Consommateur de viandes, consommateur modéré de viandes de haute-qualité, j’ai les moyens, cette chronique respecte les vegans non extrémistes, l’une de mes petites filles l’est, beaucoup de mes amies le sont, j’ai et je garde un grand respect pour ces animaux qu’on élève soit pour leur lait, leurs œufs, soit pour consommer leur chair.
Au Bourg-Pailler les animaux étaient bien traités, les vaches normandes donnaient leur lait, les bonnes des bourgeois venaient le chercher avec leur bidon, au matin, alors que je prenais mon petit déjeuner avant de partir à l’école, la tante Valentine barattait la crème salée pour faire du beurre, un beurre moulé dans un moule en bois, avec une petite fleur imprimée dessus, les poules nous donnaient leurs œufs, les poulets, les lapins, les canards étaient sacrifiés par la mémé Marie, sans barbarie, le cochon lui était occis un petit matin d’automne (la viande de porc n’aime pas la chaleur) par un « tueur » professionnel, dépecé, et comme rien ne se perd dans le cochon, jambon, boudin, fressure, pâtés… emplissaient le cellier.
J’ai donc enfant assisté à ces sacrifices, bien sûr le cochon braillait comme un cochon, mais l’acte de tuer était effectué avec des gestes qui épargnaient la souffrance à l’animal. Ça faisait partie de notre vie, ça contribuait à notre vie, autoconsommation familiale, au plus près des animaux nourris avec soins. Les animaux de boucherie, vaches de réforme, eux étaient sacrifiés par le boucher dans ce qu’on appelait alors les tueries particulières. L’hygiène n’y était pas forcément au zénith mais la viande de bœuf, comme le montre la maturation à la mode, supportait très bien ce type d’abattage.
Et puis, tout a basculé avec l’élevage industriel, le ramassage du lait en camion-citerne, les réglementations diverses et variées imposant l’abattage des animaux dans des structures modernes dont la taille n’a cessé de grandir suite aux concentrations d’entreprises. Les animaux sont donc transportés en camion vers ces abattoirs, du temps de ma jeunesse ils étaient aussi expédiés en wagon à la Villette, ce qui n’était pas mieux, stressés, apeurés, estourbis certes mais peu respectés par un personnel soumis à des contraintes de productivité.
Bref, dans ma vie professionnelle j’ai visité toutes les formes d’abattoirs espèces par espèces, porc, volailles, bovins, je n’ai jamais assisté à l’abattage de chevaux. Ce n’est pas un « spectacle » très facile à supporter, odeurs, tripailles, ça pue, mais peut-on faire autrement si l’on souhaite continuer à consommer de la viande ?
La réponse est, dans les conditions actuelles, OUI mais il existe un autre choix possible : l’abattage à la ferme. Celui-ci, a toujours été possible pour le porc à fin de consommation personnelle. Ce n’est pas un rêve de bobo mais le retour des circuits courts dans des conditions économiques acceptables. Ça ne plaira pas à Bigard et à la GD mais ça revigorera de façon significative le commerce de proximité. Manger moins mais manger mieux répond aussi au souci d’indépendance alimentaire. Bien sûr, on va rétorquer que ce n’est pas à la portée de toutes les bourses mais lorsqu’on analyse le contenu de certains caddies on ne peut qu’être frappé par la prédominance de plats tout préparés, dit bon marché, qui sont des non-sens alimentaires.
Je vous épargne mon couplet, mais lorsqu’on voit aussi les menus des cantines de nos enfants, ceux des hôpitaux, la malbouffe est à l’ordre du jour et c’est un désastre sanitaire.
Je milite depuis toujours pour l’abattage à la ferme.
Dès mercredi, l'abattage de boeufs deviendra possible à la ferme
AGRICULTURE
Une viande moins industrielle? Les agriculteurs suisses pourront tuer les boeufs directement à la ferme pour réduire les souffrances de l'animal, selon le Blick am Sonntag ICI
L'abattage à la ferme veut encourager une consommation de viande plus durable. «Avec notre méthode, nous ne pouvons pas produire des quantités industrielles», ajoute Georg Blunier, l'un des deux paysans grisons au bénéfice d'une autorisation.
Le procédé, qui veut placer la qualité au premier rang des priorités, est certes plus durable mais aussi plus coûteux et compliqué, selon le journal. L'agriculteur grison tue uniquement 20 boeufs par an.
Le procédé est fortement réglementé. Un représenté de l'administration doit être présent. Une fois mort, l'animal doit être amené dans les 45 minutes à l'abattoir pour y être éviscéré. Selon un représentant de la communauté d'intérêt pour un abattage à la ferme, plus de 100 agriculteurs ont été contactés.
