Lorsqu’un homme du cru, Bernard Ginestet, ici d’un grand cru puisque les Ginestet furent les propriétaires du Château Margaux (de 1950 à 1977), après avoir trempé sa plume dans la fameuse « Bouillie Bordelaise » en 1975 se glisse dans la peau du romancier pour brosser le portrait de l’archétype du courtier bordelais du milieu des années 60, c’est l’assurance pour le lecteur de savourer un texte dans lequel la fiction n’est qu’une manière élégante de mettre en scène la réalité. Son héros, « Edouard Minton est l’un des plus illustres représentants de cette caste privilégiée de la bourgeoisie bordelaise, enracinée depuis des siècles dans le quartier qui porte son nom : les Chartrons. » Bernard Ginestet qui fut maire de Margaux de 1973 à 1995, pur médocain, grand dégustateur est décédé le 29 septembre 2001.
Le premier chapitre suit la route du Médoc. Edouard Minton notre courtier, dans sa Peugeot a rendez-vous à Mouton (un Chartronnais ne dit jamais château devant le nom d’un cru et pratique l’abréviation : Las Cases ou Lafite comme le NAP dit Roland pour Roland Garros) avec le baron Philippe de Rothschild. « En fait, les courtiers bordelais se voyaient davantage convoqués qu’invités. Ils n’avaient à choisir ni le jour ni l’heure, fussent-ils déjà pris ou grippés »
31 août 2010
Le courtier bordelais vu par Bernard Ginestet, « Beychevelle mettait son linge à sécher devant la grille de fer forgé de Branaire. » ICI
Sacha Lichine est né à Bordeaux, a grandi aux États-Unis et vit désormais entre New York et la Provence où il a acheté il y a 10 ans le désormais célèbre Château d’Esclans, près de Fréjus. Il y élabore le rosé le plus cher du monde, la cuvée Garrus, mais également le Whispering Angel qui a fait connaître le côtes-de-Provence dans le monde entier.
Comment vient l’idée, quand on est Bordelais, de partir faire du rosé en Provence ?
J’ai vendu ma propriété bordelaise en 1998 pour faire du rosé un grand vin, un vin que l’on a envie de boire… au cas où on n’arriverait pas a le vendre. Je n’avais plus envie de rester à Bordeaux car il me semblait difficile de faire plus sur des terroirs qui ne changeaient pas et je n’avais pas envie de faire les bordeaux sur-extraits d’aujourd’hui. Il est vrai que Parker a beaucoup contribué au succès de Bordeaux ces dernières années mais il l’a aussi beaucoup abîmé avec des vins titrant a plus de 14% vol. En Provence, tout était à faire. Mon père, Alexis Lichine, aimait déjà le rosé et je voulais faire la différence dans cette catégorie, prouver qu’il pouvait y avoir de l’élégance dans les rosés, même si le consommateur n’est pas toujours prêt à payer pour la baisse de rendements nécessaire à une montée en gamme – on a une moyenne de moins de 40 hl/ha sur la propriété, on descend à 25 pour Garrus. A mon arrivée, le prix du côtes de Provence était à 85 €/hl; aujourd’hui il est à 230 et ça commence à faire vivre toute une région.