8 décembre 2018
C’est au milieu d’un océan de vignes roussies par l’automne que l’on retrouve Jean-Louis Trintignant, sur son domaine viticole Rouge Garance, entre Avignon et Uzès. ICI
- Question : « Vous habitez depuis plus de trente ans près d’Uzès. Provincial, c’est vital ? »
« Dans la famille, personne avant moi n’était monté jusqu’à Paris. C’était loin Paris ! J’y ai vécu vingt-cinq ans. Et puis je suis revenu dans ma campagne, où j’ai grandi et où je me sens beaucoup mieux. Petit-fils et fils de vigneron, je produis, moi aussi, du vin. Je m’y suis mis tard mais je suis content. Je bois toujours du vin. Je suis même un peu « alcoolo » ! Le vin ça m’a aidé à vaincre ma timidité, ça m’a désinhibé dans ma jeunesse. L’ivresse est souvent meilleure que la lucidité. En tout cas je me sentais davantage moi-même quand j’étais ivre… J’ai connu, aussi, les stupéfiants, pendant une dizaine d’années. Lorsque j’ai découvert cela, ce fut comme une religion. Je fumais du haschich et j’ai été jusqu’aux drogues dures, qui m’ont fait du bien, puis beaucoup de mal, à la fin. Mais je ne regrette pas toutes ces expériences.
Jean-Louis Trintignant a créé avec un couple de viticulteurs le domaine de Garance Rouge à Uzès (Gard).
Jean-Louis Trintignant : « Le vin et la poésie sont toujours liés ICI »
Quand il ne monte pas sur les planches, l’infatigable comédien est dans ses vignes du Gard, un domaine viticole que travaille et fait progresser un couple d’amis.
Propos recueillis par Laure Gasparotto
Publié le 27 février 2017
Aujourd’hui c’est « Été Violent » (2000)
Pourquoi ce film ?
Pour répondre à la demande générale souhaitant que soit évoqué le cinéma italien et plus particulièrement du lad qui regrette qu’il n’y ai « jamais rien sur le cinéma italien qui volait quand même à des kilomètres au-dessus des bourrins (certes talentueux) anglo-saxons ? »
Mais pour qui prend-on ce pôvre Ciné papy ?
Qui est-il pour s’attaquer à des chefs d’œuvre comme « la Dolce Vita » 1960 ou « Huit et demi » 1963 et pourquoi pas « Citizen Kane »* 1941 pendant que vous y êtes ?
M’enfin, allons y. Une fois encore Ciné papy va livrer un autre secret tiré des films chers à son cœur.
* Qualifié de meilleur film de toute l’histoire du cinéma par une flopée de critiques, académies et autres, faisant profession d’amateurs éclairés de cinéma. (Par exemple, élu « Meilleur film de tous les temps » en 2002 par 108 réalisateurs et 144 critiques internationaux consultés par la revue britannique Sight and Sound du British Film Institute.)
Quelle est l’histoire ?
En Italie, plus précisément en Émilie Romagne, dans la ville côtière de Riccione, durant l'été 1943. Sans se préoccuper de la Seconde Guerre mondiale qui a épargné l'endroit jusqu'alors, des jeunes gens mènent une vie insouciante. Carlo, l'un d'eux, se lie d'amitié avec une jeune veuve de guerre, Roberta étroitement surveillée par sa belle-mère. Bientôt, la relation de Carla est de Roberta évolue vers une folle passion...
Réalisation
Valerio Zurlini est un scénariste et réalisateur italien d’une rare sensibilité. Elle lui permet, comme dans « Été violent » de peindre les émotions amoureuses et le désarroi existentiel qui accablent ceux qui prennent conscience de l’agitation incompréhensible du monde auxquels ils appartiennent.
