimonnier publié le 27 mai 2022
Après l’huile de tournesol, un autre condiment manque aux rayons des supermarchés français : la moutarde. Sur les réseaux sociaux, comme dans les titres de presse, les regards convergent vers l’ingrédient utilisé dans de nombreuses préparations ou en accompagnement, qui déserte les étagères des magasins. Vous nous interrogez sur les causes de cette «pénurie».
Contrairement aux ruptures d’huile qui ont été soudaines après l’invasion de l’Ukraine par la Russie, comme nous l’expliquions dans un précédent article, la baisse de la production de moutarde était évoquée bien avant, dès décembre 2021. «Les producteurs de moutarde de Dijon prévoient déjà une diminution de leur production et une hausse des prix pour les consommateurs», écrivait Libération dans un article sur le sujet.
La raison : le dérèglement climatique. Bien que réputée pour sa célèbre moutarde de Dijon, la France n’est pas le plus gros producteur de graines de moutarde brunes, ingrédient incontournable à la confection du condiment. Dans ce domaine, le Canada est le premier cultivateur et exportateur mondial. Mais le pays d’Amérique du Nord, qui a connu de fortes sécheresses au cours de l’été 2021, a considérablement réduit sa production. Une large partie des espaces cultivés ont été ravagés et non renouvelés après cet épisode climatique. «Pour 2021-2022, la production a chuté de 28 %, en raison de la baisse des rendements et de la superficie ensemencée», peut-on lire dans un rapport du ministère canadien de l’Agriculture, publié le 19 novembre dernier. Cette diminution a dès lors provoqué une baisse des exportations et la hausse des prix de l’oléagineux. «Par conséquent, le prix moyen devrait doubler par rapport à 2020-2021, et s’élever au niveau record de 1 700 dollars US [plus de 1 500 euros, ndlr] Ia tonne», souligne le ministère.
L’approvisionnement en berne
Ce sont les fabricants de moutarde qui paient le prix fort. Reine de Dijon, troisième industriel français de moutarde – après Amora-Maille, qui domine le marché – a ainsi vu sa production diminuer de plus de 20 % en un an, en raison des difficultés d’approvisionnement. «Les mauvaises récoltes sont dues aux aléas climatiques au Canada, mais aussi en France, où sont cultivées une partie des graines que nous utilisons pour confectionner la moutarde de Dijon», détaille Luc Vandermaesen, directeur général de Reine de Dijon. En temps normal, jusqu’à 35 % des besoins de l’entreprise sont satisfaits par la graine de moutarde produite directement en Bourgogne. Mais cette année, face aux mauvais rendements, elle ne représente que 20 %.
La différence est ensuite compensée par l’importation de graines cultivées au Canada. Reste que «plusieurs contrats canadiens ont été annulés par les fournisseurs», précise le chef d’entreprise auprès de CheckNews. D’autres bons de commande ont été signés, mais toujours «sous réserve» des stocks. Le fabricant n’a donc aucune certitude sur son approvisionnement en matière première. «Ce n’est pas la première année que la récolte est mauvaise, mais c’est la première fois qu’elle l’est plusieurs années d’affilée et cela chez tous les exportateurs», insiste Luc Vandermaesen. La Russie et l’Ukraine étant les troisièmes plus importants exportateurs, l’incertitude est encore plus importante sur les rendements ukrainiens pour la prochaine récolte dans l’est de l’Europe.
Filière agricole en difficulté
Les agriculteurs locaux réunis sous l’association des producteurs de graines de moutarde de Bourgogne (APGMB), représentent pourtant près de «50 % de la production européenne», selon leur site. Contacté par CheckNews, Fabrice Genin, président de l’organisation, insiste sur les difficultés de la filière agricole française. «Depuis cinq ans, nous enregistrons une baisse de la productivité de près de 50 %. Aujourd’hui nous fournissons aux industriels français tout ce que nous pouvons en quantité, sans avoir de stock», souffle-t-il.
