Cocorico : les exportations de vins et spiritueux français ont battu des records en 2021 !
Les ventes, en hausse de 28 %, ont atteint un niveau historique à 15,5 milliards d’euros, selon les chiffres publiés par la Fédération des exportateurs de vins et spiritueux de France.
Ne boudons pas la belle performance mais soyons plus circonspect sur cet autre chant de triomphe du coq gaulois : Tous les vins français battent des records de valorisation à l'export en 2021
Les statistiques douanières témoignent d'une forte premiumisation des vins exportés par les opérateurs français l'an passé. Les volumes restent dans ordres de grandeur plus classiques.
Premiumisation quel mot affreux issu de premium : hiérarchisation des vins en fonction des prix moyens de ventes, de Basic (moins de 5$) à Icon (plus de 50$), en passant par premium, super premium, ultra premium.
J’ai utilisé cette classification dans mon rapport puisque celui-ci avait pour thème le positionnement des vins français à l’exportation.
Nous étions en ce temps-là à la fois très très basic et très Icon et, 30 ans après nous le restons, nos progrès dans ce domaine sont très faibles et c’est un handicap dans la bataille de la production de valeur sur notre territoire. Les moyennes indiquées dans Vitisphère sont trompeuses et masquent la réalité de nos prix de vente.
Anglicismes : l'Académie française craint une perte de repères linguistiques
Dans un rapport, l'Académie française déplore "l'envahissante anglicisation" de la communication des institutions, une "évolution préoccupante" selon elle. ICI
Revenons au sujet du jour, pour souligner que ce qui va conditionner l’avenir de nos vignobles c’est l’évolution de 4 variables : le volume de production, sa qualité marchande, la consommation intérieure et les exportations.
Comme nous sommes un vieux pays agricole produire est l’acte majeur, du côté qualité nous hiérarchisons sur le papier mais le vieux système des AOC, élitiste aux origines, s’est dilué en un gros ventre mou au fil de son intégration aux signes de qualité. Quant à la consommation intérieure elle est et restera sur la mauvaise pente. Enfin pour l’export, il faut bien distinguer le marché intérieur de l’UE et le grand export.
Chiffres clés du marché des vins et spiritueux français ICI
Si vous me suivez, vous comprenez mieux que, si nous souhaitons maintenir notre potentiel de production deux variables sont importantes : produire plus de valeur et savoir la vendre à l’exportation.
Vaste programme !
Ardente obligation !
Dans le premier cycle de mes années universitaires nous avions des sciences économiques, j’ai planché sur le Ve Plan, « l’ardente obligation », explorer le champ des possibles, anticiper, éclairer autant que possible le moyen terme.
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Par le décret du 3 janvier 1946, le général de Gaulle installe le commissariat général du Plan qui est placé auprès du président du Conseil et dispose de pouvoirs étendus sur les administrations. Avec son équipe resserrée installée au 18 rue de Martignac et composée de 20 % de fonctionnaires et 80 % de contractuels, Jean Monnet installe dix-huit commissions de modernisation au sein desquelles plus d’un millier de contributeurs issus de l’industrie, des syndicats, du monde universitaire et de la fonction publique vont travailler ensemble pendant six mois. Leur objectif est double : formuler un diagnostic de l’état du pays et ordonner les priorités d’action, secteur par secteur.
ÉCLAIRER LE DÉBAT PUBLIC.
Le commissariat général du Plan est supprimé et remplacé, en 2006, par le Centre d’analyse stratégique, puis, en 2013, par le Commissariat général à la stratégie et à la prospective, mieux connu sous le nom de France Stratégie, qui s’attache à éclairer le débat public par des études prospectives, par la coordination des travaux d’évaluation des politiques publiques et par la construction d’outils méthodologiques pour la programmation de l’action publique. Il noue progressivement des partenariats avec d’autres institutions, notamment le Parlement qui le sollicite régulièrement. En revanche, France Stratégie ne dispose pas des moyens administratifs interministériels qui étaient ceux du commissariat général du Plan et ses travaux n’ont pas comme horizon direct la décision politique.
Les exportations de vins et spiritueux français ont battu des records en 2021
Les ventes, en hausse de 28 %, ont atteint un niveau historique à 15,5 milliards d’euros, selon les chiffres publiés par la Fédération des exportateurs de vins et spiritueux de France.
