En ce moment, je suis en pleine séquence Italie.
« Le grand brûlé de l’intérieur
Sous notre toit, il y a deux réponses possibles à la question : Qu’est-ce qui a besoin d’un carburant rouge pour entretenir une combustion constante ? À une nuance près : au printemps, le poêle est à l’arrêt.
Aucune des évolutions marketing du vin dit de « table » ne m’échappe, et pour cause : j’en assure l’acheminement. Je connais la bouteille en verre étoilée, consignée, puis la bouteille plastique, dont on pourrait croire qu’elle est moins lourde dans le cabas, ce qui est faux puisqu’elle contient désormais 1,5 litre. Je les prends par deux, qui se font oublier entre un paquet de farine et un kilo de pommes, car trois attireraient l’oeil en coin de la caissière-taulière-commère. Elles ont pour moi l’aspect du mazout, sa couleur, peut-être son goût, à coup sûr sa toxicité si j’en juge par l’état de corrosion de la peau de Cesare (ndlr le père de Tonino), sa carnation écarlate, l’odeur acide de ses tissus en décomposition. Rien d’étonnant à ce que tant d’aigreur absorbée soit immédiatement vomie sous forme de logorrhée bilieuse. Le plus pénible est de l’entendre dire « J’ai soif » comme un homme de peine réclame de l’eau, au lieu de de : « Laissez-moi vider cette putain de bouteille, porca miseria ! » La question n’étant pas de savoir s’il est soûl mais à quel point il l’est, je sais à sa démarche estimer le temps qu’il nous reste avant qu’il ne perde connaissance. Au stade 1, à son retour de d’usine, aussi vite qu’il quitte son bleu de travail il cherche à se défaire d’une fébrilité due au manque. Bientôt, nous ne serons plus que des silhouettes floues sur son passage ; le voilà condamné à lui-même, mais après tout connaît-il de meilleure compagnie ? Au stade 2… »
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Suis-je coupable d’avoir embouteillé, distribué ces flacons maudits ?
Je ne le pense pas…