Et pourquoi pas mon gars !
Ça me rappelle une amie grande bourgeoise du Vexin qui votait « Travailleurs, travailleuses… » pour notre Arlette Laguiller (une trosko mon coco)
Je n’ai jamais pratiqué l’anticommunisme primaire, le coco de base c’était du vrai, certes borné, mais sincère, ce que j’ai combattu c’est l’alignement des apparatchiks du P.C.F avec les hiérarques de Moscou.
Le Roussel, il renoue avec la langue populaire, il est vrai, sincère, certes un poil démago, en plus il n’hésite pas à hérisser les écolos nigauds style Sardine Rousseau. .@sandrousseau explique sa réponse aux propos de @Fabien_Roussel sur la gastronomie française: « Le couscous est le plat préféré des Français, mon plat préféré, je ne vois pas en quoi c'est moins bien que du vin, du camembert, de la saucisse (...) ça ne me parlait pas. »
Moi j’aime tout, le couscous, la choucroute, les tripoux, les pieds paquets, la langue de bœuf sauce madère, le steak frites, le tartare, les abats… et plein de cuisine beurk ICI et ça commence à me courir sur le haricot lorsque je lis ce titre d’une chronique du Monde :
« Le steak-frites est passé à droite » ICI
Je respecte tous les choix alimentaires, même si je trouve les interdits religieux stupides et sans rapport avec une croyance, mais ériger ces choix en sujets politiques nous sommes vraiment tombés bien bas, dans le caniveau « c’est la faute à Rousseau… »
Je signale à Sardine Rousseau que dans le coucous y’a de la viande, poulet, veau, agneau (horreur, malheur, des enfants)
Coauteur de « La France sous nos yeux », le journaliste et essayiste Jean-Laurent Cassely décrypte la politisation de l’alimentation et les « fractures » qui y apparaissent.
Propos recueillis par Nicolas Santolaria
Coauteur avec Jérôme Fourquet de La France sous nos yeux (Seuil, 2021), le journaliste et essayiste décrypte la politisation de l’alimentation.
- « Un bon vin, une bonne viande, un bon fromage, pour moi c’est la gastronomie française », affirmait récemment sur France 3 le candidat communiste à l’élection présidentielle, Fabien Roussel. Alors qu’elle se voulait rassembleuse, sa déclaration a suscité de très vives réactions, notamment à gauche. Comment comprendre cet emballement ?
Dans sa déclaration, Fabien Roussel a aussi ajouté que « le bon et le beau », tout le monde doit y avoir accès, avec cette idée sous-jacente qu’on est tous d’accord sur les référentiels du bon. En réalité, le régime alimentaire qu’il met en avant convoque une figure un peu vintage de l’électeur communiste des années 1970-1980, l’ouvrier avec sa gamelle, son béret et son litron. Jean Gabin, si je caricature un peu.
Il y a un aspect nostalgique dans cette défense du repas à la française. Ce dont on se rend compte au travers des réactions outrées que ça a déclenché, c’est qu’en fait, il n’y a plus d’assiette commune, de référentiel qui fait consensus. Ça révèle aussi que le stomacal, le gastrique sont désormais politiques.
D’où les critiques sont-elles venues ?
De son propre camp. D’un côté, il y a les militants écologistes et en faveur du bien-être animal qui ont été choqués par sa promotion de l’alimentation carnée. Et puis il y a une autre critique, celle de la gauche « morale », qui voit dans cette glorification du régime alimentaire franchouillard, très « saucisson-pinard », un appel du pied à une droite identitaire et nationaliste. Sandrine Rousseau, l’ancienne candidate aux primaires des écologistes, qui est le porte-drapeau d’une gauche qui défend une version plus métissée, inclusive de l’alimentation, a d’ailleurs réagi à la déclaration de Fabien Roussel par un simple tweet : « Le couscous, plat préféré des Français… »
Il existe donc une véritable fracture alimentaire à gauche ?