«De 12 000 tonnes en 2016, nous sommes passés à 4 000 tonnes en 2021», appuie Fabrice Genin. Les cultivateurs français font face à diverses contraintes, climatiques d’une part, mais également au revirement concernant l’interdiction d’utilisation des produits phytosanitaires en Europe, selon eux. «Nous n’arrivons plus à repousser les ravageurs», explique-t-il, en parlant des insectes qui ont causé de nombreuses pertes dans les champs ces dernières années. Les insecticides jusqu’ici utilisés pour les éradiquer sont.
Fabrice Genin cite également un autre obstacle au développement de la filière française, la difficulté «d’attirer de nouveaux agriculteurs». Sur les cinq dernières années, ils sont passés de «près de 350 producteurs à 250», précise-t-il. D’autant plus que la graine de moutarde est une «culture fragile et compliquée», comparée au tournesol, dont le déficit créé par la guerre en Ukraine, premier pays exportateur de l’oléagineux, pourrait inciter de nouveaux cultivateurs à se lancer.
Surconsommation sur un marché en tension
Les ventes de moutardes ont ainsi baissé de 10,8 % en volume sur les quatre premiers mois de 2022 par rapport à 2021 sur la même période, selon les données de l’institut spécialisé IRI, fournies à CheckNews. En revanche, les ventes ont augmenté en valeur de 7,4 % entre janvier et avril comparé à l’année précédente, ce qui traduit parfaitement les tendances actuelles du marché. Le prix de la moutarde a en effet explosé avec une hausse de 9,26 % en un an, d’après une étude IRI, publiée en avril. Mais si l’offre diminue, la demande, elle, augmente. Avec des conséquences visibles sur les prix.
Contacté par CheckNews, le groupe Casino, qui regroupe plusieurs enseignes de grandes surfaces (Franprix, Monoprix, Casino, Spar…), constate que «les pénuries sur la graine de moutarde impactent en effet les approvisionnements de toutes nos enseignes et peuvent être visibles dans certains de nos magasins». Dans les magasins Franprix par exemple, les ventes de moutarde «ont été multipliées par 1,5 voire 2 depuis deux semaines». L’enseigne, qui ne donne pas de quota de vente par client à ce jour, interprète la hausse des ventes par une «surconsommation», visible sur les «stocks en magasins qui ont tendance à s’écouler très vite, dès la mise en vente», aggravant un marché déjà «en tension».
Peut-on parler de pénurie pour autant ? «On est face à un comportement rationnel des consommateurs, qui lorsque les rayons sont vides, vont vouloir stocker pour ne pas manquer de la denrée», analyse Pascale Hébel, directrice associée chez C-Ways, interrogée par CheckNews. L’experte compare ce «stockage», à celui du papier toilette ou de la farine au début du confinement, en mars 2020. Concernant les pénuries enregistrées en France depuis quelques mois, l’huile de tournesol, comme la moutarde, Pascale Hébel précise qu’elles ne sont pas, dans l’immédiat, imputables à la guerre en Ukraine. «On associe aujourd’hui les pénuries à l’Ukraine, mais ce ne sera vraiment qu’après l’été qu’on pourra dire ça, car les récoltes des graines se font en été. La France fait donc face à des pénuries liées au stockage et non directement imputables au conflit dans l’est de l’Europe», insiste la spécialiste.
Le dérèglement climatique pourrait cependant atteindre d’autres filières à l’avenir. «On n’est pas à l’abri de faire face à des problèmes climatiques similaires dans les prochaines années et donc à des inflations du prix des matières premières», rappelle Pascale Hébel.
C’est donc vers les producteurs locaux que le secteur de la moutarde tente de se tourner. En Alsace, l’entreprise Alélor peut compter sur une production locale qui couvre 60 % de ses besoins, relate France 3 . Mais ce cas de figure est rare et tire les prix vers le haut. Alors si une vraie pénurie ne devrait pas se produire rapidement, la saison des barbecues pourrait bien avoir des conséquences plus importantes sur les portefeuilles en raison du prix de la moutarde qui ne devrait pas baisser tout de suite.
SUGGESTION du CHEF : Lapin à la moutarde ICI 😃