Par Laurence Girard
Les négociants français de vins et de spiritueux ont retrouvé le sourire. En 2021, le flux des exportations de champagne, vin ou cognac n’a jamais été aussi abondant. Résultat, selon les chiffres publiés, mardi 15 février, par la Fédération des exportateurs de vins et spiritueux de France (FEVS), elles ont atteint un niveau historique à 15,5 milliards d’euros. Un chiffre qui marque un fort rebond, estimé à 28 %, par rapport à 2020, mais également une nette progression de 11 % si le point de comparaison est le précédent record, établi en 2019. Le solde des échanges commerciaux s’élève, quant à lui, à 14,2 milliards d’euros, plaçant les vins et spiritueux au second rang des excédents commerciaux, derrière le secteur aéronautique.
Il y a un an, l’humeur était morose. Les professionnels ne pouvaient que constater le trou d’air qui avait secoué leur activité. Les exportations françaises d’alcool subissaient un brusque phénomène d’évaporation. Douze mois plus tard, les nuages qui s’étaient accumulés se sont progressivement dissipés. Et l’ambiance est à la fête pour les négociants, qui renouent avec des chiffres mirobolants. « Ce résultat positif en 2021 est remarquable », réagit sans ambages César Giron, président de la FEVS, avant de poursuivre : « Dans un contexte qui reste marqué par des difficultés sanitaires, logistiques et géopolitiques, les entreprises françaises de vins et spiritueux ont montré à la fois leur volonté et leur capacité à rebondir dans les différentes régions du monde. »
Les Etats-Unis ont retrouvé leur rôle de locomotive
La forte reprise a, en effet, été sensible sur l’ensemble des pays consommateurs. Ainsi, les Etats-Unis, premier marché de destination des vins et spiritueux français, avec plus d’un quart des ventes totales, ont retrouvé leur rôle de locomotive. Les exportations ont progressé de 34 % outre-Atlantique en 2021, pour atteindre 4,1 milliards d’euros. La suspension des taxes sur les vins français en mars 2021 a redynamisé les ventes. Ces taxes dites « Trump » frappaient les bouteilles de bordeaux, de bourgogne ou de rosé de Provence, à hauteur de 25 %, à leur entrée sur le territoire américain depuis octobre 2019. Une décision prise par le président américain dans le cadre du conflit Airbus-Boeing qui opposait l’Europe et les Etats-Unis. Les tensions s’étaient encore aggravées à la fin de la mandature de Donald Trump. Il avait tiré une nouvelle salve, étendant, à partir de mi-janvier 2021, la surtaxe de 25 % au vin en vrac, aux rouges titrant plus de 14,5 degrés et aux eaux-de-vie, dont le cognac et l’armagnac. Seul le champagne échappait aux représailles.
Le cessez-le-feu prononcé début mars 2021 de part et d’autre de l’Atlantique, sous la houlette de l’administration du nouveau président Joe Biden, faisait pousser un ouf de soulagement à la filière française. Résultat, les expéditions de vins sans bulles vers les Etats-Unis ont rebondi de 33 % en 2021 et la France a regagné des parts de marché. Toutefois, tient à souligner M. Giron, « cette reprise remarquable ne doit pas faire oublier que si les sanctions sont suspendues, ce contentieux n’est pas résolu. Il appartient aux pouvoirs publics de régler rapidement et définitivement ce dossier, après quinze ans de conflit ».
La sortie définitive du Royaume-Uni de l’Union européenne au 1er janvier 2021 n’a pas eu de conséquence fâcheuse sur les exportations françaises
Autre inquiétude levée, celle liée au Brexit. La sortie définitive du Royaume-Uni de l’Union européenne au 1er janvier 2021 n’a pas eu de conséquence fâcheuse sur les exportations françaises. Elles sont restées soutenues tout au long de l’année et affichent une hausse de 20 % pour atteindre un niveau record de 1,6 milliard d’euros. Enfin, la pandémie de Covid-19, qui avait durement pénalisé la consommation d’alcool dans les bars et restaurants frappés par les mesures de confinement et les ventes de bouteilles dans les boutiques d’aéroports, a vu ses effets s’estomper en commençant par la Chine. Les exportations vers le marché chinois ont bondi de 56 %, à 1,26 milliard d’euros. Elles ont aussi été très dynamiques vers Singapour.
L’ensemble de l’assortiment des productions viticoles hexagonales profite de cet engouement. Les vins pèsent le plus lourd dans la balance commerciale avec un total dépassant les 10,5 milliards d’euros. Les bouchons de champagne sautent à nouveau aux quatre coins de la planète avec des ventes hors des frontières qui dépassent les 3,5 milliards d’euros. Viennent ensuite les bordeaux (2,3 milliards d’euros), les bourgognes (1,27 milliard), les vins de la vallée du Rhône (524 millions) ou ceux de Provence (313 millions). Côté spiritueux, le cognac continue à séduire de plus en plus de clients étrangers. Portée par de grands groupes comme LVMH, Pernod Ricard et Rémy Cointreau, la précieuse eau-de-vie charentaise a vu ses exportations atteindre un plus haut historique à 3,6 milliards d’euros en 2021.