Son œuvre la plus forte nous dit Wikipédia est peut-être la fidèle adaptation, écrite par André-Georges Brunelin, du roman de Dino Buzzati, « Le Désert des Tartares », en 1976, dans les décors remarquables de la citadelle de Bam (Iran) et avec une distribution internationale prestigieuse : Vittorio Gassman, Giuliano Gemma, Philippe Noiret, Jacques Perrin, Laurent Terzieff, Fernando Rey, Jean-Louis Trintignant, Max von Sydow, Helmut Griem, Francisco Rabal et, pour la musique, Ennio Morricone.
Quelques autre films connurent un succès critique et public tel « La Fille à la valise »1960, avec Claudia Cardinale et Jacques Perrin, et qui mériterait bien aussi que Cinépapy établisse un jour une fiche ou « Le Professeur » 1972 avec Alain Delon, Sonia Petrovna et Léa Massari.
Qui fait quoi ?
Eleonora Rossi Drago : Roberta Parmesan
Ciné papy est sans voix et sans voie pour parler de cette actrice. Les termes éculés du genre « superbe créature » n’ont rien à faire ici.
En outre, il n’a ni le talent ni la plume de Frédéric Schiffter *pour vous en parler. Ce philosophe a commis un petit traité avec comme sujet Claudia Cardinale **. C’est en amateur éclairé qu’il en parle. Il est en effet l’auteur d’un opuscule « La Beauté, une éducation esthétique » 2012 dans lequel il prend soin d’expliquer la différence entre une jolie jeune fille et la beauté qui n’appartient qu’aux femmes. Dans cet ouvrage il résume cela par une magistrale et si évocatrice maxime : « La beauté vient aux femmes en automne ».
Taisons-nous donc au lieu d’aligner des banalités. Vous n’en saurez pas plus d’Eleonora Rossi Drago sauf à aller sur Wikipédia.
Pour ma part je reste sous le charme, ravi, au sens propre du terme ravissement.
* Ce n’est pas la première fois que Ciné papy cite ce philosophe véritable dandy de la pensée. Une fois encore on ne peut que recommander de chercher à la fréquenter tans ses réflexions sont originales sans être inutilement provocatrices.
Le mot philosophe ne doit inquiéter personne. Ses ouvrages sont minces. Dans son blog du 7 mars il écrivait : « Si j’étais un législateur tout-puissant, je me contenterais d’édicter cette loi très simple: “La publication des livres ayant plus de cent pages est interdite.”». Il serait déraisonnable de ne pas approuver Henri Roorda. À cette loi, j’ajouterais un assortiment de peines en cas de contraventions — de lourdes amendes que devraient se partager auteurs et éditeurs. Seuls les dictionnaires garderaient toute liberté de dépasser mille pages, et encore, à condition de ne pas servir de poubelles aux mots qui traînent partout dans le journalisme, les entreprises, les vestiaires. »
** En 1958 à la grande époque de la Dolce Vita, dans un appartement modeste baigné de soleil, Claudia Cardinale tout juste 20 ans pose pour un de ces paparazzi d'agences spécialisées dans les magazines populaires dont on ne saura rien si ce n'est le talent qu'il mit à installer cette complicité, ce flirt photographique. Il s'agit d'instants magiques arrachés au quotidien dans un tourbillon joyeux où éclate toute la fraîcheur, la spontanéité, la sensualité et le talent de Claudia à peine arrivée en Italie après avoir gagné le titre de la plus belle Italienne de Tunis et alors qu'elle s'était mise en tête de ne pas faire de cinéma en manifestant son intérêt pour devenir institutrice.
Nous découvrons aujourd'hui cette série avec gourmandise tant Claudia y apparaît radieuse, espiègle et profondément humaine avant qu'elle ne devienne la star que nous connaissons.
Cette séance photo sera complétée par une série de photos prises la même année à Venise, à l'hôtel Cipriani.
En écho des photographies, le philosophe Frédéric Schiffter propose un petit traité de la starlette dans lequel il évoque de façon personnelle sa passion pour elles et l'audace dont elles firent preuve à leur époque.
