482 000 € POUR UNE ROMANÉE-CONTI DU MILLÉSIME 1945
Samedi dernier, après un excellent déjeuner chez mokoloko ICI avec mademoiselle D, de bonnes ondes, de la raie, du vin nu, ça rend le cœur léger, j’avais du temps, alors mes pas m’ont porté jusqu’à la librairie de mademoiselle D.
Là, je suis tombé sur un petit livre rouge au titre accrocheur pour le chroniqueur que je suis : Kaikô Takeshi Romanée-Conti 1935
Japon (1973) – Philippe Picquier (1993)
Titre original : ロマネ・コンティ・一九三五年 (Romane-Conti 1935)
Traduction d'Anne Bayard-Sakai et Didier Chiche 6 euros
Kaikô Takeshi : Né à Osaka en 1930 et décédé en 1989, Kaikô Takeshi est un romancier, journaliste et documentariste pour la télévision, connu pour ses voyages à travers le monde et son goût prononcé pour la bonne chère. Intellectuel engagé à gauche, il s'opposa à la politique américaine au Viêt-Nam, où il fut correspondant de guerre pour le grand quotidien Asahi Shinbum. Sensuelle, drôle, impressionniste, parfois absconse, son œuvre a marqué la dernière partie de l'ère Showa.
Je préfère la couverture de l’édition originale française.
Bien sûr j’ai acheté et j’ai tout de suite pensé à Jean-Yves et Claire qui faisaient des raquettes dans le Jura.
La Romanée-Conti j’en n’avions beaucoup causé ici mais j’en n’avions jamais bu.
26 février 2009
Hommage au grand cru : escapade à la Romanée Conti d’un académicien ICI
16 octobre 2013
Le Ministre de L’Intérieur juché sur un bulldozer procéda à l’abattage symbolique des murs ceinturant le domaine de la Romanée Conti. ICI
22 janvier 2013
Mais qui est donc ce Henry-Frédéric Roch dont le Pousson de Barcelone nous rebat les oreilles sur Face de Bouc? ICI
Alors pourquoi Jean-Yves Bizot ?
Je laisse la parole à IDealWine pour la réponse ICI
Pour en revenir au livre de Kaikô Takeshi ci-joint une critique :
Chroniqué par Philippe Cottet le 02/08/2013 ICI
« En 1972, en milieu d'après-midi, dans un restaurant désert dominant la ville de Tôkyô, un entrepreneur et un romancier se retrouvent pour déguster deux grands crus de la côte de Nuits : un La Tâche de 1966 et un romanée-conti de 1935, vins d'exception. Les deux amis se sont préparés, une mise en condition au goût de purification religieuse – silence, abstention alcoolique et tabagique, isolement auquel s'ajoutera la solennité du sommelier – pour faire de leur dialogue avec ces bouteilles un moment inoubliable de leur existence. Au-dessus des contingences, parce qu'elle les inscrit dans une expérience coûteuse, forcément discriminante du reste de l'humanité...
Pourtant, ces vins ont une histoire. Ils sont même l'Histoire. L'entrepreneur rappelle les gestes qui continuent de présider à leur élaboration depuis des temps immémoriaux, tandis que le romancier se plaira plus tard à évoquer les évènements de l'année 1935, leur importance envolée, diluée dans les sables du temps et des mémoires. À l'éphémère de nos vies d'hommes, le vin oppose sa permanence, attendant le moment pour délivrer son message.
Ouvrant le bal, le La Tâche tient toutes ses promesses. Nos deux buveurs distillent leurs appréciations comme le font tous les amateurs du monde, mélange de plaisir enfantin, de poésie et d'ésotérisme. Le Romanée-Conti 1935 est, au contraire, une profonde déception :
Il se sentit dépossédé. Le vin n'avait ni force, ni chaleur, il avait perdu jusqu'à la volonté de simuler une rondeur, fût-elle purement formelle. (...) C'était une momie de vin.
Alors, pour pouvoir profiter de ce vin qui, même mort [1], est « au-delà de toute critique », le romancier se laisse envahir par le souvenir de ses années de bohème à Paris, depuis si longtemps oubliées. Curieuse alliance d'alcools bus sans discernement, de musique, de rencontres mystérieuses et d'une union charnelle, torride et éphémère, cette évocation tout en impressions fugitives, en ressentis, va se substituer aux rondeurs, aux accents de fruits et de fleurs, de soie ou de dentelles qu'il s'attendait à trouver dans son verre [2]. Au-delà de sa mort, le Romanée-Conti 1935 a tenu sa promesse d'éternité. »