Vin & Cie, en bonne compagnie et en toute liberté ...
Extension du domaine du vin ...
Telle est la raison sociale de mon vieux blog, monsieur le Ministre, mais je le confesse, c’est mon côté ex-enfant de chœur, depuis un certain temps je ne contribue guère à l’extension du domaine du vin.
Pourquoi ?
Tout simplement parce que j’ai eu le sentiment, bien réel, de prêcher dans un désert d’autosatisfaction, le petit monde du vin gaulois se regarde le nombril, cultive l’entre-soi, serine des vieilles antiennes, ne voit pas plus loin que le bout de son nez.
Et là, sans hésitation, je fourre tout le monde, ou presque, dans le même sac, pour faire simple les Anciens, qualifiés souvent de conventionnels, qui sont toujours en retard d’une guerre, et les Modernes, conglomérat peu lisible des bios, des bio-dynamiques et des naturistes, qui campent dans leur petite chapelle.
J’ai fait, avec les membres du groupe stratégique Cap 2010, mon devoir, l’encre de notre note le défi des vins français, me disent certains, n’est pas encore sèche 12 ans après, mais depuis la seule avancée concrète : l’invention des vins de France, de cet espace de liberté créatif, tel sœur Anne, je n’ai rien vu venir.
À l’heure où le déficit de notre commerce extérieur atteint des profondeurs abyssales, se contenter de cocoricos à propos de la contribution des vins&spiritueux au rééquilibre de cette balance, en omettant d’en analyser la réalité des contributeurs, c’est se leurrer sur nos capacités à étendre le domaine du vin sur de nouveaux marchés ou de le conforter sur ceux déjà existants.
Laissons les Rafales de côté, le monde du vin français continue de croire que le marché domestique est encore porteur d’avenir. Les gros buveurs de gros rouge étoilé sont derrière nous, certes il y a encore de gros buveurs de premiers prix mais la tendance haussière ne sera pas là, ceux qui soutiennent le ventre du marché du vin national ce sont les fameux baby-boomers friqués, ceux qui, selon le discours officiel des jeunes générations, ont profité de tout, se sont goinfrés, le portent encore mais, eux aussi ne sont pas l’avenir, EPHAD, dépendance…
Nous descendons l’escalier par palier, phénomène que nous avons connu avec l’érosion du marché des vins de table. Notre marché domestique se rétracte doucement et inexorablement, l’offre des vins en GD est de plus en plus inadaptée à la demande, le rayon lui aussi va se rétracter et il aura de la casse dans le vignoble de quantité.
Suis-je un oiseau de mauvais augure ?
Je ne le crois pas et c’est là où je souhaitais en venir Monsieur le Ministre, il est temps de sortir des discours convenus que vous servent vos interlocuteurs professionnels pour les confronter au constat de la réalité. Votre guide, le sémillant Macron, buveur quotidien selon ses propos, admiré par l’inénarrable Saverot de la RVF, n’a guère été disruptif dans le domaine du vin, pour le dire crument il s’est laissé tirer par le bout de son petit nez pointu.
Certes en ces temps électoraux il vous est difficile de froisser des gens plutôt enclin à voter pour votre poulain. Je le comprends mais, en supposant, en cas de victoire du sortant suivie, comme je le souhaite d’une saine cohabitation, avoir sous le coude un diagnostic sans concession de la situation débouchant sur un Cap 2030 porteur d’un vrai rebond des échanges intra et extra-communautaires.
Ma seule contribution à l’érection de cette mission pourrait consister en la rédaction de la lettre de mission, ce fut le cas avec Jean Glavany, qui eut la modestie de m’avouer que sa vision du monde du vin se cantonnait aux limites du vignoble de sa circonscription, mais en bon politique à la sauce de Tonton, il sentit qu’il y avait un bon coup à jouer.
Osez donc Monsieur le Ministre !
Reste ensuite à trouver, dans les soupentes du CGAER, 231 rue de Vaugirard, le missionnaire, prenez donc langue avec son vice-président Alain Moulinier alain.moulinier@agriculture.gouv.fr, qui fut au préalable Directeur général de la forêt et des affaires rurales au ministère de l'agriculture de 2003 à 2008, Directeur général de l'Assemblée permanente des chambres d'agriculture de 1998 à 2002, et Directeur général de l'Office national interprofessionnel des céréales de 1995 à 1998. Ingénieur agronome et ancien élève de l'ENGREF (École nationale du génie rural, des eaux et des forêts) il approche de la retraite.
Voilà, monsieur le Ministre, j’ai fait mon devoir de vieux routier des ors de la République qui, depuis plus d’une décennie, a quitté les autoroutes du vin, empruntant gaiement des chemins de traverse, pour tomber en sa vieillesse sous le charme du monde improbable des vins nu et de la jolie caviste qui les vend.
Au fait, en avez-vous bu ?
PS. Le missionnaire se devra de bien répertorier là où il y a du pognon pour financer l’extension du domaine du vin, pour ce qui est de le gaspiller les candidats sont nombreux. Autre sujet brûlant : l’Appellation pour tous ravalé au rang de signe de qualité ou la fin de l’utilité de l’origine comme marqueur de l’originalité.