C’était au temps où je battais les estrades même à Bordeaux, l’oiseau de mauvais augure que j’étais n’était plus blacklisté, cette vidéo est intéressante à voir car en ce temps-là le classement décennal des vins de Saint-Émilion faisait partie du paysage mais celui de 2006 va donner lieu à un long imbroglio judiciaire qui ouvrira la porte à une nouvelle procédure où notre Hubert sera à la manœuvre avec le succès que l’on sait.
Celui de 2012 verra l’Angelus atteindre le graal : classé A et l’ami Jean-Luc et son château Valandraud accède au B.
Les historiques A : Ausone et Cheval Blanc ne concourent pas pour 2022, Hubert vu ses ennuis judiciaires vient de se retirer. Pour Jean-Luc, pourquoi pas le A ?
En 2005-2006 c’est la CRISE
La crise viticole n'est pas une fatalité !
Éditorial de Mgr Ricard
Très présente dans la presse à certains jours, plus discrète à d’autres, la crise viticole est bien toujours là. Contrairement à une série de crises rencontrées par la viticulture depuis plus d’un siècle, la crise actuelle n’est pas conjoncturelle mais structurelle. Il serait vain d’attendre que « ça passe » en rêvant au retour des années fastes pour les vins de Bordeaux.
La sortie de cette crise est un vrai problème régional pour ne pas dire national. Certaines régions sont peut-être encore plus touchées que la nôtre. Le 4 février dernier, les évêques du Languedoc-Roussillon ont fait part de leurs préoccupations devant l’inquiétude et la souffrance de beaucoup de viticulteurs. Mais notre région, longtemps épargnée, est touchée elle aussi.
Certes, la crise viticole ne touche pas toutes les propriétés de la même façon. Certains châteaux, des crus renommés, s’en sortent plutôt bien et n’ont pas de mal à commercialiser leur vin. D’autres sont frappés de plein fouet et on peut dire que c’est toute une partie de la profession qui ressent les contrecoups de la crise. Au cours de mes visites pastorales et des rencontres que j’ai pu avoir, j’ai été témoin du drame vécu par un certain nombre de viticulteurs qui se sont endettés au moment des années fastes et qui, aujourd’hui, devant la difficulté à vendre leur vin, se sentent étranglés par les remboursements auxquels ils doivent faire face. Cette réelle angoisse du lendemain a chez eux des conséquences sur leur moral, parfois sur leur vie conjugale et familiale. Certains enfants ne voient pas comment prendre en charge après leurs parents la propriété familiale. Cette crise a fatalement aussi des répercussions sur la situation des ouvriers agricoles, des saisonniers et des artisans. Ces viticulteurs sont guettés par le désespoir et la désespérance n’est jamais bonne conseillère. On peut redouter qu’elle provoque parfois des réactions de violence ou pousse à des extrémités.
Devant cette crise, certains sont tentés de baisser les bras et de se laisser gagner par un sentiment de fatalisme. D’autres cherchent un bouc émissaire qu’ils chargent alors de tous les maux (les organisations professionnelles, le négoce, les pouvoirs publics, les campagnes antialcooliques, la mondialisation…) L’heure n’est pourtant pas au découragement. D’ailleurs, au cours des deux siècles précédents, les viticulteurs ont toujours fait preuve de courage et d’ingéniosité pour surmonter les crises rencontrées. Une telle ténacité continue. Il nous faut saluer ici les efforts de ceux qui courageusement veulent relever le défi d’aujourd’hui. Ils savent qu’il leur faut compter avec des facteurs nouveaux qui ne disparaîtront pas dans les années qui viennent : la baisse en France de la consommation du vin, la concurrence des vins européens et des vins du nouveau monde et la politique commerciale des grandes surfaces. Ils sont convaincus également qu’il faut veiller à la qualité du vin produit, à sa commercialisation et donc à des campagnes de promotion de leur vin en France, en Europe et dans d’autres pays du monde. En effet, produire, malgré tout le savoir-faire que cela met en jeu, aujourd’hui ne suffit pas. Il faut commercialiser, tenir compte de la demande, et gagner de nouveaux marchés.
