J’ai visionné ce film pour la première fois à l’école d’agriculture dans le cadre de « Cinéma&Culture. Ce programme en sus de la projection du film nous proposait un 4 pages d’une grande qualité, malheureusement je n’en ai gardé aucune trace dans mes archives, c’était un forme du Wikipédia cher à PAX. En dépit d’une sono calamiteuse, je pris conscience de l’importance de la bande son dans un film, que le compositeur n’était pas là pour faire joli. Un de ces 4 je chroniquerai sur eux pour faire concurrence à Ciné papy.
Aujourd’hui c’est « Le train sifflera trois fois » (1952)
Pourquoi ce film ?
En reprenant les fiches de Ciné papy on pourrait croire que ce dernier n’aime pas les westerns. Il n’en est rien. Il a même un faible pour ce curieux réalisateur, Budd Boetticher qui, à titre personnel, fâché avec le système des studios hollywoodiens en a réalisé cinq avec son acteur fétiche Randolph Scott. Passionné par ailleurs de corrida il s’est ruiné a vouloir réaliser un film sur la carrière et la vie de ce matador de légende, mexicain mais triomphant dans toutes les arènes du monde que fut Carlos Arruza. C’est vous dire.
Mais pour en revenir au western, comment choisir ? Le monde du western recouvre tellement de genres différents. Film de cowboy et/ou de cowboy et indien, d’abords ennemis puis fraternisant. Autre sujet, la conquête de l’Ouest, les diligences, la Wells Fargo et le Poney Express puis le chemin de fer. Les bandits, les tireurs d’élite et autre fines gâchettes. Difficile aussi de choisir entre les réalisateurs quand les plus grands tel John Ford ont excellé dans le genre.
Quelle est l’histoire ? (selon Wikipédia)
À dix heures trente du matin, dans la petite bourgade d'Hadleyville, le shérif Will Kane (Gary Cooper) vient d'épouser la jeune quaker Amy Fowler (Grace Kelly). Alors qu'il s'apprête à rendre son étoile de shérif, Will Kane apprend l’imminent retour en ville de Frank Miller, un homme qu’il avait jadis arrêté et qui avait, par la suite, été condamné à mort. Finalement libéré au bout de cinq ans, Miller est en route pour Hadleyville avec la ferme intention de régler son compte à l'ancien shérif. Miller doit arriver par le train de midi à la gare, où trois de ses complices l’attendent.
Will Kane et sa femme projettent d'ouvrir un magasin dans une bourgade voisine mais, en définitive, le sens du devoir l'emporte. Malgré les supplications de sa femme, Kane décide de rester et tente de recruter des hommes auprès des habitants de la ville. Mais, l'un après l'autre, tous lui font défaut, par lâcheté, intérêt ou amitié pour le bandit. C’est donc seul qu’il devra livrer le combat face aux quatre hommes. Seul jusqu'à ce que son épouse comprenne, grâce à l'intervention de l'ancienne maîtresse de son mari, que sa place est auprès de lui. À l'arrivée du train, les rues de la ville sont désertées et se transforment en champ de bataille. Le combat se termine par la victoire du shérif, secondé par sa femme qui tue un des quatre hommes. Sans se retourner, Will et Amy Kane quittent Hadleyville.
Réalisation
Mon cher Fred Zinnemann est aux commandes.
Les afficionados de Ciné papy se souviendront que nous avons déjà rencontré ce très grand réalisateur, moult fois oscarisé. On se reportera à la fiche « Un homme pour l’éternité » 1966
Qui fait quoi ?
Gary Cooper: le shérif Will Kane
Curieux acteur que ce Gary Cooper. D’abord cascadeur il est vite repéré et devient rapidement un acteur confirmé et recherché. Curieusement, d’un côté il gagne et fait gagner des millions à ses producteurs. De l’autre, il manque totalement de flair et passe à côte de rôles importants et significatifs qui ont servi la gloire de confrères.
Grand ami d’Ernest Hemingway ce dernier en parlait ainsi à son éditeur : « Coop est un homme bien ; aussi honnête, droit, aimable et intègre qu'il le paraît. Si on inventait un personnage comme Coop, personne n'y croirait. Il est juste trop bien pour être vrai ».
