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23 août 2021 1 23 /08 /août /2021 06:00

Susan Sellers fait le fabuleux récit d'un improbable mariage

Je ne l’ai pas lu, je l’apporte avec moi en vacances.

 

Amazon.fr - Un oiseau de feu - Sellers, Susan, Lacroix, Constance - Livres

 

Sous un tonnerre d’applaudissement, Lydia quitte la scène, chargée de bouquets, dont l’un uniquement d’orchidées, fleur de prédilection de Diaghilev. Il n’a inscrit qu’un mot sur la carte épinglée à la gerbe : Bravissima ! Elle lève les yeux vers sa loge et le salue, avec Serge Lifar, son partenaire dans cette entreprise triomphale de L’Oiseau de feu. Et elle aperçoit Maynard qui applaudit avec tant de frénésie que ses mains en paraissent floues…

 

…Maynard Keynes, son mari, le célèbre économiste, dont les gouvernements britannique, américain et même soviétique s’arrache les conseils, et qui, à quarante ans passé, est tombé amoureux fou de la danseuse étoile des Ballets Russes, lui qui n’avait connu jusque-là que des liaisons homosexuelles. Et elle, la belle Lydia Lopkova, qui a dix ans dansait Casse-Noisette devant le tsar Nicolas II, devenue une star au fil d’une carrière professionnelle et amoureuse mouvementée.

 

Un oiseau de feu, de Susan Sellers: Keynes et la danseuse russePortrait de John Maynard Keynes (1883-1946), économiste britannique et sa femme Lydia Lopokova, le jour de leurs fiançailles en 1925 à Londres. ©Aisa/Leemage

 

Leur liaison improbable, puis leur mariage, inattendu, à Londres en 1925, stupéfia et émut l’Angleterre, en particulier leurs amis du fameux Groupe de Bloomsbury, dont Virginia Woolf, qui commença par s’y opposer… Voici leur histoire.

 

John Maynard Keynes et sa femme Lydia Lopokova. ©BELGAIMAGE

 

CRITIQUE

 

TRIEB   28 juin 2021

 

Nous avons tous entendu parler de la « Théorie générale de l'emploi, de l'intérêt et de la monnaie », écrite dans les années trente par John Meynard Keynes, professeur renommé et économiste de son état, auteur de la doctrine économique associée à son nom : le keynésianisme. Susan Sellers, dans une biographie romancée, évoque ce personnage sous un tout autre angle : celui de sa vie privée, de ses repères moraux, de sa conduite, de ses relations mondaines, littéraires avec le groupe de Bloomsbury, auquel appartenaient entre autres Virginia Woolf, Stephen Woolf, son époux, Lytton Strachey, écrivain, Bell Clive, critique d'art, ou encore Vanessa Bell, soeur de Virginia, peintre et décoratrice.

 

C'est à un duo que nous convie Susan Sellers, un rendez-vous culturel entre Keynes , un universitaire reconnu, embourgeoisé , issu de Cambridge, un pur produit de l'élite britannique ; et Lydia Lopokova, une danseuse russe , dont la formation et l'arrière-plan artistique sont forment marqués par l'empreinte des Ballets russes, de Diaghilev, et de Nijinski .Cette artiste a rencontré Mikhaïl Fokine, célèbre danseur chorégraphe russe, Isadora Duncan, danseuse en rupture avec les canons de la danse classique .

 

Très vite, des obstacles surgissent, des objections notamment formulées par Virginia et Vanessa s'élèvent avec insistance : cette Lydia n'est-elle pas trop bohème, imprévisible ? A-t-elle assimilé les usages de la common decency anglaise ?

