Notre jeune et sémillant Président, à nouveau disruptif, a versé dans le langage de charretier en déclarant qu’il souhaitait emmerder les non-vaccinés.
Vous me direz y’a plus de charretier mais y’a des gars dans leurs bagnoles qui ne se privent de l’utiliser, faut pas s’étonner c’est le langage du peuple, des gens comme dirait notre Merluchon.
Le Roi ne devrait pas dire ça !
Là, il descend de son trône ou du trône où nous sommes tous égaux, et les Français, selon un sondage, l’approuvent sur le fond mais désapprouve la forme, hypocrites qu’ils sont.
Moi « ça m’en touche une sans faire bouger l’autre… »
Mais c’est un vrai casse-tête de la presse étrangère pour traduire le verbe « emmerder » d'Emmanuel Macron
La presse étrangère a largement repris les propos tenus par Emmanuel Macron qui veut « emmerder les non-vaccinés ». Un casse-tête pour trouver la traduction appropriée dans les langues respectives.
Les propos tenus par Emmanuel Macron dans un entretien au Parisien ont donné du fil à retordre à la presse étrangère qui a dû composer pour traduire le verbe « emmerder » dans leurs langues respectives, au plus proche du sens français.
En anglais, les médias anglo-saxons ont opté pour les verbes «annoy» comme sur la CNBC ou «hassle», deux traductions qui sont plus proches du verbe embêter, dans la langue de Shakespeare, que du sens grossier du verbe emmerder. D'autres, comme la BBC ou Le Guardian, ont voulu traduire au plus proche de la connotation vulgaire avec « piss off ».
« We need the merde »
L’agence Associated Press a, quant à elle, opté pour «to bug» qui se traduit également par « embêter » Le New York Times n'a pas repris le verbe dans sa titraille pour un changement complet de la tournure de l'expression : « En utilisant un langage dur, Macron lance un défi aux non vaccinés ». Piss off est utilisé dans le corps du texte. Pour la journaliste du New Yorker, Lauren Collins, « We need the merde » (Nous avons besoin de la merde), exprime-t-elle sur Twitter.
Laurence Haïm, ancienne correspondante de Canal + à Washington, la rejoint. Elle avait tweeté une proposition de traduction avec « I fuck them» avant d’opter, elle aussi, pour « piss of »
En Allemagne, les médias ont omis le caractère vulgaire du terme avec « nerven » (énerver) et « auf den Wecker zu fallen » (taper sur les nerfs). Die Welt choisit « Macron veut énerver les non-vaccinés » alors que le Das Bild a traduit « emmerder » par le verbe « schikanieren » qui présente une proximité étymologique avec « chicaner », recense 20 minutes.
En italien, on choisit «far arabbiare » (« énerver ») les non-vaccinés dans La Repubblica, mais aussi, plus directement, « Ho molta voglia di rompergli le p*** » (« J’ai très envie de leur casser les c*uilles ») dans Il Tiempo.
En espagnol, El Pais emploie le terme « fastidiar », mais aussi « joder » qui signifie « merde » et peut aussi s’entendre comme « faire chier ».
Au Japon, les journalistes ont hésité entre okoraseru (énerver), unzariseru (embêter, casser les pieds), mukatsukaseru (ça me rend en colère) ou plus kusokuraé (littéralement « Bouffe ta merde ! »)
Le correspondant du Asahi Shimbun a justifié son choix de traduction dans un article publié sur le site du quotidien qui expliquait la connotation vulgaire du mot utilisé par le président français.
« Je crois avoir été l'un des hommes le plus détesté de son époque, ce fût longtemps mon chagrin, c'est aujourd'hui mon orgueil. »
C’est de Jean Gabin Émile Beaufort, ancien président du Conseil.
Le Président, celui qui tenait les rênes, sous la Quatrième, c’était le Président du Conseil.
Le nôtre, préside la Conseil des Ministres, et le 1er d’entre-eux n’est qu’un collaborateur que le Président peut congédier.
Il préside aussi, pour les 6 prochains mois, l’Union Européenne, et la tirade d’adieu ( lire en fin de chronique) de Jean Gabin Émile Beaufort, ancien président du Conseil, évoque la construction européenne. C’est de l’Audiard pur sucre, je ne suis pas fan de l’homme Audiard qui fut un collabo impénitent ICI , mais il savait manier les mots, qui, dans la bouche de Gabin tonnent dans l’hémicycle !