Le débat politique s’est déporté vers des sujets culturels au détriment de sujets socio-économiques. Tout cela m’évoque une traduction sur le terrain culinaire d’une controverse, engendrée en 2011 par une célèbre note de Terra Nova. Ce document, produit par un laboratoire d’idées proche du PS, préconisait d’abandonner le vote des ouvriers parce que, sur le plan culturel, sur l’immigration, le mariage pour tous, ils étaient conservateurs. Et de les remplacer par les urbains diplômés, les minorités, les femmes ; une nouvelle coalition électorale démocrate, un peu à l’américaine.
On retrouve cette fracture dans l’opposition des régimes alimentaires. Le problème pour la gauche, c’est que si son électorat est réduit à la portion des gens qui sont strictement végétariens en France, ça ne va pas le faire pour le second tour.
Et la droite dans tout ça ?
Les médias de droite, du Figaro à la chaîne CNews, se sont régalés de la polémique Roussel en agitant le spectre des « woke » qui nous empêcheraient de manger, qui surveilleraient notre assiette. Comme ils sont très intimes, ces sujets conduisent à une polarisation.
Quand ils ont le sentiment d’être remis en question dans leur manière de vivre, les gens ont tendance à se politiser en réaction, sur le mode : « Ah, on m’accuse d’être un identitaire du steak-frites ? Eh bien, remettez-moi une côte de bœuf ! » La droite l’a bien compris, c’est pour cela qu’elle s’est emparée de la gastronomie.
Le jambon-beurre est même devenu un marqueur d’extrême droite, revendiqué par certains zemmouristes…
C’est assez basique : y a le jambon, donc y a du porc. C’est la même histoire que cette association caritative d’extrême droite qui distribuait une soupe populaire confectionnée avec du cochon, ça excluait de fait les musulmans. D’une certaine manière, le steak et les frites décryptés par Roland Barthes dans ses Mythologies sont eux aussi passés à droite. Avec la musculation, la barbe ou certaines marques vestimentaires, la viande rouge fait partie des nouveaux marqueurs lifestyle des identitaires, associée à une idée de santé, de force, de virilité.
Avec la musculation, la barbe ou certaines marques vestimentaires, la viande rouge fait partie des nouveaux marqueurs lifestyle des identitaires
On a constaté le même mouvement aux Etats-Unis au travers de l’apologie du barbecue. A l’époque de Donald Trump, la viande grillée était présentée comme la nourriture de la working class américaine alors que l’avocado toast, c’était l’aliment des bobos efféminés qui votaient démocrate.
Le discours est un peu le même chez nous, non ?
En France, la droite a longtemps moqué la gauche caviar, ce qui était une manière de dire : « Vous vous revendiquez de l’égalité et de la justice sociale, mais vous mangez des mets de la bourgeoisie. » Aujourd’hui, on est en train d’évoluer vers ce qu’on pourrait appeler une « gauche quinoa ». C’est une autre forme de disqualification : si la gauche quinoa rejette les référentiels bourgeois, on lui reproche désormais de ne pas représenter le peuple mais seulement les classes urbaines éduquées.
Une partie de l’électorat populaire semble effectivement sur des référentiels alimentaires différents, comme l’ont montré les émeutes du Nutella, en 2018, où les gens se battaient pour accéder aux promotions de pâte à tartiner. On est loin des graines germées…
Les émeutes du Nutella, c’était juste avant les « gilets jaunes », et c’est très révélateur. Pour des foyers modestes, que leurs enfants puissent avoir du « vrai » Coca ou du « vrai » Nutella, ça reste un marqueur statutaire, un signe que l’on n’a pas totalement décroché. Ça rassure. En revanche, du point de vue du « food activist », le Nutella, c’est le repoussoir absolu, accusé d’engendrer la déforestation à cause de l’utilisation de l’huile de palme, associé à l’univers de la malbouffe industrielle.
Encore une fois, on retrouve un décalage culturel ; on n’est pas dans la convergence des luttes mais dans la divergence des styles de vie, entre des gens qui maîtrisent leur alimentation, qui ont une approche stratégique de leur approvisionnement, font du kéfir et du levain naturels, et d’autres, qui la maîtrisent moins, et subissent des leçons des premiers.