 

Keynes, de son côté, apparaît comme un homme sûr de lui, de son importance, de ses proches. Ainsi n'envisage-t-il jamais des poursuites contre lui en raison de ses pratiques homosexuelles : « Non que ses orientations sexuelles lui aient jamais attiré de réactions ouvertement hostiles. Bien au contraire, à Eton puis Cambridge, et même au ministère des Finances, il a toujours été, sinon explicitement reconnu, du moins tacitement entendu que sa vie privée ne concernait que lui et devait être respectée. »

 

Avant qu'il ne se marie avec Lydia, contre toute attente, Keynes est séduit, définitivement, par cette artiste, cet Oiseau de feu, oeuvre de Stravinsky, montée par les Ballets russes. Il reconnaît Lydia comme appartenant à son monde : celui des élites, des artistes, des marginaux : « Elle lève les yeux vers sa loge et le salue, avec Serge Lifar, son partenaire dans cette reprise de l'Oiseau de feu. Et elle aperçoit Meynard qui applaudit avec tant de frénésie que ses mains en paraissent floues. »

 

. Un oiseau de feu nous fait pénétrer dans les arcanes du groupe de Bloomsbury, dans l'histoire de la danse russe, peu de temps avant le bouleversement provoqué par la révolution d'Octobre, les références littéraires et artistiques y sont riches, fréquentes : on y apprend énormément, on prend plaisir à cette radiographie du désir, à cette dissection des sentiments humains. Ouvrage à recommander sans conditions

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commentaires

P
Au " Canard Enchainé " il y a une rubrique appelée " Pan sur le bec " qui signale les boulettes qui ont pu être écrites dans ses colonnes.<br /> Ici c'est pax qui s'y colle pour avoir mélangé " La loi de l'offre et la demande " qui reste quasi éternelle<br /> avec la théorie de Ricardo sur " La libre concurrence " que Keynes a renvoyé au rayon des vieilles lunes.<br /> C'est ballot non ?
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P
Que dire de plus que la dernière ligne de la citation de la chronique : « Ouvrage à recommander sans conditions »<br /> Comment ne pas se passionner pour ce Très Grand Homme du XX éme siècle d’un éclectisme génial.<br /> Il fut contre les conditions de la paix imposées à l’Allemagne, annonçant la catastrophe à venir.<br /> Il fut à la fois le théoricien que l’on connaît mais aussi « aux affaires » comme conseiller des dirigeants de son époque.<br /> Grande voix contribuant aux accords de Bretton Woods à l’origine du système monétaire international d’après guerre.<br /> Sa théorie met à mal l’absurde « loi de l’offre et de la demande » qu’on entend encore trop souvent dans la bouche de nos économistes à la petite semaine ou dans la presse de même qualité. Pour se faire il a introduit les notions échappant à une analyse classique, de déterminant, de pulsion d’achat, etc.<br /> Cette théorie est tellement importante qu’elle crée un clivage et l’on entend souvent analyser les politiques économiques contemporaines d’être keynésiennes ou à l’opposé. C’est bien sur, ce qui prévaut actuellement, période d’un libéralisme débridé, alors que Keynes était pour un interventionnisme ponctué de l’état.<br /> Autre talent, il devait sa fortune à son génie d’investisseur en bourse.<br /> Il plaçait les gens d’argent et industriels au bas de l’échelle social et au sommet, les artistes, les créateurs d’ou en effet sa fréquentation du groupe de Bloomsbury<br /> Ses théories économiques avaient, entre autres pour but de réduire le temps de travail * pour permettre à tous d’accéder à la culture et à la pratique des arts.<br /> Il m’est cher à double titre.<br /> Tout d’abord pour avoir été avec Marx l’un des 2 « héros » du regretté Bernard Maris le chroniqueur économique Oncle Bernard de Charlie Hebdo et ensuite pour, sur la fin de sa vie regretter de ne pas avoir bu suffisamment de Champagne !<br /> C’est y pas sympa tout ça ?<br /> <br /> * L’avenir a largement prouvé qu’il n’avait pas tort. Il suffit de regarder l’évolution de ce temps de travail depuis la deuxième moitié du XX éme siècle. Au grand dam d’un patronat à la vue toujours aussi courte. Mais si voyons, celui qui lorsqu’on a interdit le travail des enfants prédisait qu’on ne s’en remettrait. Même chose avec les congés payés ** et le front populaire, les accords de Grenelle etc. <br /> <br /> ** Salauds de pauvres peut on lire dans « La traversée de Paris » de Marcel Aymé. Giraudoux avec son élégance naturelle se contente d’observer : « Le privilège des grands, c’est de voir les catastrophes d’une terrasse »
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