Aujourd’hui c’est « Le Président » (1961)
Pourquoi ce film ?
Parce qu’en bon pédagogue je me dois de coller à l’actualité. En ces périodes d’élections, il n’est pas étonnant que Ciné papy, conforme à ses principes, vous ressorte de la naphtaline un de ces films de derrière les fagots qui a marqué l’histoire du cinéma français
Quelle est l’histoire ?
D’après un roman de Simenon c’est l’affrontement feutré de deux hommes politiques disons plutôt un Homme d’Etat et un politicard qui n’a d’autre ambition que la sienne et celle de sa classe sociale. Le tout nous est conté à coup flashback à l’occasion des problèmes de santé du Président qui a pris sa retraite et de son point de vue sur la crise politique qui agite le pays.
Réalisation
Derrière la caméra le prolifique et hyperactif Henri Verneuil. C’est un cinéaste-scénariste et producteur sans génie, sauf celui des affaires, mais de grands et multiples talents. De 1951 à 1992 il réalisera 34 films dont « La vache et le Prisonnier » 1959 qui sans conteste, figurent au Top 10 des rediffusions du dimanche soir sur TF1. Il possède le «midas touch » et collectionne les grands succès au box-office. Pour se faire une recette à toutes épreuves. On mélange un bon scénario – souvent d’Henri Verneuil – de grands acteurs populaires et un dialoguiste percutant : Michel Audiard (plus d’une dizaine de collaborations) La recette fonctionne quel que soit le type de cinéma : grand spectacle ou intimiste, aventure ou policier et cela, en France comme à l’étranger.
C’est dire si le bonhomme connaît son métier.*
Malgré les propos peu amènes ci-dessus Ciné papy doit reconnaître que plusieurs films de Verneuil figurent à son panthéon personnel et cela pour ne pas avoir dénaturé les auteurs respectifs des romans inspirant les films
- « Un singe en hiver » 1962 (Mon très cher Antoine Blondin)
- « Le Corps de mon ennemi » 1976 (Le réjouissant Félicien Marceau)
* Selon les statistiques enregistrées depuis 1945, Henri Verneuil est le réalisateur français qui a rassemblé le plus de spectateurs au cours de sa carrière : avec ses trente-quatre films, il a atteint 91,58 millions d'entrées au total, et en moyenne il a réalisé 2,69 millions d'entrées par film9 indique Wikipédia
Qui fait quoi ?
Jean Gabin : Émile Beaufort, ancien président du Conseil
Que dire de ce monstre sacré ? Esquissons la stature de son personnage au travers des mots qu’Audiard lui prête. Puisons dans Wikipédia
- À bien des égards, Émile Beaufort, qui est un concentré des présidents du Conseil des IIIe et IVe Républiques, rappelle, tant par sa fougue que par son bagout, Georges Clemenceau, et Aristide Briand par ses opinions pacifistes et son idéologie sociale.
-le député Jussieu proteste contre la lecture par le Président, lors de son ultime apparition à l'Assemblée, d'une liste d'élus du peuple liés aux milieux d'affaires, et demande qu’elle ne soit pas publiée au Journal Officiel. Visiblement Beaufort attendait cette protestation venant "d'un élu sur une liste de gauche qui ne soutient que des projets de lois d’inspiration patronale ; à Jussieu qui objecte qu’il existe des patrons de Gauche, il rétorque : « Il y a aussi des poissons volants, mais qui ne constituent pas la majorité du genre »...d'où tollé dans les gradins.
- Dans le film est également cité le nom du président Gaston Doumergue, que semble avoir côtoyé Beaufort, qui se vante d'avoir, en sa compagnie, fréquenté des maisons closes
- à un député
— Il dit n’importe quoi ! (un député du haut des gradins)
— c’est l’apanage de l’Opposition. (Réponse du Président)
« — Je vous reproche simplement de vous être fait élire sur une liste de gauche et de ne soutenir à l'assemblée que des projets d’inspirations patronales
— Il y a des patrons de gauche, je tiens à vous l’apprendre
— il y a aussi les poissons volants mais qui ne constituent pas la majorité du genre. »
Bernard Blier : Philippe Chalamont, député, ancien directeur de cabinet de Beaufort
Même traitement que pour le « monstre » précédent.
Chalamont le faux derche : — Travailler avec vous est une telle joie
Le président pas dupe — Je vous remercie mais faut être plus ambitieux que ça !