Cette crise ne peut être surmontée qu’ensemble, solidairement, qu’en s’appuyant les uns sur les autres, qu’en s’entraidant les uns les autres. Or, la viticulture a été une profession qui a favorisé jusque-là l’investissement individuel et la recherche personnelle du profit. L’argent gagné était le secret de chacun et on se méfiait de l’autre qui pouvait toujours devenir un concurrent possible. D’où la difficulté qu’ont eu beaucoup de viticulteurs, même voisins, à se parler quand la crise a commencé. Or, la solidarité et l’entraide sont aujourd’hui des conditions sine qua non pour surmonter la crise.
Devant cette crise qui marque profondément notre région, les communautés chrétiennes ne peuvent pas ne pas se sentir concernées. Il est important qu’elles partagent les préoccupations des viticulteurs, soutiennent ceux qui sont dans une passe difficile, encouragent ceux qui se battent pour relever le défi. Je les invite à lire le document de réflexion ci-joint sur « La crise viticole » et à manifester à tous les viticulteurs leur solidarité.
Dans ce temps pascal, le Christ vient à nous, vainqueur du fatalisme et de la résignation. Sa résurrection ouvre une brèche, déploie un avenir nouveau. Elle crée du neuf. Que cette espérance soutienne tous ceux qui se battent aujourd’hui pour ouvrir des voies d’avenir à la viticulture dans notre région.
Bordeaux, le 5 mai 2006
+ Cardinal Jean-Pierre RICARD
Archevêque de Bordeaux
Evêque de Bazas
Le vin de Bordeaux voit la fin de la crise
Publié le 14 mars 2008
Les Bordelais se gardent de toute fanfaronnade. Néanmoins, ils veulent croire à la fin de la crise. « Les améliorations sont incontestables, même si beaucoup reste à faire », résumait hier à Paris, Alain Vironeau, président du CIVB (Comité interprofessionnel des vins de Bordeaux).
Après avoir souffert d'une surproduction chronique, les producteurs sont enfin parvenus à rétablir un équilibre entre l'offre et la demande et à faire remonter les prix. Si bien que la région a commercialisé 5,7 millions d'hectolitres de vin en 2007 (+1,3 %) pour un chiffre d'affaires de 3,4 milliards d'euros (+4 %).
Plan d'arrachage
« L'excédent de stock a été résorbé », selon le CIVB, les ventes ont repris et les prix du tonneau ont bondi de 26 % entre 2005 et 2007. Les volumes qui encombraient le marché ont été distillés à hauteur de 160.000 hectolitres en 2005 et un peu plus en 2006. Le plan d'arrachage de 10.000 hectares sur trois ans, annoncé en 2005, a été exécuté grâce à une aide substantielle de 12.000 à 13.000 euros l'hectare, mais pour moitié seulement. Une démarche contre nature dans la région. En fait, moins de 1 % des vignerons ont été contraints de cesser leur activité pour des raisons économiques. Alain Vironeau souligne d'ailleurs que, depuis quarante ans, le Bordelais perd en moyenne 500 producteurs par an, dans le cadre de la restructuration des propriétés.
Restaurer la confiance
Tous les producteurs ont fait un effort pour réduire les rendements, uniformément ramenés à 50 quintaux par hectare. L'interprofession a réalisé un gros travail de pédagogie pour convaincre les viticulteurs qu'ils devaient désormais produire ce qui se vend. Les méthodes de marketing ont été profondément revues, complétant l'aggiornamento du vignoble le plus célèbre dans le monde.
Mais les Bordelais savent qu'il leur reste un long chemin à parcourir pour regagner la confiance des consommateurs, notamment étrangers. Ils comptent beaucoup sur le renforcement des contrôles de qualité et des droits à produire sous AOC pour y parvenir. « L'exportation ne concerne qu'un tiers des volumes produits. Si on restaure l'image de nos vins, on en exportera 70 % », explique Alain Sichel, vice-président du CIVB et directeur du syndicat des négociants. D'autant que la consommation mondiale de vin augmente et que la concurrence du Nouveau Monde s'est allégée. La production australienne est tombée de 14 à 11 millions d'hectolitres entre 2006 et 2007 en raison de la sécheresse.
MARIE-JOSÉE COUGARD