Avec son abattoir mobile, Émilie Jeannin plaide pour un bœuf éthique
En Côte-d’Or, cette éleveuse vient de lancer le premier abattoir à la ferme en France. Elle témoignera lors des Assises de l’agriculture organisées par Ouest-France à Nantes les 2 et 3 décembre.
Naissance et mort à la ferme. Jusqu’au bout cette génisse charolaise aura vu la lumière du jour. Pas de stress inutile, de long trajet en camion, ni de piétinement à la porte de l’abattoir. Un petit coup sur l’arrière-train et elle a suivi quelques secondes un parcours entre des barrières le long des bottes de paille avant de passer par la porte du camion et d’être immobilisée. C’est là que le matador est entré en action. Une opération conduite sous le contrôle d’un vétérinaire.
« Des pressions énormes »
Ils sont cinq à travailler chaque jour dans ce premier abattoir mobile créé par Émilie Jeannin, une éleveuse de Côte-d’Or. « Pour la première fois de ma vie, j’ai pu bénéficier d’une formation », explique un ancien salarié d’abattoir. « Et ça change tout », explique-t-il avec le sourire.
« J’ai lancé cette idée lorsque Stéphane Le Foll était encore ministre de l’Agriculture », explique cette grande femme blonde au sourire chaleureux titulaire d’une licence de psychologie.
On ne s’est pas bousculé pour la soutenir. Et surtout pas Bigard le numéro 1 du secteur. « J’ai subi des pressions énormes. » L’idée a pourtant fait son son chemin. Aujourd’hui, le ministre de l’Agriculture, Julien Denormandie, est même persuadé de l’intérêt de ce projet qui a bénéficié d’un soutien financier dans le cadre du plan de relance. La Banque publique d’investissement (BPI) ainsi qu’un prêt participatif avec la plateforme Miimosa ont complété ce tour de table.
Boule au ventre
L’agriculture, c’est un monde dur au mal où on ne se fait pas de cadeaux. Quand son père tombe dans le coma à la suite d’un accident de voiture en 2006, Emilie Jeannin travaille à la chambre d’agriculture et attend son premier enfant. Certains de ses voisins lorgnent déjà les 260 hectares qu’ils pourraient se partager. Appels anonymes aux services vétérinaires, ouverture des enclos où se trouvent les charolaises, rien ne lui sera épargné.
D’abord seule puis avec son frère venu la rejoindre, elle tient bon, redécouvre la passion d’élever sur cette exploitation en bio. Mais « avec une boule au ventre » en voyant les charolaises prendre la route de l’abattoir. Comment faire autrement ? Aller plus loin que son père, qui avait créé un circuit de vente directe après la vache folle. Un voyage en Suède où elle découvre un abattoir mobile créé par une éleveuse suédoise va la convaincre que d’autres solutions existent.
Aller jusqu’au bout
« On accepte comme une évidence qu’il faudrait des outils industriels de plus en plus gros parce que c’est la seule façon de dégager un peu de rentabilité. Mais ce système reste très opaque et aboutit à des aberrations. C’est dans les territoires où il y a le plus d’animaux qu’il y a le moins d’abattoirs. »
Son entreprise, nommée Le bœuf éthique, est née de cette longue réflexion. « J’ai voulu aller jusqu’au bout. Privilégier la qualité à la quantité. Les travaux des chercheurs de l’Inrae (Institut national de recherche pour l’agriculture) de Clermont-Ferrand ont aussi montré que le stress avait un impact sur la qualité de la viande », ajoute Émilie Jeannin.
Un cahier des charges strict
Une trentaine d’éleveurs ont déjà contractualisé. Le calendrier est plein jusqu’à Noël. La relation commerciale se fait en prenant en compte les indicateurs des coûts de production de la filière et avec des prix dans une fourchette supérieure de 20 à 30 % au marché.
Mais là encore sur une base éthique : bien-traitance animale, lien au sol, préférence pour un engraissement à l’herbe, pas de recours à l’huile de palme et à l’urée. La viande est vendue à des bistros brasseries, un chef étoilé mais aussi dans une cuisine centrale à Dijon.
La cinquième édition de ces rencontres organisées par Ouest-France aura lieu jeudi 2 et vendredi 3 décembre 2021 à la Cité des congrès de Nantes (Loire-Atlantique). Outre des débats consacrés à la souveraineté alimentaire, à la notation et au bien-être animal, une master classe est organisée avec des jeunes de lycées agricoles et futurs ingénieurs. Plus d’informations sur le site evenements.ouest-france.fr/assisesdelaterre.