Pourquoi ?
Parce qu’à La Mothe-Achard, quand j’étais petit, le ciné au REX c’était le dimanche après-midi, et puis, rien n’est pire, pour moi, que de s’installer dans la routine de rendez-vous préétablis. J’aime folâtrer, me laisser porter par mes envies...
Bref, j’ai donc sauté sur l’occasion de la programmation du film de Serge Bourguignon « Cybèle ou les Dimanches de Ville-d'Avray », souvent abrégé en « Les Dimanches de Ville d’Avray», sorti le 21 novembre 1962
J’avais 14 ans, j’étais en pension à l’école d’agriculture Notre-Dame de la forêt, et je ne l’ai point vue, par ailleurs je n’ai nul souvenir de l’avoir visionné plus tard lorsque je me faisais des toiles à 3 francs au Katorza de Nantes.
Le Figaro titra, lors de sa sortie en DVD, Le fabuleux destin de Cybèle et les dimanches de Ville-d'Avray ICI
Oscarisé il y a un demi-siècle, le film du réalisateur Serge Bourguignon, 86 ans, connaît une deuxième vie inattendue. Il ressort en DVD en France et aux États-Unis. Les Américains ont même prévu d'en faire un remake.
Je cède la plume à Ciné Papy, qui rongeait son frein en se demandant si, comme du temps de l’ORTF, il n’était pas blacklisté.
Pourquoi ce film ?
Par ce que, comme on remonte de sa cave une vieille bouteille oubliée d’un vin qu’on avait aimé, il peut être amusant de revenir sur un film oublié depuis sa première vision et qui nous avait enchanté.
Quelle est l’histoire ?
Pierre, est un ancien pilote de guerre. IL est devenu amnésique à la suite d'un accident d'avion en Indochine. Il ne parvient pas à se réintégrer au monde.
Madeleine, l'infirmière qui l'a recueilli, lui consacre toute sa vie et son amour de femme seule. Un jour accompagnant Madeleine à la gare de Ville-d’Avray, Pierre rencontre Françoise, dix ans, qui a perdu sa mère et que son père ramène dans une pension de religieuses. Alors que Pierre veut rapporter au pensionnat une sacoche oubliée par son père, les religieuses le prennent alors pour ce dernier et pensent qu'il vient chercher la fillette pour la journée. Il part donc avec elle et les deux se prennent d'amitié.
Madeleine étant de service à l'hôpital toutes les fins de semaine, Pierre va ainsi, sans n’en parler à personne, emmener Françoise en promenade aux étangs de Corot, situés sur la commune, tous les dimanches après-midi. Une tendre et pure complicité s'établit entre eux.
Mais cette relation dont Madeleine ignore tout, fait bientôt scandale dans la ville...
Réalisation
Serge Bourguignon
Cinéaste, scénariste et acteur français, il est surtout connu pour ce film. Ovationné à la Mostra de Venise pendant plusieurs minute il a fait l’objet d’une grande polémique en France boudé par la critique alors qu’il eu un succès énorme au Japon et aux États-Unis ou il obtint l’Oscar du meilleur film en langue étrangère. Bourguignon se caractérise par une liberté de pensée, une indépendance de ton et une réflexion originale sur le cinéma et les films en particulier. Il entre en guerre ouverte avec les intellos des Cahiers du Cinéma.
Il essuya, tout d’abord un refus de distribution : « Ça va être difficile. C'est un film trop sentimental pour les intellectuels et trop intello pour le grand public », lui explique-t-on Finalement, à la suite du succès américain – le film a été parrainé par des têtes d’affiche comme William Wyler, John Huston et Billy Wilder – c’est devant un aéropage comprenant des « pointures françaises » cette fois telles Agnès Varda, Alain Robbe-Grillet, Maurice Druon, Joseph Kessel et Henry Torrès. Il fit 1 800 000 entrées.
Mentionnons également la polémique entre l’auteur du roman dont c’est inspiré Bourguignon.
L’auteur reprochait au cinéaste d’avoir trahi son œuvre. Bernard Eschasseriaux, qui a pourtant participé à l’adaptation est une personnalité qui serait resté dans l’ombre aujourd’hui sans ce film.
Qui fait quoi ?
Hardy Krüger : Pierre
Une enfance et une jeunesse prises dans la tourmente nazi1941, à l’âge de 13 ans, il intègre une Adolf-Hitler-Schule. À 16 ans, il est choisi pour son physique de parfait aryen pour tourner dans un film de propagande nazie Junge Adler. Incorporé en mars 1945, à presque 17 ans, dans la 38e division SS de grenadiers « Nibelungen » il finit par déserter puis est fait prisonnier par l’armée américaine dans le Tyrol.
En 40 ans de carrière internationale (il est trilingue) il tourna quelque 52 films avec les plus grands metteurs en scène tel Otto Preminger, Joseph Losey, Juan Antonio Bardem, Robert Aldrich ou encore Stanley Kubrick, Stanley Kramer et André Cayatte.
On se souviendra de lui dans ce film « Pour tous » comme disait la cote catholique affichée dans les églises et que consultaient les parents à la sortie de la messe pour voir s’i avait quelque chose ou l’on pourrait emmener les enfants : « Hatari » 1962 de Howard Hawks tourné chez lui au pied du Kilimandjaro.
