C’est quoi une filière ?
L’INSEE la définit ainsi : « La filière désigne couramment l'ensemble des activités complémentaires qui concourent, d'amont en aval, à la réalisation d'un produit fini. On parle ainsi de filière électronique (du silicium à l'ordinateur en passant par les composants) ou de filière automobile (de l'acier au véhicule en passant par les équipements). La filière intègre en général plusieurs branches. »
Dans le cadre des États généraux de l’Alimentation, les 35 principales filières agricoles et agroalimentaires * ont planché pour se fixer une stratégie.
- Filière betterave à sucre
- Filière céréalière
- Filière Pomme de terre
- Filière fruits et légumes frais et transformés
- Filière horticole
- Filière oléagineux
- Filière pomme de terre
- Filière lait
- Filière semence
- Filières viandes (bovine, ovine, porcine, lapin...)
- Filière volailles
- Filière foie gras
- Filière œufs
- Filière vitivinicole
- Filière cidre…
Les interprofessions des différents secteurs sont, en principe, des lieux privilégiés permettant aux différents acteurs de se rencontrer pour élaborer des plans de filières propres à leurs activités.
Je n’ironiserai pas sur la pertinence des fameux plans de filières mais force est de constater que la gouvernance des filières est une illusion qu’entretiennent de concert les pouvoirs publics et les organisations professionnelles dites représentatives.
25 Interprofessions vinicoles ICI « à la différence d’autres filières agricoles organisées nationalement, les Interprofessions vinicoles françaises se sont construites autour de vins d’Appellation d’Origine et d’Indication Géographique, et d’une Interprofession nationale pour les vins n’en bénéficiant pas »
Tout ce beau monde se retrouve au CNIV, à la CNAOC, à FranceAgrimer, à l’INAO, à Vin&Société, dans le bureau du Ministre de l’Agriculture, à la DGCCRF… etc.
Qui font-ils ?
Je le sais mais je n’ai ni le courage d’écrire une ligne en réponse, ni l’envie d’ironiser sur les séjours parisiens des présidents.
Ce dont je puis vous assurer c’est que tout ce beau monde, dont la représentativité est formelle, n’a jamais gouverné la filière qui, je l’ai en son temps démontré, n’a nul besoin d’être gouvernée.
Tant que l’on se bercera d’illusions sur la réalité de notre offre de vins, sa segmentation par prix, sur l’irruption d’une nouvelle génération de consommateurs, chez nous comme dans les grands pays consommateurs, en laissant accroire que tout le monde vit et travaille sur le même bateau, nous raterons à nouveau le coche de la nouvelle donne de la demande de vin.
Le grand-prêtre rock-and-roll« non –œnologue » Stéphane Derenoncourt proclame dans Vitisphère pour répondre au soi-disant Bordeaux-Bashing « Jusqu'à présent, nous avons vendu du vin. Maintenant, il faut vendre des idées. Bordeaux en a » Je ne jouerai pas au MacArthur en répondant « Les batailles perdues se résument en deux mots : trop tard. »
Ceci écrit je vous laisse découvrir l’éditorial de la patronne de Vitisphère Marion Sepeau Ivaldi : pour gouverner le navire encore faudrait-il qu’il y ait un gouvernail et que les hommes de quart sachent quel est le cap ?
Trois domaines par jour ont disparu sur la décennie
Par Marion Sepeau Ivaldi Le 17 décembre 2021
Le recensement agricole est toujours un moment où l’on prend la mesure des changements. 11 000 domaines viticoles ont disparu en 10 ans. Ainsi, 3 domaines par jour pendant une décennie ont été rayés de la carte. Ce rythme plus que soutenu donne à voir la mutation qui se déroule sous nos yeux. Sans bruit.
Dans le même temps, la surface moyenne d’une exploitation viticole est désormais de 19 hectares. La quête de rentabilité, de consolidation de la marge, la faiblesse du nombre de repreneurs concourent à cet agrandissement.
Quelle gouvernance de la filière dans ce contexte d’érosion ?
C’est un sujet qui sera sans nul doute dans l’actualité des dix prochaines années. Car de nombreux autres départs à la retraite se profilent. Les adhérents, en plus petits nombres, seront-ils toujours enclins à financer la mosaïque syndicale vitivinicole ?
D’autant que la perte de confiance dans les institutions perdure, que l’investissement des nouvelles générations dans le syndicalisme est plus faible, que le pouvoir d’influence de ces organisations s’est atténué. Si les exploitations disparaissent sans bruit, les organisations professionnelles devraient tendre l’oreille. La gouvernance a elle aussi besoin de mutation.