Alors que je souhaitais aller dîner à la Chambre Noire où officie le révérend père Jancou ICI le ciel de Paris prit un ton d’anthracite, tonna, demi-tour immédiat sur mon fier destrier noir, le déluge, une bordée de grêlons s’abattit sur la cohorte des débiles antivac.
Replié sur mes terres, vautré sur mon canapé, je m’emparai de la télécommande de mon écran noir, le tripotai, pianotais, tombais sur l’annonce du Festin de Babette, faute de la tortore du bistrotier suisse Jancou je décidai de me replier sur le cinéaste danois Gabriel Axel.
Dans mon souvenir, Stéphane Audran, en Babette Hersant, ex-chef de cuisine du Café anglais de Paris, est stupéfiante, ses Cailles en sarcophage
En 1871, une Française chassée par la Commune a trouvé refuge au Danemark, dans un village très pieux. Chaque année, elle achète un billet de loterie. Après quinze ans, elle remporte le gros lot de 10 000 francs et, alors qu’elle s’apprête à quitter la famille qui l’a accueillie, plutôt que d’améliorer son sort, elle consacre tout son argent pour reconstituer, en une seule soirée et pour douze couverts, le faste de la grande cuisine parisienne. … Il y aura douze personnes à table, autant que d’apôtres. Et la cuisinière offre avec ce repas la part la plus belle de son histoire : « Prenez, ceci est ma vie », semble dire Babette…
La symbolique religieuse rencontre ici celle de la chair fraîche : les mets, diablement sophistiqués, ont le goût de toutes les tentations.
Le menu :
Soupe de tortue géante
Blinis Demidoff
Cailles en sarcophage farcies au foie gras et sauce aux truffes
Salade d'endives aux noix
Fromages
Baba au rhum et fruits confits
Fruits frais (raisins, figues, ananas...)
Les vins :
Amontillado avec la soupe
Veuve Clicquot 1860 avec les blinis
Clos de Vougeot 1845 avec cailles et fromages
Eau avec les fruits
Café et Fine champagne
« Le Festin de Babette », sur Ciné+ Classic : un film pour l’œil et l’oreille ICI
Le Festin de Babette (1987), de Gabriel Axel, d’après le conte de Karen Blixen, demeure glaçant et poignant dans sa peinture du refus du désir et du plaisir dont témoigne une petite communauté religieuse ultra rigoriste, réunie dans un hameau sinistre de la côte déserte du Danemark.
La pudibonderie de ses membres va être secouée par le défi magnifique, et purement français, que leur lance Babette Hersant (Stéphane Audran, stupéfiante), une chef de cuisine parisienne réfugiée : afin de remercier les deux sœurs qui l’ont accueillie et de célébrer l’anniversaire de la mort d’un pasteur révéré par tout le hameau, elle cuisine un somptueux dîner français dans les règles.
Les villageois, qui se nourrissent de soupe à la bière et de poisson séché, voient, terrifiés, se profiler les dangers de la tentation. La langue est faite pour parler, pas pour jouir, dit en substance un membre de cette austère congrégation, ébaubie devant les cargaisons de victuailles, de vaisselle raffinée et de grands crus arrivés de Paris par bateau.
THE END
Alors je me dis je vais faire concurrence à Ciné Papy puisque celui-ci boude mes agapes parisiennes aussi bien chez Giovanni Passerini ICI qu’à la TABLE de Bruno Verjus, ICI et ICI et en vous offrant ce Festin de Babette. Certes, ce sera avec moi le service minimum, ce n’est pas écrit ici, comme La Poste, c’est Ciné Papy.