- Le Président du Conseil au sujet de son ex Chef de Cabinet devenu député
— Il est plus modéré que je ne pensais
— Oh s’il part doucement c’est qu’il a l’intention d’aller loin.
- Le Président du Conseil à son Chef de Cabinet qui souhaite son soutien pour devenir à son tour Président du Conseil
« Pas plus mal qu’un autre !…
Décidément vous êtes plus ambitieux pour vous que pour votre pays ! Voilà tout ce que vous lui souhaitez : un homme "pas plus mal qu’un autre" ? Quand on a cette ambition là on ouvre un bazar, on ne gouverne pas une nation ! »
- Le Président à son chef de Cabinet dont l’indiscrétion à fait perdre quelques milliards à la France par les spéculateurs
« On ne dit rien à sa femme quand on a épousé une banque ça se paye la fortune c’est ce qui coûte le plus cher !
Alfred Adam : François, chauffeur de Beaufort
Encore un acteur de second plan reconnaissable en raison de ses innombrables films et donc rôles dont l’un des derniers fut le Maréchal de Villeroi dans « Que la fête commence » 1975 de Bertrand Tavernier. (81 Films et/ou téléfilms en 57 ans de carrière mais aussi 36 rôles au théâtre pour lequel il écrivit 6 pièces ) Bravo l’artiste.
Henri Crémieux : Antoine Monteil, ministre des Finances
Ciné papy a un faible pour cet acteur qu’il a appris jeunot quand il écoutait à la TSF la « série » Les Maître du Mystère. Il a partagé sa vie professionnelle, comme beaucoup à cette époque entre cinéma, théâtre et télévision ou l’on reconnaissait son allure quelque peu dégingandée et affublé de lunette.
Louis Seigner : Henri Lauzet-Duchet, gouverneur de la Banque de France
Cet acteur affiche au compteur 150 films et 200 rôles au théâtre – 1500 fois le Bourgeois gentilhomme et serait recordman pour le rôle du malade imaginaire et celui de Tartuffe à la Comédie Française qu’il quitta un temps pour y revenir dans les 10 dernières années de sa vie.
Le personnage qu’il incarne ici est caractéristique de ses rôles au cinéma. Une bonhomie empreinte de sérieux qui le fit ,par ailleurs, choisi par de Gaulle pour l’aider à acquérir la bonhomie qui n’est pas l’apanage des militaires. Enfin il est le grand père des actrices Emmanuelle Seigner, Mathilde Seigner et de la chanteuse auteur/compositeur/interprète – et merde à l’écriture inclusive – Marie-Amélie Seigner.
Pierre Larquey : Augustin, vieil agriculteur et ami de Beaufort
Un de ces acteurs de second rôle essentiel des années 30 à 50 reconnaissable à sa voix grave un peu chevrotante. C’est entre autres, la voix l'allumeur de réverbères (« La consigneuh, c'est la consigne… ») sur le disque du « Petit Prince » enregistré en 1954, avec Gérard Philipe.
On vous épargnera ses 233 films de cinéma et 11 téléfilms.
Cependant il est impossible de passer sous silence ses participations aux films d’Henri Georges Clouzot lui offrant ses rôles les plus connus . Monsieur Colin dans « L'assassin habite au 21 » 1942 et du docteur Michel Vorzet dans « Le Corbeau » 1943.
Jacques Marin : Gaston, chauffeur de car et « escroc » pour touristes
Il ne tourne pas moins de 18 films avec son ami Jean Gabin.
Physiquement proche du stéréotype français, avec sa rondeur bougonne et sa moustache en brosse, il a joué dans de nombreuses productions américaines. Il maîtrise en effet parfaitement l'anglais, grâce à son épouse Patricia Hutchinson.
Cela lui permettra d'approcher de nombreuses stars, telles que Marlon Brando, Audrey Hepburn, Cary Grant, Errol Flynn, Orson Welles, Burt Lancaster, Julie Andrews, Dustin Hoffman, Michael Caine, Anthony Quinn... Il doublera également de nombreux films américains en français, et notamment des dessins animés de Walt Disney.
Le temps imparti à Ciné papy ne lui permet pas d’être exhaustif (lol !) c’est ainsi qu’il a omis de cité Jacques Marin dans la fiche de « La Traversée de Paris » 1956 de Claude Autant-Lara où il joue le patron du restaurant.
Les cinéphiles voudront bien vouloir excuser l’omission de ce vieil homme déjà accablé par le poids des ans.