Jean-Louis Trintignant : Carlo Caremoli
Quelle vie que celle de cet acteur protéiforme. Passant de la gloire « Et Dieu… créa la femme » 1956 de Roger Vadim à l’ombre pour revenir à la lumière « Un homme et une femme » 1966 de Claude Lelouch sans rien laisser paraître de ce que cela pouvait représenter pour lui.
Il rencontra à nouveau le succès avec des films d’auteurs, des films politiques mais aussi en jouant au théâtre. Il a beaucoup tourné en Italie avec les plus grands réalisateurs tel Dino Risi dans « Le Fanfaron » 1962 avec Vittorio Gassman et ce que lui-même considère comme son plus beau rôle « Le Conformiste », 1970 un film de Bernardo Bertolucci adaptant un roman de Alberto Moravia et considéré aujourd'hui comme un des meilleurs films du cinéaste.
Passionné de sport automobile de part un environnement familial il fit de la course automobile à une époque où cela voulait encore dire quelque chose comme aventure humaine.
En ajoutant qu’il est propriétaire exploitant un vignoble dans l’AOC Châteauneuf du Pape on aura presque tout dit de ce touche-à-tout des plus talentueux. Une vie extrêmement bien remplie avec les joies des succès et les peines comme seules vous en réserve les affaires de cœur et surtout la mort de ses filles Pauline et plus tard Marie.
Jacqueline Sassard : Rossana
16 films pour cette actrice française qui a beaucoup tourné en Italie ou elle passa une grande partie de son existence, notamment mariée à Gianni Lancia fils du fondateur de la marque automobile Vincenzo Lancia. Sa carrière n’a duré que treize ans et seul les 4 autres films suivants contribuent à maintenir sa mémoire : « Guendalina » 1957 d’Alberto Lattuada, « Faibles Femmes » 1959 de Michel Boisrond, le si britannique « Accident » 1967 de Joseph Losey dont il faudra bien que Cinépapy établisse un jour une fiche et enfin « Les Biches » 1968 de Claude Chabrol, son dernier rôle *. Elle enflammait mes séances d’adolescent adepte de la classe buissonnière. Ses rôles qui collaient parfaitement à son physique étaient celui d’une jeune femme qui perturbait l’ordre établi, du simple fait d’être là, en ne faisant rien de particulier pour ça.
* Dont une affiche ornait tout un pan de mur du Lapin Blanc à Ménilmontant établissement dont le Taulier, un temps, nous donnait des nouvelles par blog interposé.
Enrico Maria Salerno : Ettore Caremoli, le père de Carlo
Grand acteur de théâtre au même titre que Vittorio Gassman il a joué les plus grands auteurs : interprétant les œuvres de : Shakespeare, Pirandello, Vittorio Alfieri, Eduardo De Filippo, George Bernard Shaw, Molière, Carlo Goldoni et Jean Cocteau.
Au cinéma il fut un acteur spécialisé dans des rôles de policier dans des drames et le cinéma de l’engagement politique. « Été violent » a été son premier film.
Raf Mattioli : Giorgio
Jeune acteur italien plein de promesse comme on dit mais mort à vingt-trois ans.
Il tourna, entre autre : « La loi » 1959 de Jules Dassin et il écrit le scénario de « Guendalina » 1957d’ Alberto Lattuada sur un scénario de Zurlini
Bons Moments
Il n’y a pas réellement de bons moments. On se laisse porter par la grâce de cette relation unique, hors du temps de deux êtres surpris par l’amour et on appréciera le talent tout particulier de Zurlini déjà évoqué plus haut : « Valerio Zurlini peint avec sensibilité l'effusion amoureuse et le désespoir existentiel d'être conscients des difficultés sociologico-politiques dans lesquelles ils évoluent. La force de Zurlini est de communiquer aux paysages et à l'espace le malaise intérieur de ses protagonistes. »
Cette qualité est éclatante quand on compare les douces images du début toutes concentrées sur les deux amants et celles de la fin les exposant au fracas des armes et de la guerre.
Pax
Prochainement « La vie de Château »