J’ai longuement hésité à titrer, comme ce facétieux Zygmunt Miloszewski, dans son chapitre 8 : Faire l’amour sur le bureau de Marie Curie (pages 183- 184-185 et 188-189). Si j’y ai renoncé c’est quand ce jour de Noël ça choquerait, dans son coin du ciel, ma sainte et pieuse mère.
L’épisode de la liaison Marie Curie-Paul Langevin, voir plus bas, j’en ai eu connaissance par Françoise Langevin-Mijangoz qui fut ma collaboratrice. ICI
JOYEUX NOËL
« La demi-vie du radium est de mille six cents ans, c’est pourquoi les notes, les habits, les effets personnels et même la dépouille de Marie Sklodowska-Curie ont été scellés dans des récipients de plomb. En visitant son cabinet, Zofia Lorentz se demandait s’il n’aurait pas non plus fallu sceller les idées nationales dans des tableaux tels les éléments de Mendeleïev. Il s’agirait d’un récapitulatif fort intéressant, comparer entre elles les puissances des idées, disons, russes, polonaises, islandaises et vietnamiennes. Quel patriotisme s’apparenterait à un gaz fortement évanouissant ? Lequel serait un matériau assez solide pour bâtir des cathédrales, mais aussi l’équivalent d’une substance radioactive qui peut autant soigner un cancer que réduire une ville en cendres ou empoisonner un cadavre pour des milliers d’années.
Zofia ne savait pas si elle était plus horrifiée ou étonnée de voir que la grande Marie avait nommé le premier élément qu’elle avait découvert « polonium », en hommage à sa patrie, et seulement le second « radium », dont la racine provient tant du radius, « rayonnement », que du ravissement quotidien que lui inspirait sa fille. Une patrie, rappelons-le, qu’elle avait dû quitter à la hâte parce qu’on n’y tolérait guère les bizarreries du genre d’une étudiante en jupons. Une patrie à cause de laquelle Marie avait failli se voir déportée en Sibérie pour avoir enseigné la polonité à des enfants de paysans. Une patrie qui honore la plus grande femme de son histoire par une université baptisée avec une faute d’orthographe à son nom de famille et par un musée minable qu’on ferait mieux de fermer pour éviter de se compromettre davantage. »
[…]
« Même lorsqu’on a deux Nobel – ou peut-être surtout dans ce cas –, on a besoin d’un endroit pour travailler et non pour méditer devant une table vide. Marie buvait-elle son café assise là ? Laissait-elle des miettes de croissants et des taches de beurre sur le bois ? S’appuyait-elle dessus, autoritaire, pour passer un savon à des assistants dans son français guttural à fort accent slave ? Comme tout le monde, probablement, Zofia s’imaginait Marie en tata grincheuse dans un chapeau miche, et pourtant, c’est pour son honneur que des hommes se battaient en duel, sans oublier la phrase d’Einstein restée célèbre, lui qui affirmait n’avoir jamais vu autant d’érotisme dans le regard d’une femme que chez elle. Elle avait peut-être baisé debout contre ce bureau jusqu’à en briser des ballons à distiller dans le laboratoire d’à côté ? »
[…]
- En résumé, nous regardons aujourd’hui la découverte du radium en particulier et de la radioactivité en général comme un grand classique de la science, mais les chercheurs de l’époque ne vivaient pas dans le vide. Ils étaient entourés par un public tout aussi crétin que de nos jours et, parmi ces badauds, il y avait divers charlatans et escrocs capables d transformer les titres des journaux en mines d’or. Nous vivons maintenant à l’époque génético-électronique, alors vous pouvez vous offrir des suppléments alimentaires qui rallongent les télomères dans les chromosomes ou des appareils de massage dont le microprocesseur pilote le lissage des rides. À l’époque la grande nouveauté, c’était justement le radium. Une mystérieuse substance phosphorescente capable de contaminer d’autres substances. Une source inépuisable d’énergie, et puisqu’on n’y connaissait rien en ADN, quand on a découvert que les radiations provoquaient des changements chez les générations successives de moucherons, on est devenu rapidement persuadé que le radium permettrait de créer de nouvelles espèces. C’était l’élément de la vie ! Et puis, ajoutons à cela que le radium a tout de suite été utilisé en médecine, surtout en oncologie, et voilà, tadam ! On pouvait alors l’atteler à n’importe quoi. Vous devriez voir toutes ces publicités pour les crèmes radioactives dans lesquelles une sorcière ôtait son masque de vieillesse. Des lotions, des savons, des gels de bain, des poudres, on ne pouvait plus se laver les fesses avec un truc qui ne brillerait plus dans la nuit. Ça rendait furieuse notre Marie, mais elle estimait qu’elle ne vaincrait pas la sottise. À une exception près.
[…]
- À un certain moment, un nouveau remède au doux nom de Tho-Radia est apparu sur le marché. Grosse campagne de pub, identité visuelle géniale, vous pouvez chercher sur Google. Après Hiroshima et Tchernobyl, un mannequin baigné d’une lueur radioactive éveille l’épouvante mais à l’époque, les rouge à lèvres radioactifs se vendaient sur le pouce, les clientes voulaient que leur apparence soit optimisée par la science omnisciente et non par de vulgaires plantes hachées ; Le problème c’est que des petits malins ont mis la main sur un naïf médecin de province qui s’appelait Curie, afin qu’il prête son nom à leur magouille, et soudain, sur toutes les affiches publicitaires apparut le slogan selon lequel ce remède miracle avait été créé « d’après la formule du docteur Alfred Curie ». Ça a fait un esclandre…
Les scientifiques Albert Einstein et Marie Curie marchent au bord du lac Léman, à Genève (Suisse), en 1925. (ARCHIVES PIERRE ET MARIE CURIE / AFP)
Les deux scientifiques ont échangé des lettres en 1911, alors que Marie Curie était au cœur d'un scandale médiatique en raison d'une liaison avec le physicien Paul Langevin.
"Ignorez les critiques de bas étage." C'est, à peu de chose près, le conseil donné par Albert Einstein à Marie Curie en novembre 1911, rapporte le site I Fucking Love Science (en anglais), mardi 9 décembre. Quelques semaines avant que le prix Nobel de chimie ne lui soit décerné, la veuve de Pierre Curie (décédé en 1906) s'est trouvée au cœur d'un scandale médiatique à cause de sa liaison avec le physicien Paul Langevin.
La femme de ce dernier, dont il était séparé depuis peu, a transmis des lettres des deux amants à la presse. De retour en France après une conférence à Bruxelles, Marie Curie a été accueillie par une foule en colère à son domicile parisien. Une expérience tellement effrayante qu'elle a décidé de s'intaller chez un ami avec ses deux filles, le temps que l'affaire se calme.