La guerre, la menace du feu nucléaire, je ne sais si Wladimir a lu 2034 d’Elliot Ackerman et Amiral James Stavridis, traduction de Janique Jouin-de Laurens, Editions Gallmeister, 384 pages, 23,80 Euros, j’en doute mais vous vous devriez le faire car ce livre est une mine, si je puis m’exprimer ainsi.
"2034" : la troisième guerre mondiale selon le romancier Elliot Ackerman et l'ancien amiral James Stavridis
le 1 février 2022
Par Karen Lajon
LA VIE EN NOIR - C'est un peu le livre que l'on attendait tous. Celui qui nous dira ce qui nous attend demain. La Chine entend bien annexer Taïwan.
Guerre ou pas guerre et qui l'emportera ? Le romancier Elliot Ackerman et l'ancien amiral James Stavridis ont réussi ce tour de force, celui de nous éclairer, de nous faire peur et peut-être de nous convaincre. 2034 ou notre avenir en coupe réglée.
Génial !
Le roman des deux ex-soldats est aussi efficace qu'un drone survolant une zone hostile pour ensuite frapper et disparaître aussi sec. Il est dévastateur dans ce qu'il imagine. 2034 met en scène la 3ème guerre mondiale entre deux puissances, la Chine et les Etats-Unis, avec une utilisation limitée de l'arme nucléaire. Grâce à l'intervention d'un autre acteur clé des années à venir selon les auteurs, à savoir l'Inde, il n'y aura pas de désintégration de la planète terre. Ce qui est en soi une double réussite parce que tordre le bras aux Chinois n'est pas franchement donné à tout le monde.
Surtout lorsque ces derniers assistent à la destruction de l'une de leur plus grandes agglomérations, Shanghai, et la mort de trente millions de ses habitants. De quoi énerver le dragon qui ne dort jamais que d'un œil.
Un monde où l'Amérique n'est plus dominatrice
Alors pour faire passer ce déluge d'armes dévastatrices, le tandem a imaginé un monde où l'Amérique n'a plus rien à voir avec la position de suprématie qu'elle occupe aujourd'hui. Les auteurs ont changé les règles du jeu géopolitique, découpé les zones géographiques et actionné le bouton Urgence avec une technique romanesque méga efficace. L'ouvrage est savamment dosé.
On ne croule pas sous les acronymes mystérieux et barbares, au contraire, Ackerman et Stavridis s'évertuent avec un certain talent à nous faire entrer dans ce troisième conflit mondial par le prisme de personnages à la fois normaux et hors normes dans leurs prises de décision quotidiennes. Il y a bien sûr le héros solitaire typiquement américain qui affronte sa hiérarchie mais aussi celui qui louvoie dans l'opacité des régimes forts où l'individu est au service du groupe, du parti au pouvoir sans jamais avoir à dire quelque chose, sans jamais vraiment comprendre ce qui se passe mais prêt à mourir en tout état de cause.
L'incident diplomatique revient à une femme, Sarah Hunt, commodore du vaisseau amiral américain du John Paul Jones qui navigue dans la Mer de Chine méridionale avec ses deux destroyers, le Carl Levin et le Chung-Hoon. La "Reine Lionne" est au sommet de sa carrière et fume le cigare. Des Cubains que son père achetait aux Marines de Guantanamo. Un chalutier en péril sans pavillon et sans envoyer de signal de détresse va changer les plans de la dame et de son équipage. Elle veut aller voir. Mieux ou pire, elle monte à bord, la prise du Wén Rui se déroule sans incident et coup de feu et le capitaine du rafiot se rend à Sarah en lui remettant également une clé qui ouvre une porte cadenassée et dans laquelle la commodore découvre une rangée de disques miniatures clignotant et des écrans plasma. C'est le début ou la fin, selon le point de vue d'où l'on se place.
Parce que aller porter secours à ce bateau qui ne semble pas en réclamer, dans des zones que la Chine revendique comme les siennes, relève du très risky business. D'ailleurs, Hunt et son équipage se prennent quelques torpilles, et ce qui vient de se passer va donner le feu vert aux Chinois afin de lancer une attaque sur Taïwan et tenter ainsi de gagner la Bataille de cette 3ème Guerre Mondiale.
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– À l'époque impériale, nos tsars parlaient français à la cour, dit Kolchak. À l'époque communiste, notre économie était une coquille vide. Aujourd'hui, sous la Fédération, nos dirigeants sont considérés comme des criminels par le reste du monde. A New York ou à Londres, ils ne nous respectent pas, pas même le président Poutine. Pour eux, il n'est pas le grand-père de notre Fédération; non, pour eux, ce n'est qu'un Russe pauvre de plus, au mieux un gang- ster, même s'il a repris nos anciens territoires de Crimée, de Géorgie et de la grande Ukraine; même s'il a miné le système américain, si bien que maintenant, leur présidente n'a même pas de parti mais doit se présenter sous l'étiquette fragile "d'indépendante". Nous sommes un peuple rusé. Notre dirigeant est l'un d'entre nous et il est tout autant rusé. Vous demandez ce que fera la Russie si les Etats-Unis passent à l'acte? N'est-ce pas évident? Que fait le renard dans le poulailler?
Pages 171-172, Gallmeister.
Une opération américaine en mer de Chine, le 13 janvier. (EyePress via AFP)
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CENG SHOU YI / NurPhoto via AFP
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