Sans oublier le scénariste Henri Verneuil d’après un roman de Simenon
Ni le dialoguiste L’incontournable, à juste titre, Michel Audiard
Durant une scène tournée au Théâtre des Champs Elysées à Paris, l’Orchestre de la Société des Concerts du Conservatoire dirigé par Richard Blareau, joue l’Ouverture du Vaisseau Fantôme de Richard Wagner.
Le président Emile Beaufort et ses ministres assistent au concert, mais tandis que l’Ouverture vient à peine de commencer, le président se retire dans une loge avec quelques conseillers, dont Bernard Blier, son directeur de cabinet de l’époque. ICI
Le texte de la tirade d’adieu au complet
Voici en entier le texte du discours d’adieu de Gabin :
« – Messieurs, Monsieur le Député Chalamont vient d’évoquer en termes émouvants les victimes de la guerre. Je m’associe d’autant plus volontiers à cet hommage qu’il s’adresse à ceux qui furent les meilleurs de mes compagnons.
Au moment de Verdun, Monsieur Chalamont avait dix ans… Ce qui lui donne, par conséquent, le droit d’en parler. Étant présent sur le théâtre des opérations, je ne saurais prétendre à la même objectivité. On a, c’est bien connu, une mauvaise vue d’ensemble lorsqu’on voit les choses de trop près ! Monsieur Chalamont parle d’un million cinq cent mille morts, personnellement je ne pourrais en citer qu’une poignée, tombés tout près de moi.
J’ai honte, Messieurs… Je voulais montrer à Monsieur Chalamont que je peux, moi aussi, faire voter les morts. Le procédé est assez méprisable, croyez-moi !
Monsieur Chalamont lui a passé une partie de sa vie dans une banque à y penser aussi… Nous ne parlons forcément pas de la même Europe.
Moi aussi j’ai un dossier complet. Trois cent pages ! Trois cents pages de bilans et de statistiques que j’avais préparées à votre intention. Mais en écoutant Monsieur Chalamont, je viens de m’apercevoir que le langage des chiffres a ceci de commun avec le langage des fleurs qu’on lui fait dire ce que l’on veut ! Les chiffres parlent mais ne crient jamais. C’est pourquoi ils n’empêchent pas les amis de Monsieur Chalamont de dormir. Remettez-moi messieurs de préférer le langage des hommes. Je le comprends mieux !
Durant toutes ces années de folie collective et d’autodestruction, je pense avoir vu tout ce qu’un homme peut voir: des populations jeté sur les routes, des enfants jetés dans la guerre, des vainqueurs et des vaincus finalement réconciliés dans les cimetières, que leur importance a élevé au rang de curiosité touristique !
La paix revenue, j’ai visité des mines. J’ai vu la police charger les grévistes, je l’ai vue aussi charger des chômeurs… J’ai vu la richesse de certaines contrées, et l’incroyable pauvreté de certaines autres. Et bien durant toutes ces années, je n’ai jamais cessé de penser à l’Europe. Monsieur Chalamont lui a passé une partie de sa vie dans une banque à y penser aussi… Nous ne parlons forcément pas de la même Europe.
Ce projet [NDLR: l’Europe de Mr Chalamont] je peux d’avance vous en énoncer d’avance le principe !
La constitution de trusts verticaux et horizontaux et de groupes de pressions qui maintiennent sous leur contrôle non seulement les produits du travail, mais les travailleurs eux-mêmes !
Tout le monde parle de l’Europe… mais c’est sur la manière de faire cette Europe que l’on ne s’entend plus. C’est sur les principes essentiels que l’on s’oppose…
Pourquoi croyez-vous, Messieurs, que l’on demande à mon gouvernement de retirer le projet de l’Union Douanière qui constitue le premier pas vers une Fédération future ?
Parce qu’il constitue une atteinte à la souveraineté nationale ? Non pas du tout ! Simplement parce qu’un autre projet est prêt… Un projet qui vous sera présenté par le prochain gouvernement. Ce projet je peux d’avance vous en énoncer d’avance le principe !
La constitution de trusts verticaux et horizontaux et de groupes de pressions qui maintiennent sous leur contrôle non seulement les produits du travail, mais les travailleurs eux-mêmes ! On ne vous demandera plus, Messieurs, de soutenir un ministère, mais d’appuyer un gigantesque conseil d’administration !
Si cette assemblée avait conscience de son rôle, elle repousserait cette Europe des maîtres de forges et des compagnies pétrolières. Cette Europe, qui a l’étrange particularité de vouloir se situer au-delà des mers, c’est-à-dire partout… sauf en Europe ! Car je les connais, moi, ces européens à têtes d’explorateurs !
