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8 juin 2022 3 08 /06 /juin /2022 06:00

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Bernard Farges, dont la longévité de porte-parole des professionnels du vin de Bordeaux et d’ailleurs, est aussi importante que le nombre de ses casquettes de président, plaide pour instaurer : un arrachage subventionné piloté par les régions viticoles.

 

Je cite : « Comme le marché bordelais ne cesse de voir diminuer ses volumes et que les ventes n'arrivent pas vraiment à remonter, Bernard Farges entend pouvoir utiliser l'arrachage définitif et subventionné des vignes pour réduire la production au plus juste.

 

« Il ne s'agit pas de savoir s'il faut réduire les surfaces de vignes en production car ceci est en cours, il s'agit maintenant d'agir pour organiser, accélérer, orienter cette réduction utile pour tout le monde. Toutefois il faut rappeler que les textes européens ne permettent pas aujourd'hui de financer l'arrachage définitif avec de l'argent public. Rappeler cela ne veut pas dire que nous sommes contre l'arrachage (...) 

 

Les représentants de la viticulture bordelaise demandent seulement de pouvoir arbitrer au sein des aides de l'Union européenne entre restructuration, investissements de chais et arrachage pendant trois ou quatre ans à l'échelle des régions viticoles », a déroulé en substance le président du CIVB.

 

Cette mesure ferait ainsi l'objet d'une prise de décision de la part des régions viticoles au sein des interprofessions et des conseils de bassins. Une proposition qui va de pair avec celle de convertir les surfaces viticoles à d'autres destinations que la vigne. »

Simple question : les représentants de la viticulture bordelaise, au temps béni où elle plaidait l’obtention à tout va de droits de plantation pour satisfaire, ce qu’il qualifiait alors, de la soif des marchés internationaux de son nectar :

 

  • a-t-elle demandé et obtenu la « bénédiction » des pouvoirs publics pour le faire ?

 

  • A-t-elle tenu compte du fait que cette boulimie privait d’autres régions de nouveaux hectares pour satisfaire une demande en progression régulière ?

 

La réponse est absolument NON !

 

En effet, Bordeaux donnait le la, dictait au travers des soi-disant zinzins professionnels sa loi aux autres à l’INAO, au Ministère de l’Agriculture, « circulez, vous n’avez rien à voir dans nos affaires ! »

 

Mon grand âge me permet de faire ce constat, j’ai vécu cette période tant aux manettes qu’au temps de mon rapport dans lequel je tirais la sonnette d’alarme sur la gestion des grands lacs de vin : Bordeaux et South of France. On me railla, on demanda ma tête, ils l’eurent ! Sûr et dominateur, assis sur le gros bouzin plein de fric qu’est le CIVB, dont le directeur de l’époque, pais à son âme, tirait avec efficacité, les ficelles tant à Paris qu’à Bruxelles.

 

Bref, les choix de l’expansion étaient de la seule responsabilité des dirigeants bordelais, je ne vois pas pourquoi l’argent du contribuable, national et communautaire, devrait maintenant servir à accompagner le repli ?  

 

Bernard Farges, ne manque pas d’air lorsqu’il plaide pour que Bordeaux recherche un outil de régulation :

 

à la recherche du meilleur outil de régulation

 

L'idée de disposer d'un outil de régulation suffisamment puissant pour permettre au vignoble d'encaisser les chocs de tendance n'est pas nouvelle mais toujours d'actualité :

 

« Sur notre pilotage de filière, nous progressons en vue de nous doter au plus vite d'un outil de régulation pour les AOC (vins d'appellation d'origine contrôlée -Ndr) qui le voudront. Un outil capable d'amortir les chocs climatiques ou commerciaux, comme le pratiquent avec succès nos collègues champenois et charentais. Le VCI (volume complémentaire individuel) est un formidable dispositif qu'il faut préserver et qui peut être adapté pour le rendre plus efficace, il n'est pas question de perdre ce qui fait sa force », a recadré Bernard Farges.

 

Je rêve ! Le groupe stratégique Cap 2010 avait proposé une boîte à outils complète pour ce faire, c’est beau plus de 20 ans après de découvrir la régulation. Et, pour enfoncer le clou je n’hésite pas à rappeler qu’au temps où madame Vautrin faisait semblant de réfléchir à un substitut aux fameux droits de plantation, Bordeaux avec sa puissance de feu affirmait que ceux-ci devaient être maintenus pour réguler l’offre.

 

Sans ironiser, vraiment, les dirigeants interprofessionnels de Bordeaux n’en ratent pas une, ce qui ne les empêche pas de nous vendre de vieilles recettes.

 

Attention, je n’affirme pas qu’il faille rester les bras croisés, les chiffres ont là pour le prouver :

 

« Malgré le très net rebond de l'activité enregistré en 2021, qui s'est traduit pour le Conseil interprofessionnel du vin de Bordeaux (CIVB) par une hausse de ses propres recettes de +14 % sur un an, à 31,9 millions d'euros, le vignoble bordelais n'est pas au mieux de sa forme. Les sorties à la propriété sont en hausse de 430.000 hectolitres (+9 %) par rapport à 2020, à 4,2 millions d'hectolitres, mais c'est encore faible. En 2018, avec 4,7 millions d'hectos mis sur le marché, le vignoble de Bordeaux s'était retrouvé dans un état de faiblesse historique en matière de volume, pas vu depuis 1991...

