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16 septembre 2021 4 16 /09 /septembre /2021 06:00

ALIMENTAIRE/ EMMANUEL MACRON S'INSPIRE DU MODELE SOVIETIQUE DE FIXATION DES  PRIX | LE BLOG DE PATRICE GIBERTIE

« Dites, Lev Borissovitch, ne pensez-vous pas qu’il puisse y avoir, au département soviétique de la CIA, des responsables des pommes de terre, c’est-à-dire des agents spéciaux de l’impérialisme chargés de veiller à ce qu’on ne trouve que très irrégulièrement des pommes de terre dans nos magasin. »

La nouvelle philosophie soviétique Viatcheslav PIETSOUKH

 

Amazon.fr - Nouvelle Philosophie Moscovite (la) - Pietsoukh, Viatcheslav,  Godet, Françoise - Livres

 

La vieille Alexandra Poumpianskaïa a disparu de l’appartement communautaire n° 12, rue Petroverigski à Moscou. Les autres locataires s’interrogent sur cette énigme, survenue dans un climat étrange où coups de téléphone anonymes et apparitions fantomatiques brouillent les pistes de l’enquête. Mais chacun s’inquiète surtout de savoir à qui reviendra l’appartement laissé vacant par la vieille femme. Ce simulacre de drame criminel devient, pour Viatcheslav Pietsoukh, prétexte à une satire jubilatoire de la société soviétique contemporaine et de sa "nouvelle philosophie" de la vie. Entre la jouissance des mots et la misère des choses, Pietsoukh nous donne à lire une variation magistrale sur les démons qui continuent d’habiter l’homme russe.

 

Viatcheslav Pietsoukh - Babelio

 

Viatcheslav Pietsoukh, l’ironie douce ICI 

 

La disparition de Viatcheslav Pietsoukh, à l’âge de soixante-douze ans, n’a pas fait la Une de la presse française. L’écrivain avait pourtant connu sa toute petite heure de gloire en France au début des années 1990, avec la publication, aux éditions Actes Sud, d’un recueil de nouvelles, Chronique privée (1991), et d’un roman, La Nouvelle Philosophie moscovite (1993). Mais c’était l’époque où les éditeurs français, et plus largement européens, publiaient à tour de bras de la littérature russe, bonne ou moins bonne, dans laquelle un écrivain aussi discret que Pietsoukh ne pouvait qu’être partiellement noyé.

 

Les médias russes, en revanche, lui ont rendu hommage. Normal, dira-t-on, c’était un écrivain russe. Son œuvre, pourtant, n’est pas très abondante Pietsoukh est apparu tardivement sur la scène littéraire et elle porte clairement la marque « perestroïka », une époque aujourd’hui largement passée aux oubliettes. Les deux volumes mentionnés ci-dessus sont en effet parus en Russie avant l’effondrement de l’Union soviétique (1988 et 1989 respectivement), en pleine période gorbatchévienne. En outre, les thématiques de Pietsoukh sont assez éloignées des débats qui occupaient le devant de la scène à la fin des années 1980 et au début des années 1990. Mais les Russes ont, de tout temps – et aujourd’hui encore – eu le respect de leurs écrivains et cru en la littérature.

 

Tel est d’ailleurs le propos majeur de la Nouvelle Philosophie moscovite, dans laquelle on peut lire : « Nous croyons tout aussi fermement à la littérature que nos ancêtres au Jugement dernier. »

 

Le roman est une sorte de remake du Crime et Châtiment de Dostoïevski, mais transporté en un autre lieu (Moscou, et non plus Saint-Pétersbourg) et en un autre temps (la fin du XXe siècle).

 

Le simple déménagement de la capitale des tsars à celle des secrétaires généraux du Parti communiste est une précieuse indication : on devine d’emblée que l’action, fût-elle inspirée de Dostoïevski, ne sera pas aussi noire, et qu’elle va s’inscrire dans le quotidien (soviétique, en l’occurrence) plus que dans la philosophie et les grandes idées.

 

L’écrivain se moque de l’incapacité de ses compatriotes à vivre hors de la littérature.

 

Il n’y a pas d’assassinat de vieille usurière dans le livre de Pietsoukh – juste la disparition d’une vieille femme occupant une chambre dans un appartement communautaire. Cependant, nous sommes en Russie et, déclare l’auteur, « ce qui compte c’est que la littérature soit plutôt, pour ainsi dire, la racine de la vie, pour ne pas dire la vie elle-même ».

 

Les habitants de l’appartement communautaire n’ont donc pas besoin d’un meurtre pour se perdre en conjectures, s’interroger et se soupçonner mutuellement : si la vieille femme a disparu, c’est forcément qu’elle a été tuée par l’un d’entre eux, avide de récupérer sa chambre. Reste à savoir qui est l’assassin et ce qu’il a fait du corps. Pour finir, on retrouvera la « victime » morte de froid sur un banc, ce qui, au demeurant, est tout aussi tragique, en moins grandiose, que le crime commis à la hache par Raskolnikov.

 

La plume de Viatcheslav Pietsoukh est trempée à l’encre de la dérision et de l’autodérision. Ses nouvelles publiées en français sous le titre Chronique privée s’intitulent en russe Joyeuse époque, et s’attachent à des héros ordinaires dont la vie, de fait, n’a rien de très joyeux.

 

L’écrivain se moque de l’incapacité de ses compatriotes – et de la sienne propre – à vivre hors de la littérature. Il raille ce pouvoir de la littérature russe de créer le réel (et non l’inverse), tout en étant pleinement conscient de participer du phénomène.

 

Bien qu’imprégnant toutes les pages, l’ironie de Viatcheslav Pietsoukh n’est ni hargneuse ni dure. Mais qui a dit que l’ironie douce n’était pas efficace ?

 

Publié le octobre 4, 2019

Par Anne Coldefy-Faucard

 

1945, 2020 : deux secousses historiques si différentes, disent ceux qui les  ont vécues | Coronavirus | Radio-Canada.ca

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