– La France de 89 avait quelques actions à accomplir !
– Et quelques profits à en tirer !
– Il y avait des places à prendre ! Et le devoir de la France était de les occuper pour y trouver de nouveaux débouchés pour son industrie, un champ d’expérience pour ses armes…
– …et une école d’énergie pour ses soldats ! Je connais la formule ! Et bien personnellement je trouve cette mission sujette à caution et le profit dérisoire. Sauf évidemment pour quelques affairistes et quête de fortune et quelques missionnaire en mal de conversion. Or je comprends très bien que le passif de ses entreprises n’effraie pas une assemblée où les partis ne sont plus que des syndicats d’intérêt !
– Monsieur le président de l’Assemblée ! Je demande que les insinuations calomnieuses que le Président du Conseil vient de porter contre les Élus du Peuple ne soient pas publiées au Journal Officiel.
– J’attendais cette protestation… Et je ne suis pas surpris qu’elle vienne de vous, Monsieur Jussieu… Vous êtes, je crois, conseil juridique des aciéries Krenner ? Je ne vous le reproche pas.
– Vous êtes trop bon !
– Il y a des patrons de gauche, je tiens à vous l’apprendre !
– Il y a aussi des poissons volants, mais ils ne constituent pas la majorité du genre !
– Je vous reproche simplement de vous être fait élire sur une liste de gauche et de ne soutenir à l’Assemblée que des projets d’inspiration patronale !
– Il y a des patrons de gauche, je tiens à vous l’apprendre !
– Il y a aussi des poissons volants, mais ils ne constituent pas la majorité du genre ! J’ai parlé tout à l’heure de syndicats d’intérêt. Voulez-vous Messieurs que je fasse l’appel de cette assemblée ?
[…]
Je vous demande pardon. A l’énoncé de tous ces titres, je réalise la folie de mon entreprise. En vous présentant ce projet, je ne vous demandais pas seulement vos voix, je vous demandais d’oublier ce que vous êtes. Un instant d’optimisme… C’est sans doute à ce genre d’optimisme que Mr Chalamont faisait allusion tout à l’heure en évoquant mes bons sentiments et mes rêves périmés.
La politique, Messieurs, devrait être une vocation… Je suis sûr qu’elle l’est pour certains d’entre vous… Mais pour le plus grand nombre, elle est un métier. Un métier qui ne rapporte pas aussi vite que beaucoup le souhaiteraient, et qui nécessite de grosses mises de fonds car une campagne électorale coûte cher ! Mais pour certaines grosses sociétés, c’est un placement amortissable en quatre ans… Et pour peu que le protégé se hisse à la présidence du Conseil, alors là, le placement devient inespéré ! Les financiers d’autrefois achetaient des mines à Djelitzer ou à Zoa, et bien ceux d’aujourd’hui ont compris qu’il valait mieux régner à Matignon que dans l’Oubangui et que de fabriquer un député coûtait moins cher que de dédommager un Roi Nègre !
Vous allez faire avec les amis de Mr Chalamont, l’Europe de la fortune contre celle du travail. L’Europe de l’industrie lourde contre celle de la paix.
Vous voyez Messieurs, nous aurons enfin été d’accord une fois, je partirai au moins avec l’estime de mes adversaires. Et maintenant permettez-moi de conclure. Vous allez faire avec les amis de Mr Chalamont, l’Europe de la fortune contre celle du travail. L’Europe de l’industrie lourde contre celle de la paix. Et bien cette Europe-là vous la ferez sans moi, je vous laisse !
Ce gouvernement maintient son projet. La majorité lui refusera la confiance et il se retirera. J’y étais préparé en rentrant ici…
J’ajouterai simplement, pour quelques-uns d’entre vous. Réjouissez-vous, fêtez votre victoire. Vous n’entendrez plus jamais ma voix et vous n’aurez jamais plus à marcher derrière moi… Jusqu’au jour de mes funérailles. Funérailles Nationales, que vous voterez d’ailleurs à l’unanimité. Ce dont je vous remercie par anticipation… »
Au sujet du film de Verneuil "Le Président" | INA
Extrait du film "Le Président" de Henri VERNEUIL, avec Jean GABIN : séquence à la Chambre des Députés avec une allocution de Jean GABIN en Président du conseil. Dans le décor reconstitué de...
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