Pour ceux qui l’ignorent, ou feignent de l’ignorer, j’ai encore de beaux restes, bien sûr il faut faire vite car bientôt il n’y aura plus que les os à sucer.
Mon 06, qui n’a pas changé depuis mon premier Nokia, traine encore dans les allées du pouvoir. Samedi matin, alors que je souhaitais bon anniversaire à choupinette, il s’est mis à greloter. D’ordinaire, je ne décroche pas vu que ce sont des harceleurs qui sont payés pour me vendre tout et n’importe quoi.
Là, c’était un autre 06, j’hésite, je clique. C’était lui. Sans détour, dans son style y’a qu’a traverser la route, il me lâche : « Que penses-tu de Catherine Vautrin ? »
- Rien !
- Ne déconnes pas je sais que tu as bossé pour elle...
NDLR : en privé en politique on se tutoie et on cause trash...
- Puisque tu le sais, tu sais ce que j’en penses... Elle a demandé ma tête à mon boss Bruno Lemaire, alors Ministre de l’Agriculture (voir plus bas)
- Oui, je le sais, tu étais bien libéral à propos des droits de plantation...
- La bureaucratie syndicale, je connais monsieur le Président de la République et toi, que les Insoumis taxent d’ultra-libéral, tes Ministres de l’Agriculture ont tous été à son service et, je suppose que ça va continuer, faut pas fâcher la FNSEA...
- Que proposes-tu ?
- Rien !
- Pas très positif pour un ancien rocardien...
- Laisses Rocard tranquille dans son cimetière de Monticello...
La suite est du domaine connu puisque je lui ai développé mon désir d’une cohabitation que la stratégie de Mélenchon a vendangé en servant de repoussoir pour la droite qui va se jeter dans les bras de la future majorité présidentielle. Le mode de scrutin des législatives ne permet pas de déduire le nombre d’élus en fonction des scores nationaux. Bref, la Le Pen t’a obligé de faire barre à gauche ; Mélenchon t’oblige à faire barre à droite et, Catherine Vautrin, bien plus à droite qu’Edouard Philippe te va bien. Sauf que, le en même temps va bien avoir du mal à se concrétiser.
Fin de la séquence, je n’irai sans doute plus jamais traîner mes guêtres à l’Elysée, sauf si j’écris un roman...
Les droits de plantation furent, au temps de notre Sarko, faisant le ménage des régulations de la PAC, abolis, la délégation française votant pour.
Le Conseil des ministres en avril 2008, adopta une nouvelle organisation commune du marché (OCM) vitivinicole
Publiée au Journal officiel. « Les changements qui seront mis en œuvre permettront d’équilibrer le marché vitivinicole, d’éliminer les mesures d’intervention sur les marchés et leur cortège de coûteux gaspillages, et de réorienter le budget au profit de mesures plus positives et plus proactives de nature à renforcer la compétitivité des vins européens. » Dans ce sens, il est donc prévu d’abolir les droits de plantation avant la fin de 2015. Ceux-ci pourront être maintenus au niveau national jusqu’en 2018. Dès le 1er janvier 2019, tout le monde pourra donc planter de la vigne n’importe où dans l’Union européenne. »
Merci cher Michel Barnier de nous avoir libéré de tous ces carcans bureaucratiques, vive l’air cinglant du grand large ! Par bonheur après votre brillant passage au 78 rue de Varenne vous fûtes libéré de vos attaches nationales pour occuper au sein de la Commission de l’UE le prestigieux poste de Commissaire européen chargé du marché intérieur et des services. Comment chacun le sait cette grande maison est le temple de la dérégulation alors vous devriez vous y sentir à l’aise. Oui mais, patatras, la crise ou les crises bancaires et financières sont passées par là, et il est de bon ton d’entonner des hymnes à la régulation, surtout pour un ex-responsable politique français.
Machine arrière toute, sous la pression des chefs du vignoble, champenois en tête, réveillés sur le tard, la France réclame à cor et à cri le maintien des droits de plantation et le Ministre de l’Agriculture, Bruno Le Maire, grand libéral, avale son chapeau tout en bottant en touche en confiant à Madame Vautrin, députée de la Marne, une mission sur « les voies et moyens d’une nouvelle régulation » a remis l’ouvrage sur le métier.
Je fus le porte-plume de madame Vautrin, nous auditionnâmes le ban et l’arrière-ban de la foultitude des zinzins du vin. Ce fut la chambre des lamentations, pas la queue d’une proposition et, lorsqu’il fallut rédiger le rapport de mission je fis part à la missionnaire, qu’en dépit de mon immense capital de créativité juridique, je n’étais pas en mesure de sortir de ma besace un substitut au droit de plantation, soit il y a un droit, soit il n’y en a pas ! Abandonné à mon triste sort de porte-plume je rédigeai un gloubi-boulga dont je n’étais guère fier et le confiai à madame Vautrin qui le posa sur sa pile et l’oublia.
Je partis en Corse au mois d’août, un après-midi alors que je crapahutais dans des gorges mon foutu téléphone sonna. Du côté du 78 on s’affolait car le Ministre réclamait le rapport de la missionnaire. Ma réponse fut lapidaire : demandez-lui ! Ce qu’ils firent. Catata, la dame constata l’ampleur du désastre et chercha à m’en faire porter le fardeau, sauf que la messagerie démontrait son incurie. Cet épisode me valut d’être plus encore considéré comme un vilain petit mouton noir. Par bonheur mon nom n'apparaît nulle part sur ce document.
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