Ligne 5 : porte d’Italie-porte de Pantin, direction La Villette cité de la musique samedi dernier.
C’est toujours un plaisir de déboucher sur l’esplanade de la Villette puis de cheminer, en compagnie de grappes d’enfants, vers la monumentale Philharmonie de Paris, le ciel est gris mais clément. Je suis, comme toujours en avance, pass vaccinal, contrôle des sacs, j’attends.
Les nanas sont, comme toujours, à la bourre, elles déboulent tout de même pile-poil à 11 h, contrôle des billets nous nous installons au parterre de la Grande salle Pierre Boulez.
Un véritable tour de force architectural : une salle enveloppante conjuguant l’immersion du public dans l’espace et la musique avec une intimité d’écoute inédite.
Ni salle en « boîte à chaussures » (comme le Musikverein de Vienne), ni salle en « vignoble » (comme la Philharmonie de Berlin), la Grande salle Pierre Boulez de la Philharmonie invente un nouveau modèle, celui d’une salle enveloppante et modulable. Une innovation à la fois architecturale, scénographique et acoustique. L’architecte Jean Nouvel et l’acousticien principal de la salle, Sir Harold Marshall, ont conçu la salle lors de séances collaboratives mariant architecture, acoustique et scénographie.
En dépit de sa jauge de 2 400 places assises, la salle instaure une véritable intimité. Une sensation bien réelle, puisque la distance entre le chef d’orchestre et le dernier spectateur n’est que de 32 mètres (contre 48 mètres à la Salle Pleyel). Jean Nouvel en décrit ainsi la scénographie : « La salle évocatrice des nappes immatérielles de musique et de lumière suspend des auditeurs-spectateurs dans l’espace sur de long balcons… Cette suspension crée l’impression d’être entouré, immergé dans la musique et la lumière. » La suite ICI
Nous sommes là pour Fantasia !
Des privilégiés, un grand écran, un grand orchestre celui de Paris ICI dirigé par Timoty Brock ICI
Chef-d’œuvre de Walt Disney, « Fantasia » n’est pas qu’un dessin animé. C'est aussi une création audiovisuelle sans précédent, réunissant l’art de la musique et celui de l’animation. Plongez dans l’histoire d’un film qui a marqué le cinéma et a ouvert la musique classique à tous.
Le 13 novembre 1940, le public du Broadway Theatre de New York découvre un long-métrage cinématographique inédit : Fantasia de Walt Disney, une animation visuelle pleine de couleurs accompagnée d’extraits des plus grandes œuvres du répertoire classique.
Produit et diffusé aux Etats-Unis par le géant du dessin animé pendant l’une des périodes les plus sombres de l’histoire de l’humanité, Fantasia est le fruit d’un rêve ambitieux et généreux de la part de Disney : concilier jeune public et musique classique.
Cependant, Fantasia n’est pas la première tentative de Walt Disney d’unir l'animation à sa passion pour la musique classique. Entre 1929 et 1939, il produit une dizaine de courts-métrages intitulés les « Silly Symphonies », de petites « nouvelles musicales » mettant en scène diverses scènes loufoques accompagnées de pièces de Grieg, Beethoven, Chopin, Verdi et Rossini. ICI
Une rencontre fortuite
En 1937, Walt Disney fait une rencontre majeure. C’est par hasard qu’il croise le célèbre chef d’orchestre Léopold Stokowski dans un restaurant, auquel il propose son nouveau projet artistique. Stokowski partage une envie similaire, celle de créer un long-métrage animé accompagné de musique classique. C’est ainsi que nait une amitié et collaboration fructueuse entre les deux individus.
En Stokowski, Disney voyait un prestige capable d’accorder une certaine crédibilité à son projet d’animation auprès des publics de la musique classique, ainsi qu’une porte d’entrée pour les non-initiés. Quant à Stokowski, malgré sa réputation d’un chef prestigieux, il souhaitait se rapprocher de la culture populaire et moderne afin de toucher un nouveau public :
« La beauté et l'inspiration de la musique classique ne doivent pas être réservées à quelques privilégiés [...]. C'est pourquoi la grande musique associée aux œuvres cinématographiques est si importante, car ces œuvres atteignent des millions de personnes dans notre pays et dans le monde entier. Leur influence est extrêmement puissante et profonde », écrit le chef d’orchestre dans le programme du spectacle itinérant Walt Disney presents Fantasia.
Après plusieurs mois de recherches, les huit morceaux sont sélectionnés et orchestrés par Stokowski afin de convenir aux besoins du film :
- la Toccata et Fugue en ré mineur de J.S. Bach,
- le Casse-Noisette de Tchaïkovski,
- l'Apprenti sorcier de Dukas,
- Le Sacre du printemps de Stravinsky,
- la Symphonie no.6 « Pastorale » de Beethoven,
- « La Danse des Heures » de La Gioconda de Ponchielli,
- Une nuit sur le Mont Chauve de Moussorgski,
- et l’Ave Maria de Schubert.
Grande salle Pierre Boulez - Philharmonie
Durée : environ 1h40
Distribution
Orchestre de Paris
Timothy Brock, direction
Pierre de touche de l’histoire du cinéma d’animation et tour de force technique, Fantasia demeure une passionnante expérience visuelle et sonore. Car c’est bien autour de la musique que fut élaborée cette suite narrative.
Les sept séquences de Fantasia, dont certaines sont légendaires, constituent un grand livre d’illustration de pages musicales célèbres. Comment oublier la lutte de Mickey contre une armée de balais sur L’Apprenti sorcier de Paul Dukas ou l’évocation des dieux et créatures de l’Antiquité sur les accents de la Symphonie pastorale ? Jamais les studios Disney ne devaient par la suite s’autoriser autant de « fantaisie », ni chanter une telle ode à l’orchestre.