 

Ce qui donne une idée de la puissance du recul subi en 2020, où 3,9 millions d'hectos ont été vendus, contre 4,1 millions d'hectos en 2019... Une tendance nettement en recul par rapport à la moyenne historique de la production dans le vignoble bordelais, comprise entre 4,5 millions et 5 millions d'hectos. Mais ce mouvement à la baisse ne permet même pas au vignoble bordelais de retomber sur ses pieds et d'écouler sa production... Avec chaque année des invendus représentant entre 500.000 et un million d'hectolitres. »

 

Le «Bordeau-bashing » est remisé au rang des vieilleries conceptuelles, bonjour les paradoxes qui au bout du compte étouffent Bordeaux

 

« Si le vignoble bordelais n'est pas le seul en difficulté en France, il connaît une crise qui dure depuis des années et semble être devenue chronique. Quel que soit le sens du vent, de la tendance : que la production se mette à chuter ou qu'elle remonte à son étiage moyen historique, la crise répond toujours présente. Un déséquilibre qui épargne les grands crus qui semblent vivre dans un autre monde où les clients, en France comme à l'étranger, ont depuis longtemps pris l'habitude de répondre toujours présent.

 

"De nombreux paradoxes doivent être relevés aujourd'hui... Des marchés d'exportation sont très dynamiques, comme les États-Unis, d'autres sont en souffrance, comme la Chine. Nos ventes dans la filière cafés-hôtels-restaurants (CHR), se sont relancées et celles en grande distribution sont en berne. Nos vins les plus chers se vendent bien, tandis que les moins chers sont à la peine. La dernière récolte est petite et les cours restent scandaleusement bas.

 

Nous sommes le premier département bio de France, et nous sommes tous inquiets de la capacité du marché à absorber les volumes bio à venir", a tout d'abord éclairé Bernard Farges, président du CIVB, qui a rappelé tout le travail de promotion de l'image du vignoble fait depuis deux ans, en mettant en avant les femmes et les hommes et du vignoble. »

 

Je m’en tiens là, continuer équivaudrait à pisser dans un violon, mieux vaut pour moi écouter Itzhak Perlman, même sur des béquilles, interpréter les concertos pour violon de Beethoven avec  Daniel Barenboim à la baguette du Berliner Philharmoniker)

BORDEAUX

 

« Bordeaux est la seule ville de province qui ait l'allure d'une capitale et dont la société présente tous les traits d'une aristocratie se suffisant à elle-même. Moins avare que Lyon grâce à l'apport étranger, plus distinguée que Marseille presque levantine, moins sérieuse que Lille mais plus réservée que Toulouse, Bordeaux l'anglaise jusqu'à la fin du XVe siècle, tout comme Londres elle a sa rue Saint-James, anglomane depuis Louis XV ne s'intéresse que fort peu à ce qui se passe à Paris (...)

 

« La comtesse Edmond de Pourtalès définissait le Bordelais : un monsieur bien habillé qui a eu un grand père intelligent (...)

 

« Le Pavé des Chartrons, avec ses admirables balcons Louis XV, est tout aussi aristocratique que la Herrengasse de Vienne, la rue des Granges à Genève, ou la rue de Varenne. Hélas ! Un maire socialiste l'a débaptisé, et un maire gaulliste la encombré d'une statue de Jeanne d'Arc qui a chassé ces chers anglais (...)

 

« Sans être le moins du monde intellectuelle, la société des Chartrons a un goût inné de la qualité, jamais on n'y sens l'étriqué de la province (...)

 

« Les grandes familles gardent leurs caractéristiques pendant des générations, les Lawton sont gais, les Peyrelongue pieux, les Blanchy aimables, les Guestier fiers, les Luze fastueux. L'on doit savoir les alliances, les surnoms et les prénoms (volontiers pour les femmes accolés au prénom du mari) sur le bout des doigts, et l'on joue constamment à : who was she ? Tant pis pour la candidate aux Chartrons si l'on ne trouve pas.

 

Naturellement il n'est de fortunes élégantes que dans le commerce du vin, cela ne veut pas dire que tous les négociants soient élégants ; un ail, maître de chais, jette une barre sinistre sur les blasons des grandes fortunes (...)

 

« Les réputations autres commerciales n'intéressent personne : quand Camille Jullian, professeur de faculté, fut nommé au Collège de France, les amies de sa femme s'écrièrent : « Pauvre Madeleine, on a envoyé son mari dans un collège ! Cela lui apprendra à épouser un universitaire (...) « 

 

BROWN-CANTENAC

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commentaires

P
la femme du grand propriétaire du bordelais n'est pas rentrée à minuit. Il fonce chez l'amant de son épouse qui lui jure qu'elle n'est pas là. Le proprio tombe dans les bras de l'amant et murmure: "qu'est ce qu'on va dedevenir??"
Répondre
F
Bonjour, très juste et disons-le, pathétique.<br /> Pourriez-vous m'indiquer la source de la deuxième partie intitulée sobrement "BORDEAUX" merci d'avance.
Répondre
J
le "Dictionnaire du snobisme" de Philippe Jullian, publié en 1958 et réédité par Bartillat sur mon blog http://www.berthomeau.com/article-17476620.html

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