Philippe Castéja (à g.) et Hubert de Boüard, à l’ouverture du procès, le lundi 20 septembre 2021 à Bordeaux. © Crédit photo : Guillaume Bonnaud / SUD OUEST
En raison de l’actualité judiciaire d’Hubert, Ciné Papy du mercredi est repoussé à demain jeudi.
Hubert de Boüard à la barre !
Ça fait très années Giscard !
Mais notre Hubert de Boüard de Laforest, avec son petit sécateur et sa valise à roulettes, est abonné à la barre du tribunal.
Sa première prestation devant la 17e chambre ne fut pas très glorieuse, sa suffisance et celle de son avocat, un bijou, il mordit la poussière face à Isabelle Saporta. Rebelote en appel.
La nouvelle montée à la barre de notre Hubert date du lundi 20 septembre où s’est ouvert à Bordeaux « le procès de deux grands noms du vin, Hubert de Boüard et Philippe Castéja, deux propriétaires de châteaux classés, soupçonnés par la justice de "prise illégale d'intérêt", d'avoir été juges et partie lors du classement de 2012 de l'Inao. »
Cette fois-ci, j’ai le sentiment que l’homme de l’Angelus peut être plus serein, il sera bien difficile de trouver dans le dossier des preuves matérielles de ses interventions, de son omniprésence, tout ça s’est passé dans la coulisse, en loucedé. C’est ce que j’ai déclaré à la barre de la 17e Chambre, et fut entendu. Les délibérations officielles du Comité National sont pure cosmétique, chambre d’enregistrement.
Bref, qui vivra verra, nous suivrons ce procès par un correspondant sur place.
Procès du classement de Saint-Émilion : « On ne m’a pas dit que c’était interdit », affirme Hubert de Boüard ICI
La nouvelle est tombée ce matin. Une amende de 100.000 euros partiellement assortie de sursis a été requise mardi contre Hubert de Boüard. Concernant M. Castéja, le représentant du ministère public a laissé une éventuelle sanction à "l'appréciation" du tribunal.
Mardi, le procureur adjoint Jean-Luc Puyo a fait un virage à 180 degrés par rapport à cette position et indiqué qu'il "ne partageait pas l'analyse juridique" faite à l'époque par le parquet Il a souligné la "participation parfois dynamique" de M. de Boüard "tout au long de la procédure de classement". Il a été "un définisseur, un impulseur", a-t-il assuré, jugeant M. Castéja pour sa part "bien plus en retrait".
Présentation de l’affaire par la presse nationale.
Publié le 19/09/2021
Hubert de Boüard, premier jurat, lors d'un discours pour le Ban des Vendanges de la Jurade à Saint-Emilion, dimanche 19 septembre 2021. "Je suis serein, demain est un autre jour".
Hubert de Boüard, premier jurat, lors d'un discours pour le Ban des Vendanges de la Jurade à Saint-Emilion, dimanche 19 septembre 2021. « Je suis serein, demain est un autre jour ». • © France 3 Aquitaine
Deux figures du Bordelais comparaissent devant le tribunal correctionnel de Bordeaux pour le controversé classement de Saint-Emilion. Cette affaire secoue le monde du vin depuis 10 ans.
Juges et parties ?
Ce week-end des 18 et 19 septembre s'est tenu le traditionnel Ban des Vendanges de la Jurade à Saint-Emilion. A cette occasion, une quarantaine d'impétrants a été intronisée en tant que jurats. Le premier jurat, c'est Hubert de Boüard. Demain, il comparaîtra devant la justice. Interrogé par France 3, il n'a pas souhaité aborder le procès.
Je suis serein et je suis aujourd'hui avec mes amis. Demain est un autre jour.
Deux grandes figures du vignoble bordelais ont-elles été juges et parties dans l'élaboration du classement 2012 des grands crus de Saint-Emilion ? Le tribunal correctionnel de Bordeaux entame lundi 20 septembre un procès de deux jours qui pourrait aussi être aussi celui d'un système.
Il est reproché à Hubert de Boüard, copropriétaire du célèbre château Angélus et consultant viticole, et à Philippe Castéja, négociant et propriétaire de château Trotte Vieille, une "prise illégale d'intérêt" dans le processus de classement, le seul au sein des grands vins de Bordeaux à être révisable (tous les dix ans).
Comme le note la cour d'appel de Bordeaux, qui a donné le feu vert à un procès après 10 ans de multiples rebondissements judiciaires, ce classement ouvert aux propriétés de l'appellation Saint-Emilion Grand Cru est "déterminant pour la notoriété et la valorisation financière et commerciale des lauréats" sur un marché des vins de Bordeaux qui se compte en milliards d'euros.
Le Ban des Vendanges de la Jurade à Saint-Emilion. Le procès du classement 2012 des crus est dans tous les esprits, mais rares sont ceux qui se risquent à un commentaire...
Le Ban des Vendanges de la Jurade à Saint-Emilion. Le procès du classement 2012 des crus est dans tous les esprits, mais rares sont ceux qui se risquent à un commentaire... • © France 3 Aquitaine.
Un classement qui vaut de l'or
MM. de Boüard et Castéja étaient tous deux membres du comité national des vins de l'Institut national de l'origine et de la qualité (INAO), établissement public rattaché au ministère de l'Agriculture, qui a validé le règlement du classement puis ses résultats, arrêtés par une commission indépendante. M. de Boüard, plus actif que M. Castéja d'après l'enquête, était également membre de l'organisme de gestion des vins de Saint-Emilion, organe qui a participé à l'élaboration du règlement du classement avec l'INAO selon l'instruction.
En 2012, Angélus avait été promu premier grand cru classé A, au plus haut, et Trotte Vieille maintenu comme premier grand cru classé B. Sept autres propriétés pour lesquelles M. de Boüard était consultant avaient été récompensées au classement. « C'est comme si quelqu'un qui passait l'examen du bac rédigeait lui-même les sujets », assure Éric Morain l'avocat des parties civiles, trois propriétés familiales (Croque-Michotte, Corbin-Michotte et La Tour du Pin Figeac) recalées et qui ont entamé leur combat judiciaire début 2013.
Une influence considérable
L'avocat dénonce l'attitude du parquet de Bordeaux, qui avait fait appel de la décision de renvoi de la juge d'instruction. "Je ne connais pas d'autre procédure dans laquelle un parquet a fait cela, hormis quand ça concerne un gendarme ou un policier", dit-il. « Il fallait absolument sauver les soldats de Boüard et Castéja... », des grands noms du Bordelais à l'influence considérable.
Selon Me Morain, « ce procès remet l'église au milieu du village". "On va parler d'un système qui ne dit pas au consommateur que la note de dégustation ne compte que pour 30% dans le classement », ajoute-t-il, le reste mesurant la notoriété, l'accueil des châteaux etc.
"Un système qui vend de la marque et non plus du raisin".
Les deux prévenus ont toujours nié les accusations de conflit d'intérêts et leur défense, dont l'avocat Antoine Vey, a fait valoir qu'ils se sont "systématiquement déportés" des délibérations pouvant concerner le classement. L'enquête n'a en outre pas permis d'établir qu'ils avaient pris part à des votes.
Parallèlement, un contentieux administratif est toujours en cours contre le classement 2012 qui était pourtant censé remplacer le classement 2006, annulé par la justice administrative après déjà des recours. Le sort judiciaire du classement 2012 pourrait donc ne pas être connu avant la publication de son remplaçant, en 2022.