Je suis aux petits oignons pour mes fidèles commentateurs.
Oui, comme eux, je me souviens de Raoul De Godewarsvelde
23 septembre 2015
Tout près du cap Gris-Nez quand j'ai fini d'pêcher on s'retrouv' chez Léonce on est onze on mesure les poissons en vidant des canons… ICI
Pour parler de lui rien ne vaut la plume de la Voix du Nord ICI
Dans les années 1960, Jean-Claude Darnal, Douaisien de naissance, s’est installé à Paris où il écrit pour les plus grands de la variété française. L’été, il remonte dans le Nord et séjourne en famille à Wissant (Pas-de-Calais). À la même époque, Francis Albert Victor Delbarre alias Raoul de Godewarsvelde, installe, lui, ses quartiers d’été à deux pas, au Cap Gris-Nez.
Quand la mer monte, c’est l’histoire d’une promesse. Un engagement que Jean-Claude Darnal a pris envers son ami Raoul de Godewarsvelde. Mais c’est aussi, et avant tout, une histoire d’amitié, « le type de rencontre rare, différente, que l’on ne s’explique pas », raconte Uta Taeger, épouse du premier.
C’est donc la Côte d’Opale qui sera témoin, un jour d’été 1967, de la rencontre entre ces deux hommes. Eux qui partagent « l’amour de la mer et une même vision de la vie » deviennent vite potes. Et c’est tout naturellement, « avec sa grosse voix et son accent du Nord, que Raoul lance à Jean-Claude « J’veux que tu m’écrives une chanson !».
« C’était incroyable, ça a pris tout de suite ! »
Promesse est faite. Ce n’est qu’à la fin de l’été 1968 que Jean-Claude Darnal attrape sa guitare pour tenir parole. « Je m’en souviens encore. Ce matin-là, je me suis réveillée seule. En bas, Jean-Claude jouait. Je suis descendue et il m’a demandé mon avis. Ma toute première réaction a été de lui dire que faire rimer monte et honte, c’était vraiment nul ! », se remémore amusée Uta.
Sans modifier les paroles, le couple se présente le soir même dans la maison du gardien du phare, là où loge Raoul : « Il y avait un monde fou, comme toujours ! » Son mari a alors un trac énorme. « Quand il a commencé à jouer, c’était incroyable. Ça a pris tout de suite ! » « On était tous dithyrambiques, confirme Frédérique Delbarre, fille du chanteur. Il y avait dans les paroles tout ce que mon père avait fait découvrir à Jean-Claude dans les alentours. »
La pêche – « surtout le maquereau » – le bistro chez Léonce, les paysages de la côte, et la mer, surtout la mer. « Quand Jean-Claude eut terminé, il y a eu une ovation. Puis tout le monde s’est précipité en face, au bistro de Léonce, pour la lui faire écouter, finit de se rappeler l’épouse du parolier. Ce jour-là, on était à mille lieues de penser que cette chanson paillarde aurait un succès national ! »
Biographie de Jean-Claude Darnal
Jean-Claude Darnal naît le 24 juin 1929 à Douai (Nord). Cet aventurier dans l'âme commence par faire la manche aux terrasses de Saint-Germain-des-Prés, guitare à la main. Il part en 1954 en auto-stop sur les routes, suivant les préceptes de Jack Kerouac et anticipant les futures transhumances hippies. Certaines de ses chansons rencontrent alors le succès, interprétées par Edith Piaf ou Eddie Constantine, et Jean-Claude Darnal interrompt son parcours bohème. De retour en France, il se produit en première partie de Georges Brassens et dans différents cabarets.
Le natif du Nord enchaîne alors les succès pour d'autres, comme Les Frères Jacques, Annie Cordy ou Les Compagnons de la Chanson. Certains de ses propres titres sont des succès mineurs, tels « Le tour du monde » ou « Toi qui disais ». Son titre « Le soudard » est interdit sur les ondes en raison de son caractère contestataire. C'est en 1968 que Jean-Claude Darnal compose son titre emblématique, « Quand la mer monte » véritable hymne au nord de la France, interprétée par Raoul de Godewarsvelde. Ce titre donne son nom en 2004 à un film réalisé par Yolande Moreau et Gilles Porte.
Jean-Claude Darnal quitte ensuite le monde de la chanson et devient présentateur d'émissions pour enfants de 1966 à 1970. Il devient également auteur de romans, pièces de théâtre et de scénarios pour le cinéma et la télévision. Ce touche-a-tout discret et attachant écrit son autobiographie, On Va Tout Seul au Paradis. Il est le père de Thomas Darnal clavier de la Mano Negra et de Julie Darnal comédienne et chanteuse. Le 12 avril 2011, la mer reflue définitivement quand Jean-Claude Darnal clôt ses paupières pour toujours.