Un exemple illustre parfaitement cet éloge. En 1947, il est interrogé par la commission des activités anti-américaines chassant les communistes, mais, bien qu'avouant ressentir une certaine influence communiste à Hollywood, il ne livre aucun nom.
Son rôle du Shérif Will Kane est considéré comme son meilleur rôle.
De 1925 à 1961 il participe à quelques quatre-vingt films avec les plus célèbres réalisateurs tel Fritz Lang, Frank Capra, Henry Hathaway ou Ernest Lubitsch car il joue aussi bien la comédie que les films d’aventure ou autres.
Trois fois oscarisé en 1999, l'American Film Institute le désigne1a plus grande star masculine de tous les temps.
Grace Kelly: Amy Fowler Kane - Elle est l’épouse craintive du shérif.
On ne présente pas cette icône du cinéma et actrice fétiche d’Alfred Hitchcock. On notera que le rôle d’Amy Fowler Kane est son premier grand rôle.
Katy Jurado: Helen Ramírez – Elle est une femme d’affaire mexicaine. Elle a été quittée par le shérif qui vient tout juste d’épouser Amy.
Katy Jurado outre ses qualités d’actrice présente une personnalité des plus intéressantes. Cette belle mexicaine va être abonnée aux rôles de femme fatale. Son premier film aux États Unis sera « La Dame et le Toréador » 1951 réalisé par, tient tient , Budd Boetticher. En 1952 son rôle de maitresse de Gary Cooper dans « Le train sifflera trois fois » qui lui vaudra un Golden Globe Award, attribué pour la première fois à une Mexicaine. On ne s’étonnera donc pas que les grands metteurs en scène du moment l’ont inscrit dans leur générique. Ainsi, par exemple, John Huston dans « Au-dessous du volcan » 1984 aux côtés d’Albert Finney.
Dimitri Tiomkin : Compositeur de la musique du film et de la célèbre chanson « Si toi aussi tu m’abandonnes » il mérite une mention spéciale. C’est un compositeur majeur de l’âge d’or d’Hollywood. Il reçut plusieurs oscars dont un pour « Le train sifflera trois fois »
Temps forts
Compte tenu de la structure particulière du film* il n’y a pas à proprement particulier de temps forts. On assiste à une succession de lâcheté, de mauvais prétextes, de conseils de « faux culs » pour abandonner le Shérif à son sort.
Pour le fun (et les féministes) on s’amusera de la manière dont Helen Ramirez congédie son jeune « compagnon de lit »
*Le train sifflera trois fois se déroule approximativement en temps réel, comme l'illustrent les plans récurrents montrant le cadran de l'horloge du bureau du shérif. L'action du film débute en effet à 10 h 40 pour se terminer peu après midi, et sa durée est de 85 minutes.
Remarques
Le film porte bien la marque de son talentueux réalisateur. Le réalisateur Fred Zinnemann compose Le train sifflera trois fois de trois éléments visuels récurrents : tout d'abord, le plan fixe sur la voie ferrée, qui signifie la menace attendue. Ensuite, le parcours désespéré du shérif qui cherche de l'aide dans toute la ville. Enfin, les horloges, de plus en plus grosses à l'image et de plus en plus souvent montrées au fur et à mesure que la menace se rapproche, nous dit Wikipédia
Pour l'historien du cinéma Leonard Maltin, Le train sifflera trois fois se démarque complètement des westerns de l'époque : le héros admet avoir peur, le film ne comporte que très peu de scènes d'action (sauf à la fin) et il est tourné en noir et blanc, ce qui était rarissime pour les westerns en 1952. D'autres éléments distinguent ce film des autres westerns : une bande-son dépouillée, une image très sobre, un ciel laiteux. Le personnage d'Helen Ramirez n'était pas banal pour l'époque, puisqu'il s'agit d'une femme d'affaires mexicaine.
L'acteur John Wayne a profondément détesté ce film qu'il qualifia de « un-American », par sa condamnation de la majorité silencieuse et d'une certaine lâcheté citoyenne. Détestation partagée par Howard Hawks
En 1989, fin des polémiques, le film, déjà 4 fois oscarisé , a été sélectionné pour préservation au National Film Registry par la Bibliothèque du Congrès en raison de son « importance culturelle, historique ou esthétique ».
Pax
Prochainement « Mash »