Hier j’ai tartiné sur le pain, alors je me suis mon vieux faut aussi que liche des lignes sur le vin qui est ton fond de commerce.
Pour ce faire, sans me fouler, je me suis rabattu sur le Figaro-Vins qui se fouille le cervelet afin de trouver des sujets un peu plus juteux que les accords mets-vins.
Mon titre n’a rien d’ironique, il correspond à ce que je pense du baratin sur le vin, qui ravit Nicolas de Rien, on en fait des tonnes et, vraiment je ne suis pas désolé d’être un mécréant du vin.
« Quand je me regarde, je me désole ; quand je me compare, je me console. »
Charles Egerton Osgood
« Châtrez « désopilant”, et vous avez « désolant »
Pierre Dac
« La liberté c'est de ne jamais avoir à dire qu'on est désolé. »
Ambrose Bierce
Alexandre Schmitt, nez et consultant : « Pour bien décrire un vin, il faut savoir le trahir »
Reconnu comme l’un des plus grands nez au monde, consultant en assemblage de vins auprès de prestigieux châteaux bordelais, Alexandre Schmitt nous parle de la nécessité d’un « langage commun» en matière de vin.
Par Alicia Dorey
Publié le 01/05/2022
LE FIGARO. – Pourriez-vous revenir sur votre parcours, et m’expliquer comment est-ce que l’on passe de la parfumerie à l’œnologie ?
Alexandre SCHMITT. – Cela remonte à l’adolescence, lorsque mon père m’a imposé les sciences alors que j’avais plutôt un intérêt pour la musique et l’art en général. J’ai cherché une forme de compromis entre les deux, et j’ai trouvé cette école de parfumerie à Versailles (l’ISIPCA, fondée en 1970 par Jean-Jacques Guerlain, NDLR). J’ai tout fait pour y entrer, je me suis acheté des huiles essentielles afin de m’entraîner seul… J’étais très motivé ! J’ai réussi à intégrer cet établissement, en ayant en parallèle présenté un dossier auprès de la faculté d’œnologie. Lorsque je suis arrivé sur le marché de la parfumerie, j’ai réalisé que seulement 10 multinationales se partageaient le marché mondial, et que hormis quelques entreprises indépendantes, il était difficile de trouver un poste où être vraiment libre de créer des parfums. À l’époque, je connaissais déjà Jean-Claude Berrouet, chef de cave de Petrus, et les choses se sont faites naturellement. Petit à petit, je suis entré dans le monde du vin. Il y a beaucoup de lien entre le parfum, la littérature et le vin, mes trois passions, qui m’ont permis de développer un enseignement unique au monde.
- Le vin était-il une passion antérieure à votre intérêt pour le parfum ?
À Bordeaux, il est impossible de ne pas avoir de connexion avec le milieu du vin. Mon grand-père était négociant, et avait stocké des caisses de Cheval Blanc et autres grands châteaux qui, s’il manquait une bouteille, était invendables. Nous en avons donc gardé, et durant toute mon enfance j’ai assisté à ce cérémonial très précis qui consistait à ouvrir une bouteille avec précaution, à la bougie, etc. Je pense que ma passion du vin est née là.
- Les arômes sont-ils selon vous la pierre angulaire de l’équilibre d’un vin ?
Je ne pense pas. C’est une part congrue, dans la mesure où la beauté du vin se trouve dans l’harmonie, dans l’équilibre entre la bouche et le nez. La part tactile est importante et fait une grande différence. En ce sens, un grand vin n’est pas forcément aromatique. Un Médoc, par exemple, n’est pas forcément très aromatique, mais ce qui fait la différence, c’est le toucher en bouche. Au vieillissement, il pourra développer des arômes plus fins, plus délicats, mais pour un journaliste, il est parfois difficile de décrire ces vins-là. C’est bien le travail en bouche qui domine. La part aromatique des vins jouit d’une grande focalisation ces dernières années, mais ce n’est pas le plus probant.
- Justement, entre le sommelier, l’œnologue, le journaliste ou l’amateur, comment prendre en considération la subjectivité de chacun dans son approche d’un vin ?
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