La nouvelle est tombée sur mon téléscripteur :
C’est un petit séisme en France : les ventes du légendaire camembert, star du traditionnel plateau de fromage, sont sur le point d’être dépassées par sa douce rivale italienne : la mozzarella.
Mozart est là…
Il en est de la mozzarella, comme du Canon de Pachelbel ou l’adagio d’Albinoni, elle est victime de son succès planétaire. Bien évidemment je ne parle même pas de la mozzarella au lait de vache produite partout, y compris en France, dans des usines. Non, je parle de celle que l’on trouve dans la GD sous l’étiquette Mozzarella di Buffala Campana par des marques comme Galbani qui elle aussi est un produit industriel.
1 septembre 2019
Mozart est là… et la mozzarella di buffala… ICI
Ce désamour préoccupe Ouest-France qui, même s’il n’est pas normand mais breton, a, dans son giron, le fameux Président (pas celui honni par Pax) produit phare de la maison Besnier devenue Lactalis.
Je cite :
Les deux fromages ne sont pas exactement rivaux : ils sont consommés différemment en fonction des saisons et la mozzarella est surtout utilisée en cuisine, quand le camembert est plus apprécié en dégustation.
Mais ce déclin réel laisse présager en creux un changement dans les habitudes culinaires des Français.
Selon une étude du ministère français de l’Agriculture, en 2020 les ventes de camembert chutaient de 11 % par rapport à 2015 quand celles de la mozzarella bondissaient de 62 %.
Le cabinet d’étude Nielsen assène : La tendance est claire, les ventes de mozzarella vont dépasser celles de camembert d’ici peu.
Nous vivons un deuil, comment le meilleur fromage a-t-il pu être détrôné ? s’est lamentée sur Facebook l’entreprise familiale de camemberts Gillot – leader français de la fabrication de camembert au lait cru – installée dans le village de Saint-Hilaire-de-Briouze (nord-ouest).
20 mai 2018
C’est la triste histoire d’un bon camembert Gillot au lait cru, moulé à la louche, congelé et coincé entre 2 Président dans une armoire de la GD : tout ça pour ça ! ICI
Pour Émilie Fléchard, directrice adjointe de Gillot, ce putsch pourrait être lié à un changement de mœurs, par exemple un déclin de la tradition du plateau de fromage.
« Mes parents mangeaient du fromage deux fois par jour. Personnellement, à part quand je reçois, je ne mange pas de fromage à la fin du repas » observe-t-elle.
Une tendance que semble discerner aussi Loïc Bienassis (j’attends Pax) chargé de mission scientifique à l’Institut européen d’histoire et des cultures de l’alimentation (IEHCA) : En 2011, 40 % du fromage était consommé hors plateau mais depuis, cela a probablement augmenté indique-t-il à l’AFP.
Le camembert, une « aventure »
Mais le désamour vis-à-vis du camembert s’explique aussi par une réputation, ternie au fil du temps.
Le camembert souffre d’une image vieillotte, celle d’un fromage populaire, traditionnel, constate Mike Bija, fromager à La Crèmerie du 17e, dans un arrondissement chic de Paris.
Par ailleurs, selon l’étude du ministère, les amateurs des deux fromages n’ont pas forcément le même profil d’âge : le camembert est deux fois plus consommé par les plus de 65 ans que par les moins de 35 ans. La mozzarella est au contraire achetée massivement par les moins de 35 ans.
Car la petite boule blanche italienne est pratique : On la consomme plus en plat, dans les salades », explique Sakina Merazga, qui tient la boutique parisienne avec Mike.
Elle accompagne parfaitement une nouvelle alimentation, qui se veut plus saine, plus légère…
En rupture par rapport au repas français traditionnel, incarné par le camembert, un produit exigeant, fort en goût, qui se mange seul, selon Mme Merazga. Le camembert, c’est une aventure !
La mozzarella, c’est un effet de mode, un fromage de jeunes urbains et branchés, estime Mike Bija.
La Crèmerie vend d’ailleurs un camembert au lait de bufflonne, sorte de synthèse crémeuse et osée des deux rivaux, à destination des clients rebutés par le goût trop prononcé du camembert.
L’industrialisation contre la tradition
Mais derrière la perte globale de vitesse du camembert, spécialité de Normandie, se cache des réalités très différentes.
Au niveau du goût comme du prix (presque deux fois plus élevé en moyenne), pas grand-chose à voir entre un camembert AOP de Normandie et un camembert industriel standardisé.
Pour obtenir le label « Appellation d’origine protégée », les producteurs doivent répondre à certains critères : moulage à la louche, lait cru… Une sévérité qui garantit un goût inégalé et un respect de la tradition.
Chez Gillot, où l’on produit notamment de l’AOP, la fabrique est une véritable ruche et les employés s’affairent dans un incessant ballet : Nos ventes progressent depuis huit ans, se félicite Emilie Fléchard.
Selon l’Association de défense et de gestion de l’AOP Camembert, les ventes ont augmenté de 20 % entre 2014 et 2020.
Les gens veulent manger moins mais de meilleure qualité, conclut Mme Fléchard.
Mais cette production ne représente qu’un peu moins de 10 % du tonnage global. L’écrasante majorité du camembert est produite par des géants industriels comme Lactalis, vendus en supermarchés.
L'info sent aussi l'A.F.P.
Photo d’illustration Pixabay