En France il est surtout connu pour ces films, outre celui de la présente fiche, pour « Un taxi pour Tobrouk » 1961 de Denys de La Patellière et « La Grande Sauterelle »1967. De Georges Lautner .Mais son rôle le plus marquant demeure sans conteste celui qu’il tient dans « Le Franciscain de Bourges », 1967 par Claude Autant-Lara.
Rien que pour cet acteur ce film méritait une fiche
Patricia Gozzi : Françoise/Cybèle
On ne peut passer sous silence cette, à l’époque très jeune actrice qui par la suite eu une courte et discrète carrière.
Nicole Courcel : Madeleine
Une actrice qui, pendant toute sa carrière remporta le succès sans être une star tant au cinéma que sur les planches ou dans des téléfilms. Pour mieux la situer rappeler vous, vous l’avez peut-être vue dans « L'aventure c'est l'aventure » 1972 de Claude Lelouch 1974 ou dans « La Gifle » 1974 de Claude Pinoteau :
Daniel Ivernel : Carlos
Acteur discret mais qui ne laisse jamais indifférent tant au théâtre – il fut un des grands interprète de Jean Anouilh – qu’au cinéma. Dans « Le Corps de mon ennemi » 1976 d'Henri Verneuil : il tient le rôle de Victor Verbruck, le maire pervers, grivois, polisson et fier de l’être. On l’a déjà évoqué dans une fiche précédente relative à « Marie Octobre »
André Oumansky : Bernard
En voilà un qui ne fût qu’acteur mais alors, prolifique, cinéma, théâtre, télévision. Les plus grand metteurs en scène ont fait appel à lui tel Michel Deville, Sofia Coppola, Arnaud Despléchin, Georges Lautner ou encore d'Anatole Litvak, René Clément, André Cayatte. L’éclectisme de ces réalisateurs montre l’étendue de son talent. Bien sûr, cette notule diffère peu de beaucoup que l’on trouve dans les fiches de Ciné papy. Mais André Oumansky
Présente pour votre serviteur l’intérêt de figurer au casting du lumineux « Soleil trompeur » 1994 de Nikita Mikhalkov dont une fiche vous a déjà été promise. Ce sera fait dès que Ciné papy trouvera force et courage pour se mesurer à un tel monument
Anne-Marie Coffinet : Françoise II
Trois films avec Verneuil – dont « Un singe en hiver » 1952 dans une honnête filmographie de la deuxième moitié du 20 éme siècle. Dans de sympathique second rôle sans fantaisie mais bien choisis pour en faire « the rigth woman on the right place »
Maurice Garrel : Le policier
Acteur français prolifique qui joua jusqu’à son décès à 88 ans en 2011. Figure connue tant on a pu le voir dans des seconds rôles essentiels au cinéma dans les films de François Truffaut, Jacques Rivette, Costa-Gavras, Claude Lelouch, Claude Chabrol ou Claude Sautet. Maurice Garrel apparaît aussi à la télévision dans les films de Claude Barma, Marcel Bluwal, Stellio Lorenzi. Il sera nommé 2 fois pour le César du meilleur second rôle. Au cinéma pour En, son interprétation dans « La Discrète » 1991 et à la télévision pour « Roi et Reine » 2005
René Clermont : Le facteur
Acteur et metteur en scène français, du millieu du XX éme siècle Paris (14e arr.). Il fut un acteur remarquable, entre autres dans Rocambole, où il campe un M. de Beaupréau plus vrai que nature. Comédien aussi aux côtés de Louis de Funés dans Carambolages. On ne compte plus ses mises en scène dans le théâtre privé, mais aussi plus particulièrement dans l'émission culte "Au Théâtre ce soir". Il mit en scène avec talent et générosité, Pierrette Bruno et le Charimari, qui vit éclore un jeune comédien du nom de Patrick Bruel, mais aussi Barillet et Grédy, Louis Verneuil, Marc Gilbert Sauvageon. Dans les séries de la télévision, il participa aux grandes séries de l'époque comme Arsène Lupin, ou les Cinq dernières Minutes entre autres. Mais c'est son rôle dans Rocambole aux côtés de Jean Topart et Pierre Vernier qui restera dans toutes les mémoires. Merci Wikipédia. Il eut été regrettable de le passer sous silence
Malka Ribowska : La voyante (en tant que Malka Ribovska)
Un physique à la Alice Sapritch d’abord essentiellement connue pour de grands rôles dans de téléfilm dramatique, elle finit par être remarquée par le monde du grand écran.
(Se souvenir pour une éventuelle notule sur Sapritch à faire une comparaison avec Malka Riboska)
Serge Bourguignon : Le cavalier
Oui, c’est le réalisateur, également comédien il tint un petit rôle dans le film
Remarque :
- On trouve dans ce film une innocence, une fraicheur, une candeur qui ne veut pas dire naïveté et qui rappelle « Le Roi de Cœur » 1966 (Une des premières fiches de Ciné papy)
On peut penser à Brassens : « Mais les braves gens n’aime pas que…
- Tourné en décors naturel le film permet de revoir des aspects de la ville au jour d‘hui disparus