Même le vin ne fait plus consensus !
Oui, que ça soit pour des raisons religieuses ou parce qu’ils ont choisi de faire le « Dry January » [le mois de janvier sans alcool], beaucoup renoncent à boire en société, ce qui n’est pas forcément une mauvaise chose.
La droite agite le spectre du « grand remplacement alimentaire », en soulignant notamment l’invasion des kebabs. C’est un fantasme ou une réalité ?
Comme il est souvent tenu par des Turcs ou des Maghrébins, le kebab est, pour les générations âgées, un marqueur des vagues d’immigration récentes, comme l’est le voile. Mais dans les faits, il signale aussi la paupérisation des centres-ville, car c’est un commerce extrêmement résilient, adapté aux temps de crise.
Pour les plus jeunes, le kebab fait partie du paysage, il y en a devant chaque lycée de France, dans chaque rue commerçante de province. Le kebab est un signe de la mondialisation de l’alimentation, il fait partie des nouveaux référentiels français, comme le montre le fait que les chefs en proposent des déclinaisons « gourmet ».
Le kebab, c’est le nouveau couscous. C’est un peu comme le burger. Après avoir été un repoussoir pour la gauche altermondialiste tendance José Bové comme pour la droite, il a fini par s’intégrer dans notre paysage culinaire.
Comment expliquer cette politisation de l’alimentation ?
L’alimentation, mais aussi la voiture, la maison individuelle, l’avion, tous les marqueurs des modes de vie hérités de l’imaginaire des « trente glorieuses » n’étaient pas questionnés. Or, dans la France contemporaine, confrontée à une transition climatique et à une remise en cause de son modèle, ces choix ne vont plus de soi, et sont attaqués par les mouvements progressistes. Le fait d’aller dans les centres commerciaux, de rouler en SUV, de commander sur Amazon, tout ça devient politique.
Est-ce une bonne idée de politiser ces questions ?
Tout dépend de la manière. Ces questions sont importantes. Aujourd’hui, manger moins de viande est souhaitable sur le plan de la santé et sur le plan environnemental. Au travers du style de vie, ce sont des modèles de société, des visions du monde que l’on choisit. C’est pour ça que ça inspire les électeurs, plus que de savoir s’il faut rajouter une tranche d’impôt sur le revenu. La question, c’est comment inciter les gens à manger mieux sans leur faire la morale.
Au travers du style de vie, ce sont des modèles de société, des visions du monde que l’on choisit
Car si l’on part du principe que le repas, c’est le partage, il y a un risque à le transformer en sujet d’affrontement : à partir du moment où ce que tu manges ou ne manges pas s’impose comme le principal sujet politique, ça devient compliqué de faire table commune.
Y a-t-il des plats non clivants ?
Je ne sais pas, le riz peut-être. En tout cas, maintenant, j’y réfléchirai à deux fois avant de poster des photos de foie de veau sur Instagram.
Nicolas Santolaria
Fabien Roussel, le candidat communiste à la présidentielle, lors de son meeting de campagne à Marseille, le 6 février 2022.
Fabien Roussel, le candidat communiste qui veut créer la surprise à gauche en 2022
Le candidat du PCF à l’élection présidentielle a tenté, dimanche, d’élargir son assise, drapeau français en fond, tout en déclinant ses thèmes de prédilection : travail, fiscalité, République.
Par Julie Carriat(Marseille, envoyée spéciale)
C’était prévu. Pour son premier grand meeting de l’année, Fabien Roussel, candidat du Parti communiste français (PCF), allait agiter en grand le drapeau français, en plus du drapeau rouge de la faucille et du marteau. Le candidat à l’élection présidentielle des 10 et 24 avril, très à l’aise sur les plateaux – quitte à se retrouver régulièrement au centre de polémiques –, essaie, en effet, de sortir du périmètre étroit de l’étiquette communiste. Sans renier le parfum désuet d’une certaine « France des jours heureux », une époque où le PCF était fort et où les choses allaient mieux.