Tous les vins français battent des records de valorisation à l'export en 2021
Les statistiques douanières témoignent d'une forte premiumisation des vins exportés par les opérateurs français l'an passé. Les volumes restent dans ordres de grandeur plus classiques.
Par Alexandre Abellan Le 14 février 2022
Pour un rattrapage, c’est une sacrée récupération ! En 2021, les opérateurs français ont exporté 11,1 milliards d’euros de vins (dont 5 % d’origines étrangères) indique Adrien Boussard, référent sectoriel pour les vins et spiritueux de l’agence Business France, à l’occasion du salon Wine Paris & Vinexpo Paris. Les valeurs exportées sont ainsi en hausse de 26,7 % par rapport 2020. Mais comme cette année de pandémie covid était commercialement en berne (confinements obligent, notamment sur le premier semestre), l’analyste préfère comparer les performances 2021 à celles de 2019. Ce qui donne un net gain en valeur de +13,1 %. « Malgré des confinements partiels en 2021, les exportations de vins français performent en valeur » résume Adrien Boussard.
En volumes, le rebond est net (avec 14,6 millions hl en 2021, soit +7,9 % par rapport à 2020 et +2,4 % par rapport à 2019), mais il n’y a pas de records : les exportations reviennent à des niveaux atteints en 2012 et 2017. « Cela remet les choses en perspectives. Les volumes évoluent doucement, ils restent globalement stables sur 20 ans » analyse Adrien Boussard, qui souligne la forte valorisation des vins exportés par la France. Les prix moyens sont de 7,6 euros par litre en 2021, contre 6,40 €/litre en 2020 (+19 %) et 6,70 €/litre en 2019 (+13 %). « La valeur est montée plus vite que le volume » résume l’analyste.
Croissance à deux chiffres des AOP
Pour toutes les catégories de vins français, les expéditions augmentent plus en valeur qu’en volume. Globalement, les vins AOP surperforment* : avec 5,5 millions d’hectolitres expédiés pour 5,4 milliards d’euros de chiffre d’affaires (respectivement +8 et +25 % par rapport à 2020). Parmi les plus fortes croissances dans le vignoble d’appellation, on note les vins du Val de Loire (75 000 hl pour 49 millions €, +36 et +45 %), les champagnes (1,3 millions hl pour 3,5 milliards d’euros, +35 % volume et +42 % valeur), les vins de Bordeaux (1,9 million hl pour 2,3 milliards €, +9 et +30 %), ceux de Bourgogne (717 000 hl pour 1,3 milliard €, +18 et +28 %), de Vallée du Rhône 793 000 hl pour 525 millions € (+7 et +21 %) et d’Alsace 193 000 hl pour 112 millions € (+14 et +19 %). Les performances sont moins éclatantes pour les vins de Provence (452 000 hl pour 313 millions €, +1 et +5 %), du Languedoc-Roussillon (458 000 hl pour 208 millions €, +3 et +4 %), du Beaujolais (213 000 hl pour 114 millions €, -1 et +12 %) et du Sud-Ouest (116 000 hl pour 50 millions €, -2 et +11 %).
En termes de destination, les principaux pays importateurs de vins français restent inchangés. Première destination en valeur, les États-Unis repartent fortement après la levée des taxes Trump (+27 % en valeur et volume). Deuxième importateur en valeur, le Royaume-Uni affiche une tendance plus contrastée (+22 % valeur et -9 % volume), entre effet Brexit et écoulement des stocks constitués. Sixième destination, la Chine continue de restructurer son marché face aux taxes punitives imposées aux vins australiens (+12 % valeur et +9 % volume). A noter en seizième place la Corée du Sud, qui poursuit son explosion des importations de vins.
Enjeu du petit millésime 2021
Globalement, 2021 restera dans les annales comme étant une superbe année commerciale pour les vins français à l’export. Tout en restant « très particulière. Il faudra voir comment se comportent les expéditions avec les petites récoltes enregistrées en 2021 » prévient Adrien Boussard. Réponse dans un an pour savoir si ce rattrapage devient une reconquête des marchés.
* : Les vins à Indication Géographique Protégée (IGP) s’élèvent à 3,7 millions hl pour 952 millions € (+5 et +9 %), essentiellement en IGP Pays d’Oc (2,4 millions hl pour 572 millions €). Les Vins Sans Indication Géographique (VSIG) représentent 2,6 millions hl pour 516 millions € (-1 et +11 %).