Malgré la sympathie qu’il inspire à certains électeurs, la conversion en intention de vote dans les sondages n’est pas évidente. Au sein d’une gauche affaiblie, le député du Nord fait parler de lui et passe parfois devant la candidate socialiste Anne Hidalgo dans les sondages, sans dépasser toutefois les 4 %. Dimanche 6 février, au palais des congrès de Marseille, il s’agissait donc d’élargir, en mettant en valeur des soutiens hors les murs, et en tenant un discours très large, devant près de 4 000 personnes.
Piques à Jean-Luc Mélenchon
Comme à son habitude, le député du Nord, qui porte la candidature communiste après deux campagnes présidentielles au côté de La France insoumise (LFI), n’a pas manqué de lancer quelques piques à Jean-Luc Mélenchon. En venant dans sa circonscription d’abord, où le député des Bouches-du-Rhône, comme il l’a lui-même reconnu dans Mediapart, n’a pas totalement réussi son implantation (« les choses se sont réorganisées en dehors de moi »).
Fabien Roussel s’est employé, samedi 5 et dimanche 6 février, à rencontrer un à un les acteurs du Printemps marseillais qui se sont fédérés sans le chef de file « insoumis », et parfois contre lui. Benoît Payan, le maire de la ville, mais aussi la suppléante de Jean-Luc Mélenchon, Sophie Camard, ex-Europe Ecologie-Les Verts, passée par LFI et désormais en rupture de ban. « Venue saluer des partenaires que j’apprécie beaucoup », cette dernière est montée sur scène pour remercier Fabien Roussel pour « sa manière simple et républicaine de parler du monde du travail ».
Le philosophe Henri Pena-Ruiz, connu pour ses travaux sur la laïcité, a, lui aussi, été annoncé comme soutien du candidat. Après avoir appuyé la campagne de Jean-Luc Mélenchon en 2017, il avait déjà préféré la liste communiste d’Ian Brossat aux élections européennes de 2019 à celle de La France insoumise.
François Cocq, ancien « insoumis » et ex-porte-parole d’Arnaud Montebourg, était sur scène : « Autant le dire tout de suite, je ne suis pas communiste, nul n’est parfait », a-t-il lancé, avant de louer une campagne, selon lui, « réellement populaire » et de fustiger « tous ceux qui préfèrent le patchwork de la gauche démocrate américaine à la gauche républicaine ».
Théorie du « roussellement »
Dans son discours, Fabien Roussel, a pour sa part concentré ses attaques contre Emmanuel Macron, Valérie Pécresse, Éric Zemmour et Marine Le Pen. L’occasion de labourer ses thèmes favoris, le travail et le « mur de l’argent », et de placer un jeu de mots : « Ce qui coûte cher, c’est les riches, ce qui coûte cher, c’est le ruissellement. Moi, je vous propose une autre théorie, le “roussellement” ! Augmenter les salaires et les retraites. » Le candidat propose, en outre, de priver les fraudeurs fiscaux de leurs droits civiques.
Il a tout de même égratigné une partie de la gauche, les « donneurs de leçons », ceux qui pensent « qu’on n’aurait plus le droit de manger de la viande ». « De quel droit ceux qui ont tout continuent à faire la leçon à ceux qui n’ont rien, franchement ? Il faut s’interroger, tous ces bien-pensants, ils ne voient pas ces familles qui vivent à l’euro près ? » Dans la salle, il y a un « Pinard ! » qui fuse, Fabien Roussel prend soin de défendre aussi les eaux minérales, et le Pastis. Cette France de la « bonne paie » s’adresse à tous, assure-t-il, « que l’on soit français ou travailleur immigré ».
Hommage aux dessinateurs et journalistes de Charlie Hebdo, à Samuel Paty, aux Kurdes de Syrie : le candidat se projette aussi dans les habits de chef de la diplomatie, prône la désescalade, la sortie de la « politique guerrière des Etats-Unis ». Il promet, pour conclure, de « continuer de surprendre ».
Julie Carriat (Marseille, envoyée spéciale)